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Ces économistes qui s’allient pour dire que le seul moyen de sauver l’Europe est de renoncer à l’euro
©Reuters

Alternative

L'Institut Pomone organise vendredi 6 mars un colloque sur la nouvelle politique monétaire possible pour l'Europe. Pour redonner aux Etats la possibilité de d'orienter au mieux leurs actions, un seul préalable : sortir de la monnaie unique, pour envisager d'autres formes de coopération monétaire.

Jean-Pierre Gérard

Jean-Pierre Gérard

Jean-Pierre Gérard est un Chef d’entreprises.

Ancien membre du Conseil de la Politique Monétaire, il est Président du club des N°1 mondiaux français à l'exportation.

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Atlantico : Le colloque de l'Institut Pomone qui se tient ce vendredi 6 mars cherche à proposer une nouvelle alternative à la coopération et à la politique monétaire en Europe. Une nouvelle donne qui se ferait sans l'euro. Concrètement, quelle est votre positionnement ?

Jean-Pierre Gérard : Nous préconisons une politique monétaire qui considère que l’euro ne permet pas la souplesse suffisante pour des économies aussi divergentes. Nous sommes favorables à une coopération monétaire, mais qui offre la flexibilité nécessaire. Si nous retrouvons cette souplesse, nous sortons de la spirale où l'équilibrage ne se fait qu’en ajustant le niveau d’emploi, ou le niveau d’emprunt.

Nous proposons de revenir à une monnaie européenne commune, mais avec des monnaies nationales, ou avec des groupes de pays à la situation économique similaire qui pourraient continuer d’avoir une monnaie particulière, comme des "euro-francs" ou des "euro-marks". L’important c’est de retrouver la souplesse. 

Si votre objectif est la sortie de l'euro, que vous jugez néfaste, pourquoi mettre alors en place un système de monnaie commune, et ne pas revenir à des monnaies purement nationales comme avant l'euro, sachant que ce système parvenait également à être viable ?

Personnellement, le système du "serpent monétaire" que nous avions avant me paraissait tout à fait approprié. Il permettait de réagir avec efficacité face aux fluctuations du dollar. De plus, avant l’euro, des alliances monétaires existaient déjà en Europe comme avec le franc belge et le franc luxembourgeois. On peut donc tout à fait imaginer encore ce genre d’union monétaire partielle, comme par exemple entre l’Allemagne et les Pays-Bas qui ont des approches relativement similaires de leur politique monétaire.

Je reste en tout cas favorable à une coopération monétaire à l’échelle européenne, et l’actuelle appréciation du dollar est le moment adéquat pour envisager quelque chose de concret. Et surtout, il faut arrêter avec l’idée que les économies européennes doivent être similaires, cela n’a pas de sens. Elles doivent surtout être complémentaires.

La BCE vient de réviser ses prévisions de croissance à la hausse, à 1,5%, suite à la mise en place du quantitative easing. L'euro n'est-il pas enfin en train d'avoir des résultats et de se pérenniser ? Pourquoi malgré ces résultats pensez-vous que ses jours soient comptés ? 

A partir du moment où le dollar s’apprécie, cela joue positivement sur l’économie européenne et la croissance repart. Cela ne veut pas dire que les autorités monétaires européennes y sont pour quelque chose. De plus, depuis une quinzaine d’années, l’Europe a connu une paupérisation massive de son tissu industriel. Alors bien sûr, les activités économiques qui ont survécu à cette période profitent de la tendance actuelle, mais il en faudra plus pour reconstruire ce que nous avons perdu. Cela prendra des années et nous en sommes loin.

La Banque fédérale américaine arrive également à relancer, pour l'instant durablement, la croissance et l'emploi. Faut-il élargir le mandat de la Banque centrale européenne, lui donner une action plus large ?

Il faut sans doute conserver la BCE mais il faut absolument repenser notre modèle pour aller vers un système où les monnaies peuvent s’adapter plus librement. Vous ne pouvez pas récupérer en deux ou trois ans de politique volontariste une situation qui s’est dégradée pendant quinze ans ! Quant à la question des missions de la banque centrale, je constate que la BCE a de plus en plus tendance à effectuer des actions qui ne sont pas dans son mandat originel, comme le rachat d’obligations par exemple ! La tendance est à l’ouverture et à une plus grande flexibilité. 

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