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Affaire Ségolène Royal : 
les hommes politiques 
sont-ils au dessus des lois ?
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Pathoutot vs. Royal

Évelyne Pathouot, ancienne assistante parlementaire de Ségolène Royal, témoigne de ses douze ans de procédure judiciaire avec la présidente du conseil régional de Poitou-Charentes, dans le livre "Au-dessus des lois". Extraits.

Evelyne Pathouot

Evelyne Pathouot

Evelyne Pathouot est attachée parlementaire.

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Voici l’histoire qui m’est arrivée avec Ségolène Royal, ancien ministre, candidate aux élections présidentielles de 2007. Elle aurait pu m’arriver avec un tout autre élu s’il avait été aussi pugnace et bon communicant qu’elle, et j’aurais pu traverser les mêmes épreuves. L’affaire était simple : nous étions trois anciennes collaboratrices travaillant au service de Ségolène Royal ; suite à la dissolution de l’Assemblée nationale, nous fûmes licenciées et nous nous sommes retrouvées dans une situation fort peu respectueuse du droit du travail, puisque nous n’étions plus déclarées auprès des organismes sociaux.

Nous ne percevions plus de salaire alors que nous continuions à travailler pour elle. En effet, Ségolène était entrée en campagne et avait souhaité nous garder auprès d’elle comme collaboratrices. Seulement, elle apparenta notre travail à du bénévolat de militants. Cette situation dura un peu plus de deux mois et ne fut pas résolue malgré nos réclamations. Nous avons donc décidé de démissionner. Dans un contexte normal, nous aurions immédiatement saisi le conseil des prud’hommes pour faire valoir nos droits et l’affaire aurait été close quelques mois plus tard, quinze mois tout au plus. C’est la durée moyenne d’une procédure prud’homale. Il s’agissait en fait d’un banal conflit entre employeur et employés ; mais nous n’avions pas affaire à n’importe quel employeur et cela dura douze ans. […]

-    Madame Pathouot ?

-    Oh Monsieur D. ! Vous allez bien ?

-    J’allais bien jusqu’à ce matin, mais je viens d’avoir la visite d’un charmant huissier de justice qui m’a délivré un petit papier bleu sur lequel il est mentionné que je suis mis en examen pour diffamation ! Et devinez par qui ?

-    Ségolène ?

-    Eh oui ! Et vous, vous n’avez rien eu ?

-    Non, mais pourquoi serais-je mise en examen ? Je n’ai rien écrit.

-    Non , mais vous avez dit à un journaliste qui lui , a écrit !

-    Et qu’ai-je dit de diffamatoire ?

-    Souvenez-vous, l’article dans lequel vous expliquez pourquoi vous avez porté plainte en pénal… ?

-    Oui et alors ? Je dis la vérité.

-    Oui mais il y une phrase qui ne plaît pas à la « Dame ». Lorsque vous dîtes que « les personnes contactées ne veulent pas témoigner par peur pour leur emploi ».

-    Et alors ! Qu’y a-t-il de diffamatoire ?

-    Vous sous-entendez que Ségolène pourrait avoir une influence sur l’avenir de ces témoins, et elle estime que c’est diffamatoire. Elle a également porté plainte contre le directeur de France Soir, et à mon avis vous allez vous aussi être destinataire de ce papier. Une mise en examen pour diffamation n’est pas anodine. Si nous n’arrivons pas à prouver que ce qui a été dit n’est pas diffamatoire, nous risquons une amende. De plus cette condamnation figure dans le casier judiciaire.

J’étais sous le choc, complètement anéantie. J’avais l’impression qu’un rouleau compresseur s’était mis en marche et n’aller plus s’arrêter. […] Albert D. n’était pas un journaliste débutant, il plaisantait toujours mais pas à cet instant, je perçus l’inquiétude dans ces propos. Il n’avait pas hésité à me dire que tout reposait sur mes épaules et que c’était à moi de me débrouiller pour trouver ces témoins. Comment allais-je faire ? Personne n’avait voulu témoigner devant les prud’hommes, ou si peu. Alors dans une affaire qui allait passer en correctionnelle à Paris, sur qui allais-je pouvoir compter ? Personne, c’était certain.

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Extraits deAu dessus des lois, MICHALON (13 octobre 2011)

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