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Le "vivre ensemble" menacé en France ? Mais il paraît que ça ira beaucoup mieux si on parle de la guerre d’Algérie
©Capture / Youtube

Chronique de la niaiserie ordinaire

C’est à France Inter que nous devons cette découverte salutaire. Mais comment et pourquoi n’y a-t-on pas pensé plus tôt ?

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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L’émission s’appelle "Un temps de Pauchon", du nom de son animateur et réalisateur, Hervé Pauchon. Elle passe tous les après-midis, sauf le weekend (ouf !) et bénéficie d’un deuxième, et très noble intitulé : "Citoyenneté et solidarité". Son but : promouvoir la "capacitation citoyenne". Vous ne comprenez pas le mot "capacitation" ? Vous pensez que ce n’est pas du français ?,

Vous êtes donc réactionnaire, rétrograde et fondamentalement sourd aux cris de désespoir des déshérités. Voici la définition du mot "capacitation" labellisée et brevetée par ses inventeurs. "La mobilisation des forces politiques, qui seront à même de promouvoir le développement intégré, est basée sur la capacitation des citoyens démunis de biens matériels, de droits sociaux et politiques."

Vous persistez à ne pas comprendre ? Vous voulez une traduction ? Pour vous, j’ai fait cet effort. Si j’ai bien compris (je parle hors contrôle des pères géniteurs de Melle Capacitation), ça veut dire l’union, annonciatrice de lendemains radieux, des précaires, des allocataires du RSA et des stigmatisés de banlieue…

En biologie – et là c’est du sérieux – une autre définition précise les contours de la "capacitation" : "le processus de maturation physiologique de la membrane des spermatozoïdes" ! Ce n’est pas beaucoup plus clair. Mais du moins c’est utile si j’en juge par ma présence en ce bas monde.

Vendredi dernier donc, M. Pauchon a promené son micro à l’Espace Garibaldi, rue de la Révolution à Montreuil (quelle belle adresse !), un des temples de la "capacitation citoyenne". Le poids des mots recueillis valait son pesant de frénésie amoureuse. "Oui au vivre ensemble", "ne pas confondre Islam et islamisme", "les communautés, ce n’est pas du communautarisme".

Un moment particulièrement émouvant fut atteint quand l’un des intervenants expliqua qu’il avait compris le sens des mots "sang impur" figurant dans la Marseillaise. Il pensait, avant qu’on ne lui ouvre les yeux, que le "sang impur" était celui des étrangers qui nous envahissaient. Et ça, il n’en voulait absolument pas car "étranger" c’était sacré pour lui. Mais quand on lui a dit qu’il s’agissait du sang du peuple, des roturiers, des manants, il s’est senti soulagé et heureux.

Mais il y a eu aussi du positif et du concret. Deux interviewés interrogés sur ce qu’il fallait faire après Charlie ont répondu : "parler de la guerre d’Algérie, la raconter et surtout l’enseigner". Ce qui, selon eux, permettrait d’apaiser une communauté souffrante et de nous rapprocher d’elle dans un vivre ensemble harmonieux. Estimons-nous heureux qu’il n’y ait pas chez nous quelques millions d’Allemands, ce qui nous a évité un long catéchisme sur les guerres de 1870, 1914 et 1939. Si c’était des Anglais, ce serait encore pire : une guerre de cent ans, c’est très long à raconter.

Nul n’est tenu d’écouter France Inter (moi, c’était juste dans ma voiture). Entre Radio Classique et Rires et Chansons, il y en a pour tous les goûts et tous les QI. Mais il se trouve qu’avec la redevance audiovisuelle, je paie pour France inter même si je coupe définitivement le son de cette radio. Renseignement pris, la seule solution pour que mes deniers n’aillent pas à M. Pauchon serait que je bazarde mon téléviseur. J’en ai parlé aux enfants. Ils ont hurlé. Pauvre de moi.

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