Des députés chez Bachar, des sénateurs chez Poutine... Qui pour rendre visite à Kim Jong-Un ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Une délégation française a rendu visite à Bachar Al-Assad, cette semaine.
Une délégation française a rendu visite à Bachar Al-Assad, cette semaine.
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Zone franche

La diplomatie touristico-parallèle de nos parlementaires part en vrille. A la limite, on préfère les voir en godillots plutôt qu'en chaussures de randonnée...

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Les députés chez Bachar, les sénateurs chez Poutine... Quid du Conseil économique et social ?

Des députés qui vont faire copain-copain avec Bachar Al-Assad et rentrent à Paris faire la promotion d'un leader sanguinaire ayant déjà 200 000 morts sur la conscience, ça rappelle un peu ceux qui faisaient le voyage de Bagdad pour rendre visite à Saddam Hussein en 2002... Il paraît que c'est parce que de deux maux, il faut savoir choisir le moindre, affirment-ils partout où on les reçoit, et que le vrai danger vient désormais de l'Etat islamique et d'Al Qaeda.

Mieux, on se tromperait dans les comptes, clame en substance Gérard Bapt (PS, Haute-Garonne) sur France Inter, le tyran syrien n'ayant en fait zigouillé que 100 000 de ses concitoyens, ce qui est tout de même plus présentable. Pourquoi pas. Quand on aime, hein... Il leur reste tout de même à nous expliquer, à nos touristes parlementaires, de qui il faudra se rapprocher par la suite pour marquer sa différence avec le Hezbollah et l'Iran, deux grands amis de Bachar n'ayant pas grand chose à envier à Daesh & Co.

Mais pendant que la chambre basse est à Damas, la chambre haute est à Moscou. Ce coup-ci, c'est un groupe de sénateurs, emmenés par leur propre président UMP, Gérard Larcher, qui va faire des courbettes auprès de Vladimir Poutine dans une belle opération de diplomatie parallèle. On dit d'ailleurs que le bonhomme "s'est montré agréable", ce qui est bien la moindre des choses lorsque des élus d'une nation avec laquelle vous êtes en guerre (froide s'entend)  passent prendre le thé.

Je me demande maintenant si les membres du Conseil Economique et Social, qui est officiellement la troisième assemblée française même s'il ne sert pas à grand chose et que la plupart des Français ignorent tout de son existence, ne vont pas être jaloux de leurs collègues et se trouver, eux aussi, un leader de la même eau chez qui aller faire un séjour Airbnb. Un ami moqueur suggère Kim Jong-Un, ce qui serait une bonne idée mais il semble qu'il n'aime pas les interviews...

Travailler plus pour gagner plus, le retour

Les Allemands, comme tous les premiers de la classe, sont vraiment des têtes à claques. Ils font tout bien. Ils ont de la croissance, ils exportent à tours de bras, leur sécu est à l'équilibre, leur chômage est inexistant et leur déficit budgétaire est une plaisanterie. Leur dernière entourloupe de forts en thème, c'est d'avoir réussi à introduire un SMIC inférieur au nôtre mais qui rapporte plus. Absolument.

Ainsi, avec un salaire voiture-balai de 8,5 euros de l'heure contre 9,61 euros en France, leurs smicards empochent 1473 euros par mois contre 1458 euros pour les nôtres. Le secret de ce paradoxe dyscalculique ? Ils font plus d'heures. 40 contre 35. Eh oui, le secret des Allemands c'est qu'ils travaillent plus pour gagner plus. Ils sont vraiment casse-pieds, ces premiers de la classe, on vous dit...

Comment perd-on de l'argent en vendant 6 euros un sandwich qui n'en coûte qu'un ?

Si vous avez pris un train grandes lignes cette semaine (c'est mon cas), vous avez sans doute remarqué que les types qui s'occupent de la restauration étaient en grève. Ça n'est pas complètement surprenant, et quiconque est un utilisateur régulier de la SNCF sait bien qu'il y a toujours un mouvement social de la part d'une catégorie du personnel ou d'une autre dans cette auguste maison, mais les grèves du wagon-restaurant m'ont toujours intrigué...

Il semblerait en effet que ce service soit un gros fardeau pour la maison, qui n'arrive pas à gagner d'argent avec et qui, du coup, le sous-traite à un tiers (Newrest) qui ne s'en tire guère mieux. Par voie de conséquence, les salariés sont mal payés, ont des horaires absurdes parce qu'ils ne sont pas assez nombreux et les clients trouvent porte close lorsqu'ils se pointent à la voiture-bar.

Mais ce qui m'intrigue, donc, dans cette affaire, c'est que ce service puisse ne pas être rentable. Car enfin, ce n'est pas un secret bien gardé, les compagnies aériennes low-cost se débrouillent depuis longtemps pour gagner davantage de brouzoufs en vendant des hot-dogs mal décongelés et des cacahouètes à leurs passagers qu'en les transportant, quand les cinémas font plus de CA avec le pop-corn et les Magnum double-chocolat qu'avec votre ticket pour "50 nuances de Grey".

Et pourtant, patatras, nos chemins de fer sont infoutus de gagner de l'argent en cédant d'affreux petits sandwiches mous au prix de l'or aux 600 captifs affamés d'un TGV Paris-Marseille. C'est même, apprend-on dans Le Monde, un tel foyer de perte qu'il revient moins cher à Newrest d'avoir des salariés en grève qui ne vendent rien mais qui ne sont pas payés que de faire fonctionner le bazar ! Sacré mystère.

Je n'ai pas la prétention d'apprendre à la SNCF ou à son partenaire à mieux gérer leurs boutiques (ils n'ont qu'à demander à EasyJet et à UGC comment on fait), mais je me dis qu'une solution acceptable serait de remplacer la voiture-bar par des distributeurs automatiques du genre de ceux que l'on trouve sur les quais du métro. La nourriture ne serait sans doute pas meilleure, mais elle ne serait pas pire non plus.

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