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Comment François Hollande est devenu le dirigeant européen le plus impopulaire tout en étant celui qui a le moins réformé
©Reuters

Editorial

Derrière la poudre aux yeux de la loi Macron, la situation française ne s'arrange pas réellement. Et cela pourrait durer jusqu'en 2017.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Avec les remous qui ont secoué la majorité avec l’utilisation du 49.3 pour faire passer la loi Macron, François Hollande a sifflé la fin des réformes. On va continuer désormais de naviguer à vue, la consigne étant de déminer à chaque instant les obstacles susceptibles de surgir et de miner les rapports compliqués entre les  différentes composantes de la majorité. La modeste diminution des demandeurs d’emplois en janvier a été accueillie comme une nouvelle de première grandeur dans laquelle certains  voudraient voir déjà un début de détente sur le marché de l’emploi, alors qu’elle résulte sans doute de facteurs occasionnels qui demanderaient à être confirmés.

Car l’économie française est toujours à l’arrêt. Le moral des chefs d’entreprise est en recul dans l’industrie manufacturière, les services et le commerce de détail aussi. Aucune amélioration n’est enregistrée sur le plan des investissements. Le climat des affaires est au point mort pour le quatrième mois consécutif. Les patrons hésitent à accroître leurs projets de développement devant la faiblesse de leurs commandes et l’absence de perspectives. Les dépenses d’équipement se déplacent vers l’Espagne, à la veille d’un véritable boom économique qui contraste avec la frilosité française. Il faut dire que le gouvernement de Madrid n’a pas hésité sur les transformations qu’il a fait subir au pays pour le sortir du marasme. Voilà qui devrait faire réfléchir aujourd’hui à Paris. François Hollande est désormais le chef d’Etat le plus impopulaire en Europe et c’est celui qui a le moins réformé.

Mais l’idée même de la réforme est considérée comme une sorte de poison traduisant  une cure de sang et de larmes, au lieu de montrer au pays les effets bénéfiques qui en résulteraient à terme comme c’est le cas pour tous nos voisins. Avec cette incapacité où nous sommes d’appeler  un chat un chat, d’énoncer  les  véritables  problèmes pour tenter de les résoudre à bras le corps. Désormais, on va assister à une guerre d’escarmouches avec Bruxelles pour gommer de çi de là telle dépense, geler tel crédit pour éviter de creuser à nouveau les déficits. Car les rustines auxquelles  on a  recours pour déminer un conflit local  concernant un jour les agriculteurs, un autre jour telle entreprise en difficulté, ou pour faire face aux nécessités du maintien de l’ordre en période de terrorisme alourdissent régulièrement  les charges de l’Etat et conduisent à geler des crédits sur d’autres chapitres.

De guerre lasse, Bruxelles a compris qu’elle n’obtiendrait rien de plus d’un pays crispé sur lui-même et a accordé un sursis de deux ans, qui donne pourtant aux yeux de l’opinion internationale le sentiment que la France est placée sous tutelle. Imperturbablement, telle  une marée montant inlassablement,  le poids de l’Etat augmente : les dépenses publiques frôlent désormais 58% du produit intérieur brut. La gravité des problèmes à résoudre s’accroit de jour en jour parce qu’on  veut sans cesse transformer le pays d’en haut, avec des échecs retentissants comme en atteste par exemple la réforme des rythmes scolaires qui est un ratage complet. Les dossiers les  plus urgents  comme l’hopital, les retraites restent dans le flou le plus total.

Le gouvernement navigue toujours à vue. Il s’est enferré pendant des mois à piloter le projet de loi Macron qui avec le recul paraitra bien dérisoire face à l’ampleur des problèmes posés. Pendant ce temps, l’opinion devient de plus en plus frondeuse devant l’impéritie du pouvoir, car, faute de lui faire confiance en lui donnant un peu d’air, ce dernier risque de la conduire à se défouler lors des deux élections locales et régionales à venir.

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