"Réalité" : intelligemment dérangeant<!-- --> | Atlantico.fr
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Alain Chabat incarne Jason dans "Réalité".
Alain Chabat incarne Jason dans "Réalité".
©Diaphana Distribution

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Ce n'est pas le film dont on parle le plus cette semaine, mais si vous aimez être intelligemment bousculés, ne le manquez pas.

Philippe Moisand pour Culture-Tops

Philippe Moisand pour Culture-Tops

Philippe Moisand est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

 

 

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Vu par Philippe Moisand
"Réalité". De Quentin Dupieux, avec Alain Chabat, (Jason) Jonathan Lambert (Bob Marshall), Elodie Bouchez, Kyla Kenedy. Sortie le 18 février.

Le réalisateur

Quentin Dupieux est loin d'être un débutant, même si sa notoriété reste encore confidentielle et limitée à un public de connaisseurs. Il a pourtant huit films à son actif, dont deux courts métrages, et de nombreuses nominations dans divers festivals (Mostra de Venise, Deauville, Gérardmer, L'Alpe d'Huez), sans y avoir, cependant, jamais été titré. Il est le scénariste, le monteur et le réalisateur de "Réalité" qu'il a tourné à Los Angeles dans une version française, agrémentée d'anglais pour les acteurs locaux.

Thème

Jason est cameraman pour une émission de télévision sur la cuisine. Il rêve depuis longtemps de réaliser un film d'horreur et voit son rêve tout près de se réaliser quand un de ses anciens employeurs, producteur de cinéma, lui promet de le financer. Une seule condition: il a 48 heures pour dénicher le meilleur gémissement de toute l'histoire du cinéma. Avec un tel début, on peut s'attendre au pire. Pourtant, l'histoire se complique, le récit n'est pas linéaire, le rêve se mêle constamment à la réalité, l'histoire du personnage principal croise celle, sans lien apparent,  d'autres protagonistes, de sorte que le chroniqueur renonce à continuer plus avant sa relation de la suite, qu'il laisse au spectateur le soin et le plaisir de découvrir. 

Points forts

- Une véritable curiosité dans le paysage cinématographique français, qu'il est intéressant de découvrir tant le réalisateur, comme ses films, dénotent.
- L'absurdité et la loufoquerie de chacun des différents récits, de leurs croisements inopinés, des interférences entre rêve et réalité, et pour finir, le film dans le film qui entraînent le spectateur dans un labyrinthe dont il ressort quelque peu hébété, mais heureux.
- La qualité de la réalisation, reposant sur celle du cadrage, de l'image et du montage, accompagnée d'une musique oppressante et lancinante de Philip Glass; et servie par une excellente distribution dont il faut ressortir Alain Chabat, spectateur béat du monde absurde qui l'entoure, Jonathan Lambert pour son numéro de producteur halluciné, et la petite Kyla Kenedy persuadée d'avoir trouvé un DVD dans les entrailles d'un sanglier!

Points faibles

Revers de la médaille: la sortie du labyrinthe est difficile à trouver pour le spectateur un tant soit peu cartésien...
Le côté "Galeries Lafayette" du film où l'on trouve de tout, mais sans toujours bien comprendre pour quoi faire.

En deux mots...

Le message du réalisateur n'est-il pas précisément de nous dire qu'il n'y a rien à comprendre, qu'il ne faut pas tout intellectualiser, que les cinéastes (Nolan et David Lynch entre autres) sont souvent de véritables manipulateurs qu'on a parfois tendance à admirer pour la seule raison (inavouée) qu'on ne les décrypte pas ? Et cet eczéma intérieur qui ronge le présentateur de l'émission de télé, comme d'autres protagonistes, n'est-il pas la caricature de chacun d'entre nous, oppressés que nous sommes par le besoin inassouvi de tout comprendre ? Un peu de lâcher prise que diable ! Et, pour cela, suivons l'exemple de Jason que rien ne semble devoir atteindre dans sa contemplation des étoiles.

Une phrase

"Accroche ta charrue à une étoile". Ce précepte n'est pas tiré du film, mais il en illustre parfaitement la philosophie.

Recommandation

Bon Bon
Voire même plus pour qui accepte d'enter dans le jeu de Dupieux.

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