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Pourquoi nous ne sommes pas du tout égaux devant le mal de mer
©Reuters

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Les enfants et les femmes sont les principales victimes de ce mal. Si la cause exacte est difficile à identifier, ces nausées et vomissements seraient le résultat de conflits entre différents capteurs des sens.

Une étude publiée par l'entreprise de biotechnologies 23andMe dans Human Molecular Genetics, et relayée par The Atlantic, estime que le mal des transports serait lié à des facteurs génétiques. Dans quelle mesure cela est-il possible ? Comment expliquer le mal des transports ?

Maxime Gratacap : Il est probable que si l’on s’y intéresse, on trouve éventuellement une génétique dans nos stratégies d’équilibre et nos stratégies vestibulaires. On sait qu’il existe des atteintes génétiques qui peuvent donner des troubles vestibulaires et des troubles de l’équilibre. Donc on peut imaginer que d’autres gènes interviennent dans nos stratégies d’équilibre et de déplacement.

On sait que la sensation de mal de mer est une atteinte du système de l’équilibre caractérisée par trois capteurs principaux : la vision, l’oreille interne que l’on appelle système vestibulaire – il s’agit du capteur qui s’occupe de voir les mouvements – et le système proprioceptif qui nous permet de ressentir la gravité.

Le mal de mer est dû soit à une sur-stimulation d’un de ces capteurs, notamment le capteur vestibulaire, soit à des conflits entre les différents capteurs. Lorsque la vue est fixe et que l’oreille interne ressent une sensation de mouvement, on observe un conflit entre les deux capteurs : c’est cela qui crée la réaction du mal des transports. Au quotidien, ces différents capteurs ressentent théoriquement les mêmes choses : lorsque l’on marche, notre vue voit que c’est le cas et notre système vestibulaire ressent le mouvement lié à la marche. Or, dans un bateau ou une voiture, notre oreille interne perçoit le déplacement mais pas la vue, qui voit un environnement fixe. C’est du conflit entre ces deux capteurs que nait le mal des transports.

Une seconde explication serait liée à une sur-stimulation de nos capteurs internes. Il y aurait un trop plein d’information qui ne pourrait pas être géré au niveau de l’interprétation cérébrale.

La troisième explication est liée à la posturologie. La proprioception est un capteur qui ressent l’ensemble du tonus musculaire, et est lié à la gravité. C’est une information supplémentaire intégrée au niveau du système nerveux central et cela sert à maintenir l’équilibre. Pour que le système d’équilibre soit optimum, une adéquation entre ces trois systèmes est nécessaire. Quand les patients sont atteints, le cerveau peut se reprogrammer et procéder à une compensation vestibulaire permettant de compenser ces troubles de l’équilibre. Dans le cas du mal des transports, on se trouve dans une phase tellement aigüe que notre système est dépassé et ne peut pas compenser.

L'étude estime que les personnes d'avoir le mal de mer sont les enfants, les femmes, les personnes ayant souvent des migraines. Sont-ce les profils scientifiquement observés ?

C’est exact, mais il n’existe pas pour l’heure d’explication réelle. Il est prouvé que les enfants sont plus sensibles au mal des transports. Une prévalence plus importante chez les patients migraineux a également été observée, ainsi que chez les femmes.

Mais la cause exacte du mal des transports reste un mystère.

Les personnes de plus de 50 ans semblent de leur côté moins sensibles au mal de mer, à cause du déclin des fonctions de l'oreille interne. Vrai ?

On observe que les patients âgés avec des atteintes vestibulaires importantes se plaignent souvent moins que les personnes plus jeunes ayant des atteintes vestibulaires de même amplitude. Au même titre il peut y avoir une diminution de l’impact et du ressentiment subjectif du mal des transports. D’autre part, le système vestibulaire, à l’image de l’ensemble des autres systèmes, vieillit et est moins performant avec l’âge, c'est ce qu'on appellela " presbyvestibulie". Donc c’est quelque chose qui va dans le sens des données dont on dispose.

Quelles sont les solutions pour diminuer les effets du mal de mer?

Ce sont des règles simples : avoir une alimentation saine, bien boire et bien s’hydrater. Il faut également se rassurer : l’anxiété joue en effet un rôle important dans ces troubles. Lorsque les troubles sont importants et récidivants et que le patient doit prendre fréquemment les transports, on peut proposer en outre une prise en charge médicamenteuses. Il existe des médicaments dits vestibuloplégiques, c’est-à-dire qu’ils vont éteindre un peu l’oreille interne.

D’autres sont anticholinergiques, ils vont bloquer le système nerveux autonome et le système végétatif et enrayer les symptômes – nausées, vomissements, etc. – qui sont les signes du mal du transport.

Le traitement de fond reste la rééducation vestibulaire par un kinésithérapeute. Il va modifier les stratégies d’équilibre à l’intérieur des systèmes nerveux centraux ce qui va permettre d’améliorer nettement, voire guérir dans certains cas le mal des transports.

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