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10 millions d’emplois ont été créés aux Etats-Unis au cours des cinq dernières années. Et les salaires ont progressé en moyenne de 2,1%
10 millions d’emplois ont été créés aux Etats-Unis au cours des cinq dernières années. Et les salaires ont progressé en moyenne de 2,1%
©Reuters

Psychodrame à la française

Alors que le nombre de chômeurs en France n’en finit plus de battre des records à la hausse, la situation des Etats-Unis et du Royaume-Uni impressionne. Désormais, le plein emploi est proche, et ce sont les premiers signes de hausse des salaires qui fleurissent en ce début 2015.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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A quelques jours d’intervalle, les Etats Unis et le Royaume Uni publiaient leurs chiffres de l’emploi pour ce début 2015. La coïncidence fonctionne entre les deux pays qui sont parvenus, en quelques années, à faire fortement chuter leur taux de chômage pour en arriver au même chiffre : 5,7% de la population active. Au-delà de la coïncidence, c’est l’ironie qui peut également être retenue, car du côté européen, le taux est exactement le double, à 11,4% de la population active.

Du côté des Etats-Unis, l’année 2014 a été historique. Ce sont 3,1 millions d’emplois qui sont venus s’ajouter à l’économie américaine. Du jamais vu depuis 1999. Et ce, sur un rythme continu depuis le pic de la grande récession, lors de l’année 2009. Pour un total de 10 millions d’emplois créés au cours des cinq dernières années. Pour l’anecdote, le seul mois de novembre 2014 a suffi à la création de 423 000 emplois. 

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En miroir, le Royaume-Uni. En l’espace d’une seule année, record elle aussi, le pays est parvenu à faire chuter son taux de chômage de 7.2% à 5.7%. Soit un gain de 608 000 emplois pour l’année, et une baisse concomitante de 486 000 chômeurs. A l’instar des Etats Unis, jamais le pays n’aura connu un tel nombre d’emplois.

Si le chiffre de 5,7% ne correspond à aucune valeur symbolique, il se rapproche sûrement du taux de plein emploi ; fixé, pour les Etats Unis, entre les valeurs de 5,2% à 5,5% de taux de chômage. Et le plein emploi n’est pas qu’une formule ou un slogan, il s’agit également d’un point de retournement économique.

En effet, alors que le taux de plein emploi est atteint lorsque le niveau de chômage devient incapable de baisser par un accroissement supplémentaire de l’activité économique; c’est-à-dire lorsque toutes les personnes « employables » sont employées, il a également d’autres significations pour le marché de l’emploi. Car il provoque une situation de tension entre employeurs et employés. Parce que les salariés sont alors en capacité de quitter leur emploi avec une forte chance d’en trouver un nouveau très rapidement, ce qui permet de partager le pouvoir de négocier entre les forces en présence.

Ainsi, pour les entreprises, le niveau de plein emploi signifie qu’il va désormais être nécessaire de recourir aux hausses de salaires pour pouvoir embaucher. En effet, si les bataillons de chômeurs permettaient jusqu’alors aux employeurs de conserver l’intégralité du pouvoir de négociation sur les salaires, et ainsi de faire jouer le jeu de l’offre et de la demande, en l’occurrence plusieurs demandeurs d’emploi pour une seule place disponible, les entreprises vont maintenant devoir écouter les demandes des salariés.

Embaucher une personne dans un pays en situation de plein emploi, cela signifie le plus souvent débaucher une personne chez un concurrent. Pour attirer la personne en question, il s’agit donc de proposer un meilleur salaire. De la même façon, chaque entreprise aura intérêt à régulièrement réévaluer les salaires de ses employés pour éviter que ses employés deviennent des proies pour la concurrence.

Et c’est exactement ce qui commence à se produire aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Parce que les premiers signes de hausse des salaires commencent à apparaître. Entre les mois de septembre et décembre, les salaires ont augmenté de 2,1% au Royaume Uni, soit plus que le niveau anticipé, et en hausse par rapport au 1,8% de progression du trimestre précédent. Mais plus clairement encore, la banque d’Angleterre anticipe que cette hausse subira une forte accélération, pour atteindre un niveau de 3,5% à la fin 2015. L’effet plein emploi. Même chose du côté des Etats Unis. Parce que le rythme de la hausse du salaire horaire de ce mois de janvier est inédit depuis le mois de juin 2007 lorsque le taux de chômage campait alors sur le seuil de 4,5%. 

Après six années de crise, les Etats-Unis et le Royaume-Uni en ont fini de faire baisser leur taux de chômage. Désormais, ce sont les salaires qui doivent progresser. La phase 2 est enclenchée, ce qui signifie que ces pays en ont fini de la grande récession. En Europe, le début d’amorce de l’inversion de la courbe du chômage se fait encore attendre. La phase 1 est encore en attente.

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