Comment la loi "Micron" annonce l’enterrement de toute nouvelle réforme d’ici la fin du quinquennat de François Hollande<!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande se laisse porter par cette nouvelle brise conjoncturelle qui lui sourit.
François Hollande se laisse porter par cette nouvelle brise conjoncturelle qui lui sourit.
©Reuters

Editorial

Alors que le projet de loi Macron pourrait bien être voté mardi 17 février et encore un peu plus vidé de sa substance, François Hollande se laisse porter par cette nouvelle brise conjoncturelle qui lui sourit.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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L’examen du projet de loi le plus controversé du gouvernement  touche à sa fin et un vote pourrait intervenir mardi 17 février. L’offensive acharnée conduite par les frondeurs contre le travail du dimanche et les mesures d’assouplissement en matière de licenciements pourrait conduire à vider un peu plus de sa substance le contenu de ce que certains appellent désormais avec dérision la loi "Micron" tant ses principales dispositions s’éloignent de ce qui avait été prévu à l’origine.

Mais pour l’instant François Hollande n’en a cure. Il se laisse porter par la nouvelle brise conjoncturelle qui lui évite dans l’immédiat de  porter le fer sur de nouveaux projets alors que toute son énergie va être consacrée à ressouder sa majorité et à faire des clins d’œil aussi du côté du centre gauche pour limiter les dégâts annoncés lors des élections départementales du mois prochain.

Le climat international lui sourit avec la baisse du pétrole, des taux d’intérêt et de l’euro. Un frémissement secoue le monde des entreprises : l’industrie enregistre quelques progrès, les ventes de logement ont repris au quatrième trimestre de l’an dernier, la Bourse est au plus haut depuis sept ans, Renault vient de donner une preuve éclatante de ce que devrait être une politique bien comprise alliant recherche de la compétitivité et amélioration des rapports sociaux. Sur le plan diplomatique, le compromis en trompe l’œil sur l’Ukraine est porté en partie à son crédit. Enfin, cerise sur le gâteau, la vente du Rafale à l’Egypte, après trente ans d’échecs, apporte un baume indubitable au chef de l’Etat.

Ce serait le moment de profiter de ces bonnes nouvelles pour s’engager résolument dans de nouvelles réformes, d’autant que les Français sont de plus en  plus nombreux à les réclamer. Une fois de plus, dans son dernier rapport, la Cour des comptes montre la voie. Elle vient de dresser un catalogue de soixante-trois chantiers à ouvrir d’urgence, car elle continue de mettre en doute la capacité du pouvoir à se réformer. Les objectifs sont très variés et concernent aussi bien les désordres dans les transports publics que la gabegie qui prévaut dans le système de rémunération des fonctionnaires qui ne comporte pas moins de mille huit cent régimes de primes dans la fonction publique. En introduisant de la rationalité dans les domaines évoqués, l’Etat parviendrait à des économies considérables, alors que la France est le seul pays européen avec la Croatie à avoir connu l’an dernier une dérive de son déficit public.

La poursuite inexorable de la montée du chômage témoigne pourtant que le temps presse. D’autant que la révolution numérique qui secoue le monde montre qu’il n’y a plus de situation acquise et oblige à repenser les organisations même dans les groupes qui paraissent les plus solides, alors que l’administration française reste campée sur un arsenal administratif qui date souvent du dix-neuvième siècle avec ses deux cent quarante sous-préfectures le plus souvent désœuvrées, son incapacité à piloter la révolution du digital, sa tradition à penser le monde par rapport à nous au lieu de prendre la mesure des changements qui s’y déroulent à vive allure, au moment où l’on voit naître les nouveaux géants tels Amazon ou Alibaba qui déstabilisent la galaxie des grandes entreprises.

Ainsi, en France, Blablacar, né en partie de la sclérose de la SNCF qui garde une attitude monopolistique sur la plupart de ses métiers, commence à faire une sérieuse concurrence à l'entreprise publique, dont la réponse consiste pour l’instant surtout à relier les voyageurs à l’Internet dans ses trains et à engager un vaste programme d’installation ou de rénovation de toilettes dans les gares !

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