Les espoirs des patrons français douchés par la semaine de François Hollande<!-- --> | Atlantico.fr
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Les grands patrons français sont de plus en plus désespérés par le gouvernement et par François Hollande.
Les grands patrons français sont de plus en plus désespérés par le gouvernement et par François Hollande.
©Reuters

D'un coup, ça refroidit

Les grands patrons français sont de plus en plus désespérés sur la capacité de la gouvernance française à sortir le pays de la déprime. La semaine qui vient de se dérouler les a replongés dans le pessimisme…

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les grands patrons français avaient cru en décembre que le pays pouvait remonter la pente et que François Hollande avait enfin dompté ses vieux démons. Tout ce qui s’est passé depuis quinze jours, et notamment cette semaine, leur prouve que la classe politique française, et notamment la gauche qui est au pouvoir, est incapable de faire autre chose que de la politique politicienne ou autre chose que de se cacher en traitant des vrais et faux problèmes sociétaux .

Tout ce qui s’est passé depuis les attentats prouve que le président de la République ne veut pas s’attaquer de front à la situation économique. Tout prouve qu'il considère que la Loi Macron est sans doute le maximum qu'il pourra défendre d’ici la fin de son mandat, et que par conséquent il va consacrer l’essentiel de son temps à la diplomatie et aux problèmes sociaux, laissant le soin à Manuel valls et à Emmanuel Macron de jouer les régisseurs. Les régisseurs ne sont pas mauvais mais leur patron n’a qu'une ambition, créer les conditions pour être réélu. Donc ne rien faire qui puisse diviser ou décevoir son électorat. Tout faire pour diviser l’opposition comme dans le Doubs en rêvant à un duel au sommet pour la présidentielle entre lui et Marine Le Pen. Tel est le programme présidentiel.

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Dans ces conditions, l’économie française, la compétitivité française n’ont aucune chance de se redresser.

Les milieux d’affaires français ont aujourd’hui deux séries d’inquiétudes extrêmement sérieuses pour l’avenir.

La première série d’inquiétudes porte sur la situation géopolitique. De l’avis des grands exportateurs ou des présidents de multinationales, la situation géopolitique ne s’est jamais dégradée aussi  vite.

La multiplication des foyers de crise systémique est impressionnante. D’abord, il y a  la menace terroriste d’origine islamiste qui déséquilibre des régions tout entières et fissure le contrat de confiance qui existe encore dans les pays occidentaux. Ensuite il y a la crise en Ukraine qui hypothèque l’économie russe. A ce sujet, l’initiative franco-allemande a été très bien accueillie, en espérant qu’elle n’arrive pas trop tard. Revers de la médaille, comme elle a été tellement mal gérée par la France qui a changé plusieurs fois de position, cette initiative de paix va  à l’encontre de la politique américaine. 

Enfin il y a la crise grecque qui synthétise toutes les contradictions de la construction européenne et qui laisse à la démagogie la plus stupide et la plus vulgaire, un boulevard pour s’exprimer.

Le gouvernement grec est arrivé au pouvoir avec des promesses qui sont irréalisables, et il se plaint maintenant de l’incapacité des européens à les aider. Mais ce ne sont tout de même pas les européens qui ont écrit le programme de la gauche radicale. Cette affaire grecque va avoir des effets collatéraux. Elle peut certes montrer aux peuples de l’Europe, l’irréalisme des politiques extrêmes. Mais elle peut aussi les inviter à jouer cette carte, en Espagne, en Italie et en France. La crise économique, la dette et le chômage ont souvent fait le lit des partis extrémistes quand les démocrates manquent de courage à dire la vérité.

Ajoutons à ces facteurs géopolitiques, la chute des prix du pétrole qui a bouleversé les rapports de force au profit de l’Amérique et l’accumulation des dettes publiques et privées qui n’a jamais été aussi lourde qu’aujourd'hui dans les pays occidentaux. Ces montagnes de dettes signifient que les générations occidentales vivent à crédit (trop de dépenses sociales notamment) et qu’elles font peser ce train de vie sur les générations futures, les jeunes et sur les habitants des pays émergents.

D’où un risque de conflit générationnel d’un côté et un risque de révolte et de terrorisme qui prend racine dans les pays le plus pauvres. Dans les banlieues les deux risques se superposent. Les jeunes sans travail peuvent tomber dans le terrorisme.

Ces risques géopolitiques sont de nature à remettre en cause le modèle fondé sur une  croissance  économique mondiale et sur le système de l’économie de marché.

La deuxième série d’inquiétudes porte sur l’état de la classe politique dans les grandes démocraties et notamment en Europe.Pour beaucoup, les personnels politiques sont incapables en France de remettre la France sur les rails et de la protéger d’une soumission inéluctable à certains intérêts étrangers. Ils sont incapables de conduire une évolution fédérale de l’Europe qui offrirait pourtant la seule alternative aux forces nationalistes.

Sur la  gauche, la gouvernance de François  Hollande ne lancera pas les réformes structurelles qui seraient pourtant nécessaire pour  relancer les machines à créer de la valeur que sont les entreprises. Le Président se retranche sur les domaines régaliens pour ne pas avoir à traiter des sujets économiques. Autant dire que l’esprit de la France Charlie du 11 janvier lui sert maintenant d’alibi pour mettre la poussière sous le tapis. Les sujets qui fâchent vraiment ne sont pas conviés au débat. Plus grave, et pour les chefs d’entreprises c’est assez scandaleux, il est fort probable que la France utilise les décisions de la Banque centrale, le QE, pour ne rien faire en matière de réformes.

On est dans une situation surréaliste. Le pays a réclamé à cor et à cri une politique non conventionnelle de la Banque centrale pour avoir de l’aide dans l’ouverture de ses chantiers de réforme. Bien ! Maintenant que la politique conventionnelle a été décidée, la France ferme ses écoutilles et n’ouvre aucun chantier. Et cela va durer jusqu’aux élections présidentielles.

L’autruche va pouvoir s’endormir en se cachant  la tête dans le sable et après s’être fait poser une perfusion de morphine monétaire. Le résultat de tout cela va être catastrophique. Tout le monde le prédit. L’endettement va croître, les bulles financières vont se gonfler et ceux - les seuls - qui seront capables d’en profiter, ce sont les pays qui ont fait les efforts de compétitivité (l’Allemagne) et ceux qui ont appuyé leur PIB sur l’industrie financière, l’Angleterre, qui va récupérer les flux financiers lâchés par la zone euro.

Encore plus inquiétant, l’état de l’opposition, la droite et l’UMP, ne permet pas d’imaginer une solution alternative et crédible sans tomber dans la démagogie, qui crée de la frustration et de la révolte.

François Hollande connaît cela parfaitement. Il se prépare à en profiter dans un seul objectif : rester au pouvoir. 

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