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François Hollande, le président Canada Dry qui donnait l’impression de parler de la réalité sans jamais le faire vraiment
©Reuters

Pourtant ça y ressemble...

Au cours de sa conférence de presse de ce jeudi 5 février, François Hollande s'est tout particulièrement illustré par son art de l'esquive. Une technique qu'il maîtrise de mieux en mieux, et qui lui permet de sauver les apparences.

André Bercoff

André Bercoff est journaliste et écrivain. Il est notamment connu pour ses ouvrages publiés sous les pseudonymes Philippe de Commines et Caton.

Il est l'auteur de La chasse au Sarko (Rocher, 2011), Qui choisir (First editions, 2012), de Moi, Président (First editions, 2013) et dernièrement Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi : Chronique d'une implosion (First editions, 2014).

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Guylain Chevrier

Guylain Chevrier

Guylain Chevrier est docteur en histoire, enseignant, formateur et consultant. Ancien membre du groupe de réflexion sur la laïcité auprès du Haut conseil à l’intégration. Dernier ouvrage : Laïcité, émancipation et travail social, L’Harmattan, sous la direction de Guylain Chevrier, juillet 2017, 270 pages.  

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Jean Petaux

Jean Petaux

Jean Petaux, docteur habilité à diriger des recherches en science politique, a enseigné et a été pendant 31 ans membre de l’équipe de direction de Sciences Po Bordeaux, jusqu’au 1er janvier 2022, établissement dont il est lui-même diplômé (1978).

Auteur d’une quinzaine d’ouvrages, son dernier livre, en librairie le 9 septembre 2022, est intitulé : « L’Appel du 18 juin 1940. Usages politiques d’un mythe ». Il est publié aux éditions Le Bord de l’Eau dans la collection « Territoires du politique » qu’il dirige.

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Atlantico : Lors de sa conférence de presse donnée jeudi 5 février, à l'opposé de ce qu'il avait fait un auparavant, François Hollande a tâché de ne pas se perdre dans des détails techniques et a aborder des thèmes comme la situation économique française, la mixité sociale, le conflit ukrainien, la Grèce, etc. Pour autant, François Hollande est-il allé au fond de chacune des problématiques évoquées ?

André Bercoff : Sur le conflit en Ukraine et l’attitude du nouveau gouvernement grec je ne suis pas sûr qu’il avait réellement quelque chose à dire de plus, simplement parce que la question ne peut se régler qu'au niveau européen. En revanche, il a voulu montrer qu’il s’était emparé des problèmes de la société, dans la continuité du 11 janvier. Et s’il a bien exposé sa démarche, sa vision de concepts tels que le vivre-ensemble, la laïcité, ou la mixité sociale, sa réponse politique demeure à mon sens maigre, comme un demi-engagement. Le "service universel" par exemple : il me semble qu’il constitue une réponse dérisoire s’il n’est pas rendu obligatoire. Par définition, comment résoudre des problèmes d’intégration sans que tout le monde ne soit concerné ? Mallarmé disait "Aboli bibelot d'inanité sonore"... N’en déplaise à certains, le service militaire était justement intéressant (et efficace) grâce cet aspect collectif, obligatoire. Oui, le service militaire était un outil de mixité sociale, contribuant à une conscience collective, et un respect du pays. Il me semble que sans la sanction, on en revient à la case départ, celle d’avant les attentats.

Winston Churchill disait qu’un homme politique pense à sa réélection, tandis qu’un homme d’Etat pense aux futures générations. Je ne doute pas des bonnes intentions de François Hollande, cependant, les vraies réponses exigent qu’on froisse certaines idéologies, certaines personnes, certaines corporations. Et si le Chef de l’Etat lui-même ne transforme pas son diagnostic en actes, qui le fera ? Edgard Faure disait : "j’ai toujours eu le courage de ne prendre que des décisions populaires ». Il est grand temps de sortir de cet eufaurisme-là.

S'il a pu donner l'impression d'avoir saisi la réalité des problèmes, qu'est ce qui dans son approche a pu le trahir ?

Jean Petaux : Je pense qu’il a pratiqué ce qu’il sait faire le mieux, "l’art de l’esquive"… Autrement dit une forme "d’effacement" identique à celui du matador de taureaux pour éviter les coups de cornes. En réalité François Hollande est excellent dans sa manière de rebondir sur les dossiers les plus compliqués pour lui à gérer. Par exemple sur les résultats économiques. Il a quand même redit et répété que si les résultats économiques ne sont pas au rendez-vous à la fin de ses cinq années passées à l’Elysée il aura échoué et que cela hypothèquera fortement sa nouvelle candidature. C’est risqué mais c’est une façon de renvoyer à plus tard la question.

En même temps il se tourne (physiquement) vers le gouvernement pour le mettre en quelque sorte au "pied du mur". Sur le service civique universel par exemple il a été absolument fidèle à lui-même. Là encore François Hollande a choisi d’endosser la tenue de "l’inspirateur". L’idée d’un "service civique universel" est belle et généreuse. Pendant huit mois toute personne désirant agir dans la société française, pour une rémunération un peu supérieure à 500 € nets par mois et 26 heures de travail hebdomadaire devra pouvoir réaliser son souhait. François Hollande, tout comme le général de Gaulle qui affectionnait de dire "l’intendance suivra", dit au gouvernement : "Allez vite, ne vous laissez pas gagner par les lenteurs administratives (c’est assez cocasse quand on y songe…), il faut que cela commence en juin prochain"… L’Agence nationale du Service civique n’a pas le début du commencement des moyens à même d’absorber 4 fois plus de demandes que de postes proposés (c’est François Hollande qui a donné lui-même les chiffres de ce déséquilibre entre les demandes et les offres de postes…) mais peu importe : le "feu jupitérien" ("élyséen") s’est abattu sur le service civique qui d’un coup devient "universel"… On pense irrésistiblement aux "Rois thaumaturges" du grand Marc Bloch…

Sur les questions de terrorisme, le Président n'a jamais évoqué le terme "islamisme". Faut-il voir dans le choix des mots utilisés (ou non utilisés) une forme de déni de réalité ?

Guylain Chevrier : On a pu constater que le Président de la République a parlé, à propos des événements dramatiques de ce début janvier et de celui de Nice, de "la lutte contre la radicalisation", mais pas contre "l’islamisme". C’est d’ailleurs une constante, de la même façon que l’on avait remplacé à un moment donné partout l’expression "Etat islamique" par le mot "Daech", comme pour éloigner toute résonnance avec le mot "islam". Non qu’il faudrait tirer un trait direct entre les musulmans et le risque terroriste, mais tout du moins pouvoir se poser un certains nombre de questions, si l’on veut avoir une chance de comprendre les causes du problème. Ainsi, si la France "a été attaquée dans ce qu’elle a de plus sacré,  la liberté d’expression, la République, l’égalité humaine", si elle a su réagir "avec dignité et fierté", faisant bloc alors qu’on cherchait à la diviser, à semer la peur, a-t-on pour autant bien prévenu ce qui s’est passé là, en posant les bonnes questions ?  Les rassemblements citoyens ont impressionné le monde en ce mois de janvier 2015, manifestant "l’unité de la République" affirme le chef de l’Etat, une exigence qui n’efface pas les différences mais les dépasse dans une force qui va à l’essentiel, rajoute-t-il, pour assurer la cohésion du pays. Mais est-ce bien à cela vraiment à quoi on a assisté, toutes les différences y étaient-elles bien présentent et en nombre ?  Certaines de nos différences ont été loin de se rassembler dans ce mouvement, contrairement à ce que l’on a voulu nous faire croire à travers les images trompeuses de représentants religieux se faisant l’accolade le temps d’une marche, d’ailleurs, pour une liberté d’expression dont le point cardinal, l’a-t-on oublié, est le droit au blasphème.

Tout le monde a pu constater que le grand appel aux musulmans de France, d’être dans la rue ce 11 janvier, n’a pas eu l’écho escompté, pour le moins.  Alors, qu’elle signification faut-il y donner ? Et encore, à la multiplication des incidents de la minutes de silence qui a suivi ces assassinats barbares, alors que nombre des jeunes concernés pouvaient exprimer l’idée qu’« ils l’ont bien mérité », ainsi que, « lorsqu’il y a des morts palestiniens on en fait pas autant… » ? Et puis, ceux qui, par milliers, lors des manifestations pro-palestiniennes de juillet 2014 et après, reprenait en cœur « mort aux juifs » et « Allah Akbar », qui ont attaqué des synagogues, on même fait fuir des militants de la cause palestinienne qui n’ont pas pu rester dans ce climat de souffre, on-t-il déjà été oubliés ? Et les contrôles de femmes en Niqab (voile intégral) qui ont donné lieu à Trappes ou Argenteuil à des émeutes urbaines ? Et les violences de décembre dernier à Sarcelles contre des juifs ?  Et l’enfermement communautaire qui s’affirme de façon massive et visible dans nos quartiers, à travers un voile de plus en plus prégnant banalisé, manifestant le refus du mélange au-delà de la communauté de croyance contre la mixité et le mélange que met en avant la République? Un enfermement qui se fait par un retour à une lecture littérale des textes religieux, bien éloignés de notre modernité, qui prédispose à un rapport litigieux avec nos valeurs collectives et la laïcité. Et les résultats de l’enquête de l’institut Sociovision (décembre 2014) qui indique que 56% des musulmans considèrent normal que l’on suive d’abord les règles de sa religion  avant celles de la société, contre 23 % pour l’ensemble des Français ? Et pourquoi parle-t-on beaucoup de Lunel, petite ville  du département de l’Hérault, pour le nombre de départs de jeunes djihadistes, qui donne un bien triste exemple sans rien expliquer ? Pourquoi parallèlement, laisse-t-on tranquillement s’exprimer, sans réaction forte du sommet de l’Etat, Lahoucine Goumri, Président de l'Union des musulmans de Lunel, qui peut dire à propos des djihadistes, cité par le journal Midi libre : "C'est leur choix. Je n'ai pas à les juger. Seul Dieu les jugera.

Si on doit condamner quelque chose, il faut condamner ce qui est condamnable. Pourquoi condamner ces jeunes qui sont partis au nom d'une injustice en Syrie et pas ces Français qui sont partis et ont tué des bébés palestiniens avec Tsahal l'été dernier ? (On se demande de quels Français il s’agit bien !) Pourquoi est-ce qu'une mosquée condamnerait, alors que les autres religions ne le font pas ? ». Il y a bien là de façon palpable, une partie de l’islam de France qui se détache dangereusement de notre République et sur quoi on ferme tragiquement les yeux. A-t-on réfléchit au fait que déjà, ces jeunes djihadistes qui sont morts dans ce contexte pour la cause de l’Etat islamique, sont vus comme des héros, comme l’exemple à suivre, comme des purs qui ont rejeté le système impur de la démocratie et de la liberté vu comme une perversion, présentée de toute façon comme ne voulant pas d’eux sous le signe d’une victimisation à outrance ? Il y a là les ingrédients solides à un vrai débat sur la place des religions et de l’islam dans notre société, qui interpelle une modernisation qui ne semble pas à l’ordre du jour des préoccupations de notre président de la République, dont le beau discours laisse dans l’ombre une réflexion sérieuse et ferme sur les causes des assassinats de début janvier comme des drames à venir. Des causes qui s’enracines dans un communautarisme naissant qui est le terreau de tous les risques dans ce contexte international qui met en scène une guerre mondiale contre l’islamisme, derrière quoi certains musulmans entendent bien résonner le mot « islam » à leur adresse.

Faire vivre la cohésion nationale par la laïcité, dit le Président de la République, comme moyen d’exorciser le mal, mais comment ? La laïcité ne serait pas négociable, à nous permettre de vivre ensemble avec nos différences. Mais comme souvent, après avoir introduit une bonne intention, lorsqu’il définit la laïcité, il explique qu’« elle doit être comprise pour ce qu’elle est, c’est-à-dire, la liberté de conscience et donc, la liberté des religions (sic !) », alors qu’elle se définit dans nos institutions comme la liberté de croire ou de ne pas croire pour chacun, ce qui n’a rien à voir. C’est même sous cette contrefaçon qu’il propose qu’elle soit transmise par l’école comme garantie contre les intolérances….  Malheureusement, c’est la même traduction que l’on peut lire sur le site du ministère de l’Education nationale à savoir, que la principale mesure concernant le renforcement de l’enseignement dans ce domaine est celui de l’enseignement dit « laïque » du fait religieux, appuyant sur des différences qui suivent l’idée que chacun s’intègre selon sa religion, sur le mode d’un traitement égal entre les cultes qui tourne le dos à nos principes républicains et à la laïcité. Une façon de pointer du doigt chacun selon son origine et sa religion, qui ne manquera pas d’encourager encore de se voir d’abord comme juif ou musulmans, pour entretenir les contentieux au lieu de les aplanir. Il faudrait au contraire insister sur ces biens communs qui sont supérieurs aux religions, comme la démocratie, la République, les libertés et droits individuels, pour modifier l’esprit ambiant si nocif.

François Hollande s'est exprimé contre les statistiques ethniques. Comment dans ce cas mettre en place des dispositifs ciblés de lutte contre les discriminations, et donc potentiellement plus efficaces, et réduire la fracture sociale ? 

Jean Petaux :Votre question pointe un vrai problème… Je dirais même une véritable "contradiction française". La situation actuelle est extrêmement gênante à maints égards. Quand Vincent Tiberj et Sylvain Brouard, chercheurs à la Fondation nationale des sciences politiques (à Sciences Po Paris et Sciences Po Bordeaux) ont réalisé la première grande étude scientifique sur le "vote musulman" (il y a plus de dix ans), étude qui fait référence aujourd’hui encore tant du point de vue de sa scientificité que de la méthodologie qu’ils ont su déployer, il leur a fallu mettre en œuvre des outils très complexes pour concevoir leurs panels de mesures par exemple. Sur quelles bases se fonder ? Les patronymes ? Les lieux de naissance ? Donc, dans les faits, les décideurs politiques et publics manquent d’éléments scientifiquement établis dès lors qu’il est question du comportement de tel ou tel groupe humain ou social. Et cela vaut bien au-delà des populations d’origines immigrées bien entendu.

En même temps on peut comprendre le sens de la réponse du président de la République : "Moi je n’emploie pas le mot communautés". C’est, de fait, un terme qui rentre en tension conflictuelle avec l’historicité française, celle de l’égalité et celle du modèle intégrationniste universel de notre société… Pour autant, une fois encore, sa réponse pose plus de problèmes qu’elle n’en règle. On ne peut se contenter de dire "qu’on n’a pas besoin de statistiques ethniques pour savoir où sont les quartiers dans lesquels il y a des difficultés"Ou encore "que les Français adorent les débats qui n’en finissent pas" (ce qui est vrai d’ailleurs…) pour reprendre deux réflexions du président de la République dans sa réponse à Jean-Jérôme Bertolus. Il reste que l’absence de données fiables sur les différentes origines dans tel ou tel cas (je pense aux études sur les victimes d’actes de discriminations pour ne citer que cet exemple…) pose réellement problème… Aussi bien sur la qualité du diagnostic que sur la nature des réponses à proposer… En disant cela je mesure parfaitement les difficultés méthodologiques à établir de telles statistiques… Et d’ailleurs François Hollande, parfaitement au fait de ces questions, n’a pas manqué de pointer cet aspect-là du dossier en évoquant "les listes sur lesquelles figureraient ou ne voudraient pas figurer telle ou telle personne"… C’est, là aussi, une vraie question. Raison de plus peut-être, pour le président de la République, pourquoi pas, d’essayer de s’entourer de l’opinion et de l’avis des meilleurs scientifiques en la matière, français et étrangers, qui pourraient, à tout le moins, comme cela a été fait au sein du Comité national d’éthique avec une très grande intelligence de la part de son président Jean-Claude Ameisen au sujet du "décès pas sédation assistée", faire des préconisations sages et rigoureuses, et indéniablement utiles…

Guylain ChevrierAttention à un débat sur les statistiques ethniques qui comprend le risque de détourner encore notre conscience des enjeux essentiels. Ce qui doit attirer l’attention, dans ce contexte déjà à haut risque, c’est l’utilisation de la notion d’ "Apartheid" relative à des ghettos sociaux et ethniques, derrière quoi on laisse entendre qu’il existerait une minorité discriminée dans les quartiers dits difficiles en raison de certaines différences, excusant de fait le rejet des valeurs communes sur un fond de repli identitaire. On rabat ainsi des inégalités sociales qui touchent toutes les franges de la société, sur le versant de discriminations qui seraient massives selon la religion et l’origine, ce qui est évidemment faux, mais permet de détourner le regard des responsabilités économiques ailleurs. C’est exactement le discours de trop de responsables musulmans de l’islam officiel qui ne cessent de trouver des excuses au trouble de la citoyenneté que connaissent bien des jeunes musulmans rejetant l’intégration, mettant à mal notre cohésion sociale. Un effet d’aubaine pour ceux qui recrutent sur le fondement de la mise en accusation d’une République qui rejetterait les musulmans ici, comme elle le fait à travers la guerre qu’elle mène contre l’Etat islamique là-bas. Mesure-t-on bien les conséquences de cette convergence des lectures et des dégâts peut-être irréparables qui s’installent ? Un climat qui motive les tenants de statistiques ethniques susceptibles de justifier, selon ce que l’on veut leur faire dire, une victimisation qui est à la base de faire barrage à toute remise en cause de l’islam communautariste. Un usage des statistiques ethniques qui est le moteur du remplacement de notre République par une société multiculturelle aux communautés séparées, ce qui pourrait, dans un contexte de conflits internationaux des pays occidentaux avec l’islam radical, créer le risque d’une insécurité chronique et de troubles violents sur notre sol.

Quelles sont les autres thématiques sur lesquelles François Hollande a botté en touche, et comment s'y est-il pris ? 

Jean Petaux : Trois me reviennent à l’esprit… Elles portent toutes les trois (et ce n’est pas un hasard) sur des questions se rapportant au champ des institutions (au sens large). Sur ces trois thématiques précises d’ailleurs, comme pour l’ensemble de sa prestation, il a été très bon dans sa manière de faire ou, si l’on préfère, dans son "passement de jambes". La première concernait le vote des populations d’origines étrangères dans les élections locales, il a renvoyé immédiatement la balle dans le camp de l’opposition en évoquant la nécessaire réforme constitutionnelle. La deuxième, plus amusante, portait sur le mode d’élection du président de la République… Il l’a esquivée en indiquant qu’il n’était pas le mieux placé pour se prononcer là-dessus, mais aussi qu’il lui semblait que ceux qui en tiennent pour un changement sur ce point sont des "gens du retour au passé"… (suivez mon regard… : les tenants d’un retour à la IIIème ou à la IVème République..). Quand on s’arrête deux secondes sur cette réponse on se pince pour réaliser que cette phrase est prononcée par un président issu des rangs du PS… en ayant en tête les pages du "Coup d’Etat permanent" de François Mitterrand publié en 1964 et tirant à boulets (plus rouges que roses) sur le référendum constitutionnel du 28 octobre 1962… La troisième thématique "institutionnelle" était la plus "maline"… Elle portait sur deux propositions de suppression : du poste de "Premier ministre" (regard appuyé vers Manuel Valls…) et d’un certain nombre de postes de députés… Dans le second cas il a renvoyé l’initiative aux députés eux-mêmes et il a insisté, lourdement, pour le premier point sur le fait que si la répartition des tâches était claire entre les deux têtes de l’exécutif tout allait bien… Manière de dire à Valls : "reste bien là où tu es et tout ira bien"…

Dans les trois cas, pour répondre à votre question sur la "méthode Hollande", elle est toujours la même, et comme il l’aime bien le faire, tout comme de Gaulle affectionnait ce rythme, elle est ternaire. 1) Appropriation du sujet par reformulation dans le sens qui lui convient / 2) Questionnement du sujet en posant les termes d’une problématique orientée qui transforme l’interrogation en "leading question" / 3) Réponse qui apparaît tout à fait logique puisqu’elle entre en résonnance avec la question…

C’est un excellent technicien de l’art oratoire et de la prise de parole en public… Mais ça ce n’est pas une nouveauté pour François Hollande, même s’il semble avoir encore progressé dans son art de l’esquive rhétoricienne  à l’occasion de sa cinquième conférence de presse.

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