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Primaires : derrière le succès du premier tour, le pire est encore possible pour le PS !
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Deuxième effet Kiss Kool

Avec un résultat du premier tour mettant François Hollande et Martine Aubry dans un rapport proche du 50/50 pour le second, la moindre atteinte à la régularité ou à la sincérité du scrutin du 16 octobre pourrait conduire à un conflit frontal et un candidat final peu légitime

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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Au risque de rompre avec le ronronnement douillet des commentateurs saluant une « avancée de la démocratie » et les cris de satisfaction des socialistes, la primaire en cours est loin d’avoir fait montre de tout son potentiel destructeur et peut encore, au soir du second tour, amener le PS dans le mur .

Pourquoi ? Le principe d’une élection à deux tours, surtout lorsque les différences idéologiques entre candidats sont faibles, conduit quasi-mécaniquement à un résultat serré. Les impétrants se rapprochent tous progressivement de l’électeur médian et de sa sensibilité. Quelques jours avant le premier tour du scrutin, il ne s’agissait d’ailleurs plus que de savoir si le peuple de gauche préférait un « mou » ou une « dure ». Même Montebourg voulait conserver l’euro ! Le débat de fond était stérilisé.

Au second tour, les camps se constituent et les ralliements s’effectuent dans une répartition binaire des forces et des factions. Il y a plusieurs raisons à cela. D’abord, dans chaque commune, dans chaque section socialiste, les rivalités personnelles trouvent à s’agréger d’un côté ou de l’autre. Si le maire d’une commune vote Hollande, le premier adjoint qui rêve de lui prendre sa place ou son adversaire le plus tenace au conseil municipal ralliera Aubry, etc. Ensuite, le jeu des ambitions fait que les ralliés tardifs cherchent à aller là où il y a encore de l’espace et des bénéfices à attendre, du côté légèrement en retard donc. Ainsi, par construction, le rapport de force finit par s’établir autour de 50/50. Il est donc hautement probable qu’une large majorité de Montebourgeois et de Royalistes rallient Aubry. Cette dernière est donc en réalité très près de Hollande.

Dans ces conditions, le moindre dérapage dans l’organisation, le moindre soupçon de magouille, la moindre atteinte à la parfaite transparence et sincérité du scrutin peuvent conduire à un conflit total et frontal. Et ils ont été monnaie courante au PS depuis 1971 ! Comme on n’en est plus au stade du congrès de Reims mais à la vraie compétition, la plus sérieuse qui soit, celle qui ouvre le chemin rêvé de l’Elysée, il n’y a aucune chance pour qu’un vaincu admette sa défaite si le score n’est pas sans appel.

Or, le principe qui veut que la fumeuse « haute autorité des primaires » proclame les résultats par une décision non susceptible de recours est d’évidence peu robuste en cas de contestation sévère.

 Aux Etats-Unis, l’élimination des perdants et progressive car les primaires s’étalent en partie dans le temps, coûtent très cher et dégagent peu à peu un leader. La solution retenue par le parti socialiste, qui a voulu singer le vrai scrutin présidentiel, ne permet pas ce type d’issue.

Ainsi donc, les primaires socialistes ont comme résultats avérés la personnalisation à outrance des débats et leur appauvrissement idéologique et comme résultat possible le caractère hautement aléatoire de l’adhésion des perdants à un vainqueur que les caractéristiques du scrutin ne peuvent mettre au dessus de tout soupçon. Tout le contraire de ce qu’elle voulait obtenir : la pacification.

Attendons donc avec gourmandise le soir du second tour !

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