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La Grèce ne s’en sortira pas si son gouvernement continue à faire n’importe quoi
©Flickr / benjamin_mercadier

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Le Premier ministre grec et son ministre de l’Economie poursuivent leur tournée des capitales européennes mais ne parviennent pas à convaincre d’adopter une position conciliante. Et pour cause, ils n’ont toujours pas de stratégie cohérente et responsable.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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Alexis Tsipras qui est à Paris ce mercredi, et son ministre de l’Économie, vont finir par se mettre à dos tous les dirigeants européens après avoir reçu un concert d’éloges et de félicitations à leur arrivée au pouvoir.

Les dirigeants grecs ont recueilli beaucoup de sympathie venant de tous les horizons parce que leur victoire électorale a marqué le fossé qu’il y avait entre la sévérité des remèdes appliqués aux pays en crise, et la capacité des malades à supporter le traitement. Les Grecs ont énormément souffert et la cure d’austérité a sans doute été mal appliquée et surexposée. Partout ailleurs, en Europe, on a pensé qu’il pouvait y avoir le même décalage, mais la situation en Espagne, en Italie ou en France n’a pas le même degré de gravité.

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Les dirigeants grecs ont promis à leurs électeurs des solutions radicales. Mais l’annulation de la dette, l’abrogation des réformes ou une sortie de l’Euro n’est pas vraiment applicable. Le nouveau gouvernement grec va donc demander aux Européens de régler les problèmes. Les requêtes faites par Yanis Varoufakis,  le ministre de l’Économie, sont multiples, contradictoires et assortis en plus, de menaces qui ne feraient mal qu'au peuple grec.

En début de semaine, c’est Alexis Tsipras qui demande haut et fort une annulation globale de la dette grecque. Il demande une dissolution de la troïka, une institution qui signe les chèques et branche les perfusions d’oxygène depuis quelques années maintenant.

Pour finir, le Premier ministre annonce que, sans réponse à ses demandes, il refusera les aides de 7 milliards qu'il doit logiquement recevoir à la fin du mois. Cela revient à organiser une gigantesque grève de la fin pour tous les Grecs. Il est évident que le peuple grec a besoin de cet argent.

Pour  couronner le tout, le discours officiel, c’est d’accuser les capitales européennes d’assécher les finances d’Athènes et de passer pour des victimes. Cela a failli marcher.

L’entente entre Angela Merkel et François Hollande n’étant pas parfaite, les ministres grecs ont essayé de creuser un fossé entre Paris et Berlin. François Hollande était à deux doigts de promettre une annulation de la dette. Il a fallu l’expertise d’Emmanuel Macron et la confiance de Michel Sapin pour éviter de franchir cette ligne jaune qui aurait coûté 45 milliards au contribuable. Les gouvernants grecs vont dans le mur s’ils continuent dans cette voie.

Tout d’abord, ils vont perdre la confiance de leur majorité, laquelle est évidemment consciente qu'il n’y aura pas de miracles. Ensuite, ils risquent de perdre la confiance des Européens qui étaient pourtant très bienveillants. Enfin, ils risquent aussi de perdre la confiance des milieux d’affaires et des épargnants dont ils ont besoin. Il est donc urgent qu'ils reviennent sur le chemin de la responsabilité.

Pour cela, il y a trois conditions.

La première, c’est de renoncer à la demande d’annulation de la dette et accepter une renégociation qui permettrait d’alléger son coût. La dernière déclaration du ministre de l’Économie va dans ce sens. Quand il propose d’échanger de la vieille dette contre des obligations de remboursements qui seraient indexés sur la reprise de la croissance, cela revient à rembourser en fonction de la capacité à le faire. C’est assez astucieux, sauf que c’est risqué pour les créanciers.

La deuxième condition, c’est de renoncer à vouloir faire exploser la troïka et lui demander de travailler autrement. Refuser de la recevoir, c’est stupide. D’autant que la Grèce, si symptomatique qu’elle soit, ne fera pas exploser l’Europe.

Enfin, il faudra bien que la gouvernance grecque réaffirme sa détermination à poursuivre ses réformes internes. L’Europe ne pourra pas continuer à supporter qu’un de ses membres ait un système fiscal aussi poreux, une administration corrompue et une application des règles communautaires assez fantaisiste.

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