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Législative partielle dans le Doubs : l’UMP face au piège du Front républicain
©Reuters

Coincé

Sophie Montel, la candidate FN a obtenu 32,6% des suffrages, près de quatre points de plus que le PS Frédéric Barbier qui réunit 28,85%. L'UMP est éliminée et va devoir définir sa stratégie pour le second tour.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Le scénario que l'on n'osait plus espérer au Parti Socialiste et auquel on ne s'attendait pas à droite s'est produit dans la quatrième circonscription du Doubs laissée vacante à la suite de la nomination de Pierre Moscovici à Bruxelles, avec la qualification du candidat socialiste face à la candidate du Front National et l'élimination du candidat UMP, qui ne réunit pas les 12,5% des électeurs inscrits pour se maintenir. Le deuxième tour est ouvert, et la question de la constitution d'un Front Républicaine "tous contre le Front le Front National" est posée .

Pour le PS ce scrutin est crucial, car il s'agit du premier test électoral depuis les attentats du début du mois de janvier. La mobilisation contre le terrorisme a entrainé une remontée de la cote de popularité de l'exécutif dans l'opinion, celle de François Hollande étant moins nette que celle  de Manuel Valls. Suffisant pour trouver une traduction dans les urnes à l'occasion de cette partielle à haut risque puisque Pierre Moscovici n'avait été réélu qu'à la faveur d'une triangulaire en 2012 ? Cette question se posait avec d'autant plus d'acuité que le Front National prospère sur cette terre ouvrière frappée par la crise de l'automobile et que Marine Le Pen, dont l'attitude de non choix sur sa participation à la manifestation du 11 janvier avait été critiquée dans les média, ne se trouve pas pénalisée dans les enquêtes de simulation du premier tour de la présidentielle : tous les sondages publiés en fin de semaine dernière  donnent la présidente du FN en tête avec des scores autour de 30% des voix .

C'est aussi le cas dans la 4e circonscription du Doubs: Sophie Montel, la candidate FN obtient 32,6% des suffrages , -près de  quatre points de plus que le PS Frédéric Barbier qui réunit 28,85% des suffrages sur son nom (-il est en recul par rapport à 2012), et six points de plus que Charles Demouge, le candidat UMP qui ne totalise que 26,54% des voix, tout en progressant par rapport aux dernières législatives .Hier soir, dès les résultats connus les Verts, dont le candidat ne totalise qu'un peu plus de 3% des suffrages, ont en toute logique appelé à voter pour le candidat socialiste au deuxième tour. Le Front de Gauche qui a obtenu un score analogue n'a pas encore réagi. Charles Demouge  était soutenu par l'UDI et hier soir Jean Christophe Lagarde, le président du Parti centriste, a appelé  à voter" pour le seul candidat républicain restant en lice " en précisant que  "cela n’enlève rien de nos fortes divergences avec les socialistes et leur gouvernement, mais l’élection d’une députée d’extrême droite au programme xénophobe et démagogique serait une mauvaise nouvelle supplémentaire pour notre pays".  

Mais quelle sera l'attitude de l'UMP ? Le Parti de Nicolas Sarkozy va-t-il appeler ses électeurs à voter pour le candidat socialiste, au nom de la réciprocité, comme l'y invitent un certain nombre de responsables PS, dont le Président du Groupe PS à l'Assemblée Nationale Bruno le Roux qui a rappelé que "c’est ce que j’ai fait avec le Parti socialiste en appelant à voter pour la droite républicaine chaque fois qu’elle était opposée à l’extrême-droite. J’attends de la droite républicaine et du centre qu’ils aient la même attitude." ? C 'est un dilemne dont Nicolas Sarkozy se serait bien passé. Car dans ses rangs les divergences ont immédiatement éclaté au grand jour. "Fondateur de l'UMP, rassemblement de la droite et du centre, en cas de duel entre le parti socialiste et le FN, je vote PS pour battre le FN" ,a déclaré le député de Charente-Maritime et ancien ministre Dominique Bussereau . A l'opposé Thierry Mariani, aujourd'hui député des Français de l'étranger, affirme que "l'UMP doit être fidèle à sa ligne ni front républicain, ni front national", sans quoi " nous perdrons notre crédibilité".

Le non choix de l'UMP ravive de vieilles plaies . Le fameux "ni-ni" avait été décrété par Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé, alors secrétaire général de l'UMP, au moment des cantonales de 2011 . En interne, François Fillon , alors premier ministre , s'y opposait en expliquant que " nos valeurs ne sont pas celles du Front national", et lors d'une réunion des députés à huis clos l'ancien premier ministre aurait alors  même déclaré qu'en" cas de duels PS-FN, il faut voter contre le FN ". Le sujet est tellement brulant que Nicolas Sarkozy a fait publier un communiqué déclarant qu'il consultera le Bureau Politique ce mardi et se rendra à la réunion du groupe parlementaire le même jour afin d'arrêter la position de son groupe . La présence du Président de l'UMP n'était pas souhaitée sur place pendant la campagne. Ses amis pourront arguer que sa présence a manqué pour mobiliser les électeurs.

Nombre d'entre eux ne font pas mystère de leur préférence pour le "ni-ni". En effet, appeler à voter pour le candidat socialiste, ce serait  voler au secours de François Hollande qui amorce une remontée dans l'opinion, alors que Nicolas Sarkozy rêve de prendre sa revanche sur le locataire actuel de l'Elysée en 2017. Cette option crédibiliserait la collusion UMPS que le FN se plait à dénoncer à longueur de communiqués et de débats ! Mais ne pas se prononcer, c'est prendre le risque de favoriser la victoire du FN et de faire élire un troisième député frontiste car le non choix "libèrerait" ceux des électeurs UMP qui, faute de la présence d'un candidat UMP, préfèreront le FN au PS. Ce à quoi les partisans du "ni-ni" peuvent rétorquer que les électeurs sont libres de leur choix ! En somme il n'existe pas de bonne solution, mais un constat : malheur au perdant !  

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