La Hollandie touchée par la “grâce Syriza” : comment il aura suffi d’une élection en Grèce pour dynamiter le discours officiel français sur la rigueur<!-- --> | Atlantico.fr
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Le PS partagé sur les mesures de rigueur
Le PS partagé sur les mesures de rigueur
©Reuters

Tout est oublié

Après la victoire d’Alexis Tsipras lors des élections du 25 janvier dernier, le Parti socialiste tente de profiter des retombées du vote anti-rigueur. Pourtant, la vertu budgétaire est un axe persistant du discours du gouvernement. Une position qui a d’ailleurs été fortement critiquée par Syriza.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Il n’est jamais trop tard pour s’orienter dans le sens du vent. La subite situation de sidération éprouvée par le gouvernement français, faisant suite à la victoire de Syriza et de son leader Alexis Tsipras, est en train d’aboutir à quelques sorties hors cadre. C’est ainsi que ce 29 janvier, lors de ses vœux à la presse, le ministre de l’économie Emmanuel Macron a pu déclarer :

 "Le risque allemand, c’est une nouvelle forme de conservatisme, c’est le fétichisme de l’équilibre budgétaire, la fascination pour la réduction de la dette et qui est aussi le symptôme d’un pays qui, on le sait bien, quelque part, vieillit".

L’accusation n’est pas légère. Réduire le grand partenaire du couple franco-allemand à un simple trouble obsessionnel compulsif n’est pas une véritablement une habitude pour le gouvernement de Manuel Valls, dans sa période post-Montebourg.

Mais il est délicat de donner tort au ministre. En effet, et par exemple, le 10 septembre dernier, Angela Merkel se félicitait encore de la réalisation de l’objectif "0 déficit" en  indiquant : «"Le respect de nos engagements en Europe, en particulier dans la zone euro, doit devenir la marque de fabrique de la zone euro". La priorité donnée est claire, sans ambiguïté. Ce qui est bon pour l’Allemagne est bon pour tous et la rigueur allemande doit devenir un objectif commun. Elle s’impose.

Et pour l’Allemagne, cet objectif a été rempli, ce qui fait l’immense fierté du ministre des finances, Wolfgang Schäuble. "C’est le plus bas niveau de déficit depuis 40 ans". Un exploit prévu pour durer, puisque l’ensemble des budgets allemands des prochaines années sont attendus au même niveau. Ainsi, sans déficit, la baisse du niveau de dette par rapport au PIB va pouvoir se mettre en place.

Mais contrairement à ce que semble indiquer Emmanuel Macron, L’Allemagne n’a pas le monopole de la fascination pour la rigueur. Il suffit pour cela de se remémorer les paroles d’un Pierre Moscovici, tout désireux d’intégrer la toute prestigieuse Commission européenne :

"Je suis déterminé à appliquer le mandat de la commission tel que prévu par les règles, avec objectivité, impartialité, en tenant compte de la situation économique, mais le cas échéant avec la rigueur nécessaire". "La commission ne peut accepter qu’un état membre déjà sous le coup d’une procédure de déficit excessif manque à son devoir vis-à-vis de tous les autres. Elle proposera au conseil européen d’appliquer les règles, qu’il s’agisse d’un grand ou d’un petit pays".

Mais Pierre Moscovici n’est pas seul, et il n’est plus au gouvernement. Et François Hollande lui-même partage ce goût pour le rigorisme budgétaire, notamment lorsqu’il indiquait le 30 septembre dernier :

"Il n’y a pas de plan d’économie indolore sinon il aurait déjà été fait. Les économies sont forcément douloureuses" "Il faut faire des économies. C’est ce que nous allons faire en 2015 et cela a forcément des conséquences".

La dimension doloriste de l’intervention du Président va encore un peu plus loin lorsqu’il déclare :

"Si vous n’entendez pas crier, c’est que nous ne faisons pas d’économie. Donc vous voyez ? Vous entendez ?" La rue qui couine est donc le signal d’une politique de rigueur bien menée.

Cependant, malgré les attaques d’Emmanuel Macron à l’encontre d’une Allemagne vieillissante, toute tentative de récupération politique de la part du Parti socialiste semble compromise. En effet, la semaine précédant l’élection grecque, Yanis Varoufakis, devenu entretemps ministre des finances grec, accusait le gouvernement français sans ménagement :

"En réalité, la France est en guerre avec l'Allemagne, et cela conduit à une véritable vassalisation de la France, à la création de ce que j'appelle un «Vichy post-moderne.»"

Ce qui fera sans doute très plaisir aux intéressés. Et sans doute très plaisir au premier secrétaire du Parti socialiste Jean Christophe Cambadélis, encore tout tremblant de joie:

"Je ne suis pas dans la récupération, mais dans la constatation(…) Je suis de gauche et le parti socialiste est favorable à la victoire d’un parti de gauche"

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