Le financement des entreprises du numérique (et les emplois qu'elles pourraient créer) menacés par l'instabilité fiscale<!-- --> | Atlantico.fr
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Les entreprises d’Internet créent de l’emploi.
Les entreprises d’Internet créent de l’emploi.
©Reuters

Schumpeter version 2015

Alors que les chiffres du chômage ont encore battu des records la semaine dernière, le secteur du numérique et des nouvelles technologies se porte pourtant admirablement bien. Un secteur qui crée... et qui détruit de l'emploi.

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

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Les chiffres du chômage, parus la semaine dernière, ont encore été catastrophiques. La France compte désormais près de 6 millions de demandeurs d’emploi toutes catégories et 3,5 millions de catégorie A. En un an, leur nombre a augmenté de 3 624 toutes les semaines, de 517 tous les jours. La performance est clairement médiocre.

Pendant que l’économie détruit globalement de l’emploi, il existe cependant des pôles de création… par exemple dans le numérique et les nouvelles technologies ; et plus particulièrement chez les fameux "GAFA" (Google, Apple, Facebook, Amazon) et autres start-up disruptives que la France adore utiliser et aime bien, également, conspuer.

Une étude réalisée par le cabinet Deloitte pour le compte de Facebook a ainsi montré que le groupe de Mark Zuckerberg contribuerait à l’économie française à hauteur de 6 milliards d’euros en 2014 et 78 000 emplois directs et indirects. De son côté, Uber, le révolutionnaire du transport en voiture, a annoncé son souhait de créer 50 000 emplois en Europe en 2015. Voilà de beaux chiffres !

Les entreprises d’Internet créent de l’emploi et il faut s’en féliciter. Cette affirmation et ces applaudissements ne doivent cependant pas cacher la réalité : ils en détruisent également. Quand Uber crée une nouvelle offre, il affecte directement les taxis, car les clients se détournent à grande vitesse de leurs services plus chers et moins satisfaisants. Quand la pharmacie en ligne se développera, elle pourra faire du tort à l’emploi des pharmaciens, mais en même temps elle apportera des médicaments moins chers aux clients.

Cette dynamique n’est pas nouvelle : c’est le jeu de la "création destructrice" de Schumpeter. Quand l’électricité est apparue, elle a certainement tué l’activité des marchands de bougies. Quand l’automobile est née, elle a également dû entrainer le déclin des palefreniers …

L’important est que ce jeu de destruction / création conduise à une balance nette qui soit positive. Jusqu’à maintenant, cela a toujours été vrai ; même si certains, beaucoup par catastrophisme, un peu par publicité, estiment que ce ne sera plus le cas.

Mais pour que les entreprises du numérique créent de l’emploi, encore faut-il les y aider (ou plutôt, plus simplement, le leur permettre). On en est loin. Jean-David Chamboredon vient ainsi de publier un baromètre des investissements des « business angels » en France : en 2014, les sommes investies dans le secteur de l’Internet ont baissé de 13 % (et même de 24 % pour le second semestre) ! En clair, même les plus convaincus dans le secteur privé sont de plus en plus frileux à financer l’innovation et les nouvelles aventures entrepreneuriales dans notre pays.

La raison ? L’instabilité fiscale notamment. Nos textes sont trop complexes et surtout, trop mouvants. Ce qui est valable aujourd’hui – sous réserve d’une interprétation incertaine – ne le sera probablement plus demain. Dans ces conditions, le financement se tarit. Il ne reste donc à nos innovateurs que peu de solutions : se tourner vers le public ou vers l’étranger.

La pesanteur fiscale, réelle ou ressentie, asphyxie chaque jour un peu plus l’entreprise et l’esprit d’entreprendre. Au passage, elle tue de l’emploi …

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