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De Davos à Athènes, le même constat d'un monde qui refuse de changer
©Reuters

Je vais bien, tout va bien

Les uns créent des emplois, ce qui les exonère d'une réflexion de fond. Les autres vont en créer en aggravant la dette et apporter aux masses le bonheur qui leur manquait sur financement d'Etat.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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A Davos, pendant que les 1% qui possèdent près de 99% des richesses mondiales se réunissaient dans ce froid qui conserve et immobilise le temps, à leur profit, les Athéniens s’atteignirent, en portant en tête de leurs suffrages ces partis démagogiques qui assurent que le bonheur ne coûte rien et que la dépense publique est la meilleure attaque. Ce ping-pong distant, sur fond de chaud et froid, est un mauvais signal de l’économie aux politiques et réciproquement, car aucun n’estime n’avoir quoi que ce soit à améliorer. Constat d’un monde qui tourne sur et pour lui et dont les entrepreneurs sont exclus.

A Davos il fait chaud. A Athènes, froid. C’est le bouleversement climatique. Une parade insolente d’arrogance et de démagogie, qui en dit long sur ces tenants de l’ancienne économie qui nous explique que TOUT VA BIEN, et qu’il ne faut rien changer.

A Davos, ce petit 1% qui détient 99% des richesses mondiales estime que son écot est largement payé, par sa contribution mondiale au bonheur des peuples par la croissance économique. Les enfants africains et asiatiques de moins de 15 ans, qui travaillent et souvent meurent, dans les mines de métaux rares pour Samsung, Huwei et autres LG apprécieront cette conception si idéale du bonheur. Mais le message le plus inquiétant est qu’ils pensent que le monde peut continuer à louer leur réussite et les remercier pour ce qu’ils font pour lui. La croissance assurerait le bonheur et suffirait à justifier leur façon de faire. En tant qu’entrepreneur j’aimerais dire que c’est vrai. En tant que libéral, j’aimerais applaudir des deux moufles. Mais quelque chose m’en empêche.

Ce quelque chose, surement légèrement idéaliste, tient en cette phrase, certes facile, mais cruellement réelle : le monde va mal.

La tension que les dérives de l’islam fait subir et va faire subir de plus en plus cruellement au monde développé, provient de ce qu’une immense masse de ces hommes et femmes, vivent sous le seuil de la pauvreté, un seuil sous lequel tout homme peut être récupéré, retraité, recyclé et transformé en bombe humaine. Car la croissance font peut être le bonheur, mais l’éducation et la nourriture sont plus puissants. Et les Islamistes l’ont bien compris. Et s’en servent et s’en serviront.

L’Afrique n’en finit pas de promettre et de peu tenir, car les puissances les plus hégémoniques de ce monde ont intérêt à sa stagnation. Pour mieux la piller. La Chine en tête. Les dérives s’y installent également, car sans perspective autre que de mourir en anonyme, certains, de plus en plus nombreux, préfèreront mourir en héros. En martyr. Pour que l’on se souvienne de leur vie, qui ne porte de vie que le nom.

La croissance n’est pas suffisante pour nourrir trop de bouches vides et une masse de plus en plus importante de désespérés pour qui chaque jour n’est qu’une survie douloureuse. Le digital et son pouvoir de libération sont une notion assez vague pour eux.

Le capitalisme a atteint ses limites, et même si Churchill disait très justement qu’il assure un partage inéquitable des richesses et le socialisme une égale répartition des misères, il semble que le côté inéquitable du partage entraînera le capitalisme lui même à la ruine s'il continue avec cette insolence.

Heureusement que des Buffet, Gates et autre Sorros, donnent leur richesse inutile (il faudrait des centaines de vies pour dépenser cette richesse et l’homme éternel de Google n’existe pas encore), à la résorption de maux cruels.

Bill Gates disait être ravi que les foyers se demandent quel part de bonheur supplémentaire leur amènerait leur nouvel écran incurvé, mais qu’il était certain que le bonheur serait plus absolu pour un enfant africain d’être guéri du Sida ou de la malaria. Cette attitude là est la bonne. Associer le capitalisme absolu et légitime, et utiliser une richesse immense à changer le monde. Ce que les politiques sont incapables de faire. Le capitalisme pour survivre devra remplacer l’Etat dans certaines de ses missions. Et assurer ainsi son avenir.

En clair, en écoutant Davos attentivement on entendait ce petit message inquiétant. TOUT VA BIEN. Nous, les riches, veillons sur votre bonheur par notre cours de Bourse. Nous créons la croissance! Ce qui me paraît, comme entrepreneur, l’objectif de toute société et non l’excuse pour échapper à un peu d’auto critique. Tout à coup je sens, de chez moi, le froid de Davos.

Le tout conclu par la DG de FaceBook, qui ne reculant devant rien, estimait par un calcul que seul la décence, les convenances et une politesse que le lieu impose, empêchait de faire hurler, que FB contribuait à hauteur de 227 milliards à la croissance de la planète et 4.5M d’emplois. Stupéfiant de voir comment l’altitude créée partout le vertige et la fatuité.

Cette classe de dirigeants qui s’auto-congratulent n’a rien à envier à ces démagogues de tous poils, qui surfent sur la vague du désespoir aussi facilement que les radicaux religieux, afin de gagner les élections, en promettant que faire des efforts n’est pas nécessaire pour aller mieux.

Que l’Etat et là, et que cela ne coûte donc rien. Une peu plus de services publics, de fonctionnaires, de dépenses et tout ira mieux. Même si les chiffres de la Grèce, ses nettes améliorations service de la dette exclu, militeraient pour lui lâcher la « grappe » aussi largement que l’Europe le fait avec la France, ces politiques là rejoignent leurs collègues super riches, sur le même niveau de démagogie, de mensonge et d’hypocrisie. TOUT VA BIEN. Ne changeons rien. Les uns créent des emplois, ce qui les exonère d’une réflexion de fonds. Les autres vont en créer en aggravant la dette et apporter aux masses le bonheur qui leur manquait sur financement d’Etat.

Les entrepreneurs ont une vision différente, mais si vous observez bien, vous n’en verrez pas à Davos, ni dans les concours d’hypocrisie à la Grecque sur fonds de Sirtaki. Ils auront voix au chapitre quand ils auront, comme la DG de Face Book, ou ceux de Google, adopté les codes et langage de leurs homologues plus âgés. Ils voulaient changer le monde, ils le font, mais en adoptant, malgré les apparences, les codes de l’ancien. Sous une autre forme.

Les entrepreneurs, eux, ceux qui inventent les nouveaux modèles, rêvent de remplacer les politiques et tenteront de plus en plus de le faire. En France notamment. En proposant un monde qui échappe aux chemins tracés par d’autres, mais en les retraçant afin qu’ils servent à guider un monde en tenant enfin compte de ses changements. Le seul système parfait est celui qui s’adapte et pour le moment, nous ne voyons aucune volonté de changement chez aucun acteur clé. Politique ou économique. Une sombre ligne les relie malgré leurs différences apparentes. Ils veulent un monde qui mime le changement pour masquer son immobilisme. Il nous faut donc monter sur les cimes de Davos, forcer la porte et fouler les tapis rouges, dénoncer cet attelage pitoyable de gauches extrêmes qui rêvent du grand jour, et se réjouissent que tout aille si mal puisque cela leur permet d’aller si bien.

Ces fossoyeurs des beaux quartiers, ce petit gang de miséreux de la politique, vides de sens et de discours, mais emplis de mots ronflants. Duflot, Montebourg, Mélenchon, dont la progression, à défaut de vision, est proportionnelle au malheur des peuples aussi surement qu’elle fait le bonheur des extrémismes politiques et religieux, contre lesquels ils défilaient il y a 8 jours, dans ce moment de deuil Bobo national. Condamnant l’anti sémitisme qu’ils exhortaient pourtant l’été dernier, en traitant dans des manifestations interdites, les israéliens d’assassins. Versant une larme grasse, savamment préparée, sur l’atteinte à la liberté de la presse aux côtés du Ministre Turc, démocrate reconnu et défenseur acharné de la presse dans son pays.

Nous entrepreneurs ne pouvons plus nous reconnaître dans cette économie et supporter ces politiques d’un autre temps que nous rêvons exilés comme le fut Bonaparte, avec un peu de bromure dans leur bagage. 2015 sera l’année des entrepreneurs citoyens, acteurs d’une vie publique que nous ne pouvons plus laisser dériver, au milieu des incontinents !

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