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Jean-Louis Borloo : 
renoncer n’est pas planter
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EDITORIAL

Jean-Louis Borloo a annoncé sur TF1 son retrait de la compétition présidentielle. Faut-il parler de lâcheté ou au contraire de courage politique ?

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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Depuis l’annonce faite par Jean-Louis Borloo sur TF1 de son retrait de la compétition présidentielle, j’entends les ricanements des uns – « de toute façon, il n’avait pas l’étoffe » – les jérémiades des autres, – « il nous laisse tomber sans préavis » – ou pire, les insinuations malveillantes des derniers, « comme d’hab’, il va aller à la soupe ».

Cette avalanche de critiques me rappelle celle qui s’était abattue sur Jacques Delors lorsque l’ancien président de la Commission européenne avait renoncé à défier Jacques Chirac et Edouard Balladur en 1995. En termes souvent crus, on avait raillé la lâcheté de cet homme qui n’a « jamais osé se confronter au suffrage universel ». Seize ans après, Delors souffre encore de ces jugements à l’emporte-pièces.

Alors, faut-il forcément louer ceux dont l’appétit de pouvoir confine parfois à l’aveuglement et châtier ceux dont la lucidité prend le pas sur l’ambition ? Je ne le crois pas. Prenons le cas Borloo. Le président du Parti radical ne veut pas être celui par qui Marine Le Pen parviendra au second tour face au candidat socialiste et provoquer une sorte de 21 avril à l’envers. C’est une inquiétude qui l’honore. Car le risque de voir la fille de son père se hisser en finale existe bel et bien, même si sa cote semble se tasser depuis quelques semaines. Les authentiques proches de Borloo confient aussi qu’au fond, « Jean-Louis, c’est pas sa vie ». Une manière directe de laisser entendre que l’ex ministre de l’Ecologie n’est sans doute pas prêt à consentir les sacrifices qu’impose une campagne présidentielle qui promet d’être harassante. Connaître ses limites et tirer les conséquences d’une analyse pragmatique que chacun devrait faire sur ses propres capacités avant de s’engager dans une telle bataille me paraît assez sain. Pathétique, au contraire, me semble être l’attitude de ces aspirants candidats n’ayant pas la moindre chance de jouer un rôle en 2012 mais qui ne veulent pas rater une bonne occasion de « passer à la télé ».

En vérité, Chevènement n’aurait-il pas été bien avisé de renoncer en 2002, voyant que Lionel Jospin courait le risque d’être éliminé dés le premier tour ? Dominique de Villepin ne ferait-il pas mieux de jeter l’éponge dés à présent plutôt que de faire un pas en avant, un pas en arrière au gré des soubresauts judiciaires de l’affaire Clearstream ? Corinne Lepage a-t-elle un besoin vital de s’infliger une nouvelle claque en avril prochain en se présentant sous je ne sais quelle improbable étiquette ?

En ces temps où la multiplicité des candidats, des petits partis et des fausses idées finit par lasser les électeurs, voir un responsable politique de haut niveau renoncer à flatter son ego est un spectacle trop rare pour être moqué.

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