Débat : le PS colle à l'air du temps conservateur <!-- --> | Atlantico.fr
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Qui a le plus tiré son épingle du jeu lors de ce débat ?
Qui a le plus tiré son épingle du jeu lors de ce débat ?
©Reuters

Dernière ligne droite avant le vote

Que retenir du dernier round télévisé entre les candidats à la primaire ? Qui a convaincu, avec quels arguments ?

Juan Pedro  Quiñonero

Juan Pedro Quiñonero

Juan Pedro Quiñonero est journaliste. Il est correspondant en France du journal conservateur espagnol ABC.

Auteur d'une vingtaine de livres.

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Divergence des points de vue oblige, nous avons interviewé deux spécialistes qui nous livrent leurs impressions sur le troisième débat PS. Parole à Juan Pedro Quinonero, correspondant en France du journal conservateur espagnol ABC, et Isabelle Veyrat Masson, Directrice du Laboratoire Communication et Politique au CNRS.

Que retenez-vous de ce dernier débat télévisé avant le premier tour de la primaire socialiste ?

Juan Pedro Quinonero : Le candidat socialiste le plus à même à remplacer Nicolas Sarkozy, François Hollande, est un candidat redoutable parce qu’il propose de sortir de la crise sans douleur. Il colle de très près à l’opinion publique française égarée depuis trente ans dans le bien être payé à crédit à grands renforts de la dette publique; cette même opinion publique qui préfère un traitement psycho analytique qu'une chirurgie budgetaire.

En quoi ce débat a-t-il été, selon vous, différents des deux précédents ?

Juan Pedro Quinonero : Je ne vois pas de différences radicales. Les socialistes ont cessé d’être des socialistes. Mais ils s’obstinent à maquiller leurs projets moins socialistes avec un brouillard rhétorique de veine traditionnelle. Ils continuent a déployer de vieilles recettes volontaristes oubliant que la France peut perdre son triple A si des mesures crédibles ne sont pas prises dans les prochains mois. La chute de Dexia est un premier symptôme des doutes internationaux contre le modèle français.

Qui a le plus tiré son épingle du jeu lors de ce débat ?

Juan Pedro Quinonero : Valls me semble crédible mais en dehors de son parti. Montebourg passe bien auprès des militants socialistes. Mais il est dénoncé comme archaïque par des personnalités comme Pascal Lamy. Ségolène Royal fait de la démagogie pure avec beaucoup de succès et Hollande joue au centre. Il est le seul à pouvoir fédérer les familles antagoniques de la gauche française.

Qui a le plus perdu du terrain ?

Juan Pedro Quinonero : Martine Aubry gagne à gauche. Cependant Hollande gagne au delà de toutes les gauches.

Quel fut selon vous le moment clé du débat ?

Juan Pedro Quinonero : Le débat sur la retraite a 60 ans est un bon reflexe des ambigüités socialistes. Ils disent une chose, en pensent une autre et il n’est pas clair ce qu’ils feraient si l’un d’entre eux arrive à être président de la République. Le clivage “droite” et “gauche” (Valls/Hollande et Aubry/Montebourg/Ségolène) met en évidence une division culturelle profonde cachée par la rhétorique idéologique. Le ton exceptionnellement grave des conclusions m’a semblé grandiloquent. Le ton gaulliste d'Arnaud Montebourg et  de Segolène Royal m’a semblé ridicule. Martine Aubry et Manuel Valls ont adopté un ton plus modeste... Malgré tout ils ont fait un exercice excessif. Face a eux, la modestie retenue de Hollande m’a semblé être un élément dangereux pour battre Sarkozy. Le possible candidat socialiste peut être un rival tres dangereux par sa modestie sereine.

Qu'ont apporté au final ces trois débats télévisés entre candidats socialistes ? N’y a t-il pas eu un débat de trop ? Qu’a apporté ce dernier débat ?

Juan Pedro Quinonero : L’importance de la thérapie de groupe et les médecines homéopathiques. Aucun candidat ne nous propose des changements radicaux. Personne ne croit dans les tirades démagogiques. Il reste un réalisme prudent, sensé. Au delà du maquillage démagogique, il reste un esprit conservateur profond qui colle très parfaitement à une France inquiète et profondément conservatrice qui regarde avec peur et inquiétude au delà de ses frontières, qui se replie a l’intérieur de ses frontières, écoutant avec attention ceux qui proposent de sortir de la crise en prenant des calmants, oubliant que la France vit au dessus de ses moyens depuis trente ans, payant la prospérité avec de la dette, acceptant le risque d’un “changement” qui continuera la route de la décadence tranquille.

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