Un tribunal va juger d'un nouveau délit : "atteinte à la considération et à l'honneur des jeunes de banlieue"<!-- --> | Atlantico.fr
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Arno Klarsfeld, avocat de son métier, est convoqué pour le 3 février au Tribunal de Grande Instance de Nanterre en vue d'une mise en examen.
Arno Klarsfeld, avocat de son métier, est convoqué pour le 3 février au Tribunal de Grande Instance de Nanterre en vue d'une mise en examen.
©Reuters

Le mur des cons, c'est pour qui ?

Des magistrats, ayant sans doute bien réfléchi, ont estimé que les foudres de la loi devaient s'abattre sur un mal-pensant. En leur âme et conscience... Ils ont une âme et une conscience ?

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le très médiatique, fougueux et notoirement provocateur Arno Klarsfeld, avocat de son métier, est convoqué pour le 3 février au Tribunal de Grande Instance de Nanterre en vue d'une mise en examen. Au motif qu'il a porté atteinte "à la considération et à l'honneur des jeunes de banlieue". Et ça, c'est vraiment pas bien. Car le "jeune de banlieue" a besoin de considération et tient à son honneur, ce dernier étant régi par un code très spécifique en vigueur dans les cités.

Lire à ce sujet l'interview d'Arno Klarsfeld : "Des généralités, non, dire les choses telles qu’elles sont, oui"

La phrase litigieuse qui va obliger Arno Klarsfeld à se rendre à Nanterre a été prononcée le 9 janvier lors d'une émission de télévision. La voici. "Non, la France n'est pas antisémite. Il y a une partie de l'extrême-droite qui l'est vigoureusement. Une partie de l'ultra-gauche et les islamistes également. Et une partie des jeunes de banlieue qui l'est aussi." Elle figure en toute lettre dans la convocation reçue par l'avocat. Mais, faisant preuve d'un louable discernement, les juges de Nanterre n'ont retenu à son encontre que la partie concernant les "jeunes de banlieue".

Et là notre cœur saigne et notre âme s'insurge. Quoi, l'extrême-droite, pourtant très ciblée par le "vigoureusement" de Klarsfeld, n'a droit ni à de la considération, ni au respect de son honneur ? Quoi, de la même façon, l'ultra-gauche peut être stigmatisée et diffamée impunément ? Quoi, les islamistes, même si on les trouve peu fréquentables, n'ont pas droit eux aussi à la protection de la justice française ? Cette discrimination est insupportable. Et je m'arrête là, ne voulant pas porter atteinte à la considération et à l'honneur des magistrats de Nanterre car là, c'est du lourd...

La réalité est sans doute plus prosaïque. Peut-être qu'il y a dans cette charmante et paisible banlieue parisienne, à laquelle on accède en traversant Neuilly (un redoutable repère de bourges), une association nommée RJB (Respect aux Jeunes de Banlieues) qui a porté plainte, froissée qu'elle était par les propos de Klarsfeld... Peut-être, s'agissant de l'extrême-droite elle aussi vilipendée, qu'il n'y a pas là-bas une amicale des adorateurs du Duce et du Führer... Peut-être que les militants du NPA et du Front de gauche, salis eux aussi, n'ont pas regardé la télévision au bon moment... Peut-être que l'AJR (Association pour un Jihad Responsable), les islamistes ayant été eux-aussi stigmatisés par Klarsfeld, avait d'autres chats à tuer...

Dorénavant donc la prudence s'impose s'agissant des "jeunes de banlieue". Consulté, mon avocat m'a autorisé à écrire qu'une "infime, très infime, quasiment inexistante partie des jeunes de banlieue est antisémite". La peine, si peine il y a, sera selon lui de l'ordre de l'euro symbolique. Et comme je n'ai pas les moyens de Me Klarsfeld... En tout cas, il est bon de savoir que le "jeune de banlieue" bénéficie chez nous du statut d'espèce protégée. Il est vrai que normalement, c'est accordé aux espèces menacées ou en voie d'extinction. Tel n'est pas manifestement, bien au contraire, le cas du "jeune de banlieue". Mais les magistrats de Nanterre disposent, sur cette question, peut-être d'éléments d'information qui nous manquent.

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