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"Superbrocoli" : le chou qui ne vous guérira pas du cancer, mais vous aidera à l'éviter
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La soupe aux chous

Des chercheurs britanniques ont mis au point, par un croisement naturel, un brocoli enrichi en agents anticancéreux. Explications sur ce "légume miracle".

Pr David Khayat

Pr David Khayat

Le Professeur David Khayat est Cancérologue. Ancien chef de Service à la Pitié Salpêtrière, 1er président de l’Inca (Institut National du Cancer). Il est l'auteur de nombreux ouvrages pour nous permettre d’adopter de meilleurs comportements en prévention des cancers (alimentation, activité physique et addictions )

https://www.bizet-cliniques-paris.fr/les-specialistes/pr-david-kayat/

Son dernier ouvrage chez Editions PLON

https://www.fnac.com/a17650821/David-Khayat-Votre-meilleure-ordonnance-est-dans-votre-assiette

Co autrice Nathalie Hutter Lardeau, Nutritionniste

Voir la bio »

Atlantico : Les chercheurs britanniques du Centre John Innes et de l’Institute of Food Research viennent de créer un "super-brocoli" qui permettrait, selon eux, de lutter contre le cancer. Est-ce vraiment sérieux ?

David Khayat : Tout d'abord, il n'est pas question de parler de guérir du cancer. Il n'existe pas d'aliment médicament. En revanche, nous pouvons parler de prévention du cancer. Il est question ici de l'alimentation chez les gens bien portants, pour essayer de diminuer leurs risques d'avoir un jour un cancer. Il faut donc mettre en garde le public, afin qu'il ne croie jamais à l'existence d'un aliment qui guérirait d'une maladie maligne comme le cancer. Il faut être très ferme avec ça. En revanche, nous sommes tous soumis au risque d'avoir un cancer, des risques considérables (en France, 1 homme sur 2 et une femme sur 3 ont un cancer) : l'idée est d'avoir des comportements qui vont réduire ces risques et permettre notamment de manger correctement.

En ce qui concerne les aliments, certains sont très importants dans la prévention du cancer, en apportant des antioxydants. Lorsqu' une cellule, dans le corps, respire, pour faire ce qu'elle doit faire, elle est obligée de consommer de l'énergie, pour cela elle brûle du phosphore, et qui dit combustion dit oxygène. Cet oxygène qu'elle va consommer, elle va en recracher des radicaux oxygénés, des molécules extrêmement réactives qui, dès qu'elles vont toucher une matière organique (protéine, chromosome...), vont l'abîmer. C'est ce qu'on appelle le stress oxydatif, parce qu'il est dû aux radicaux oxygénés. Et lorsque ces molécules sont abîmées, il y a mutation, et c'est le début d'un risque de cancer. Donc pour empêcher cela, nous absorbons des antioxydants à longueur de journée.

Parmi ceux-ci certains sont meilleurs que d'autres, on sait que les crucifères, c'est à dire toute la famille des choux en général, sont très riches en antioxydants anticancéreux, notamment dans une substance appelée la glucopharamine, qui est l'équivalent du lycopène dans la tomate ou du resveratrol dans le vin. Des études ont montré que dans une même famille de choux, selon l'origine du choux, la façon dont il a été cultivé, il y a une quantité d'antioxydants qui peut varier de 1 à 20. En l'occurrence, dans les familles de brocolis, les chercheurs anglais ont réussi à mettre au point un brocoli qui, par des sélections, va être très riche en antioxydants anticancéreux.

C'est intéressant parce que jusqu'à présent les chercheurs agronomistes travaillaient surtout sur la notion de rendement, donc cherchaient à sélectionner des plans (mais, tomate...); pour produire le maximum. Récemment on a commencé à s'intéresser à l'idée qu'il fallait en plus que ce soit plutôt bon, et même que ce soit coloré (les "tomates ananas", par exemple). La nouveauté est que l'on va enfin tenir compte dans la recherche agronomique de l'importance de créer des végétaux, pas par OGM mais par sélection naturelle, qui vont tenir compte de l'intérêt nutritionnel, notamment dans la prévention d'un certain nombre de maladies, y compris la première d'entre elles actuellement, le cancer. Demain les tomates seront sans doute encore plus riches en lycopène, pour que justement on puisse davantage compter sur l'alimentation, avec en ligne de mire la santé.

Le chou est un peu l'arme contre tous les cancers. Les crucifères marchent presque pour tout. Contrairement au lycopène, plus spécifique aux cancers hormonaux, notamment le cancer du sein pour les femmes, et de la prostate chez les hommes.

Quels sont les aliments spécialement conseillés dans cette prévention du cancer ?

L'ail, l'oignon, qui contiennent de l'alicine, les crucifères, les tomates, le gingembre et ses dérivés, le thé vert (qui contient de l'OCGC, antioxydant assez général)... Ce sont des produits pour lesquels il y a des essais de prévention chez les personnes à risque. Mais je précise qu'on est toujours sur de la prévention et non du traitement.

On se situe en ce moment au début d'une ère où la recherche agronomique va chercher à nous donner des aliments en bonne quantité, mais aussi esthétiquement et gustativement intéressants. La grande nouveauté est qui soient meilleurs pour notre santé.

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