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Frédéric Mazzella : "Pourquoi nous lançons BlaBlaCar en Inde"
©BlaBlaCar

En voiture !

La solution de covoiturage BlaBlaCar annonce ce mercredi l'ouverture de ses services en Inde, une première hors de l'Europe après la Turquie pour l'entreprise française. Un nouveau challenge pour le site qui compte désormais 14 pays à son actif pour environ 10 millions de membres. Le déploiement indien se fera progressivement et la priorité sera donnée au mobile.

Frédéric Mazzella

Frédéric Mazzella

Président et fondateur de BlaBlaCar, un service en ligne de covoiturage, Frédéric Mazzella est issu de l'ENS Ulm en Physique, titulaire d'un Masters en Informatique de Stanford University (USA) et d'un MBA de l'INSEAD. Avant de fonder BlaBlaCar, Frédéric Mazzella était chercheur scientifique pour la NASA aux USA et NTT au Japon.

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Vous annoncez aujourd’hui le lancement de BlaBlaCar sur le marché indien. Pourquoi ce marché ?

Il y a deux raisons pour lesquelles l’Inde a retenu notre attention. Il y a le fait que les propriétaires de voiture n’osent pas faire de longues distances. C’est principalement motivé par le fait que le coût de l’essence est relativement cher par rapport aux salaires locaux. Les passagers eux, doivent acheter des billets de train des semaines à l’avance s’ils ne veulent pas se retrouver dans des trains bondés. Il y a une sorte de friction qui existe sur ce marché, les passagers de dernières minutes n’ont pas de solutions de transport. Le covoiturage peut, potentiellement, débloquer cela et apporter une solution alternative.

Quels sont vos objectifs et votre stratégie d’implantation ?

Nous n’avons pas d’objectifs chiffrés, nous attendons surtout de voir l’accueil que reçoit la solution. En terme de stratégie, on va commencer vers New-Delhi et ne pas viser tout le pays d’un seul coup. On pense que la solution sera utilisée sur des distances plus courtes que ce dont on a l’habitude de voir, en raison notamment de la nature des routes en Inde. En Europe, on est sur des distances moyennes de 330 kilomètres, on devrait probablement être deux fois plus courts en Inde. Concernant nos équipes sur place, elles sont indiennes. Même si des Français sont déjà sur place pour cette semaine un peu spéciale d’ouverture.

Quelle va être la priorité, l’ordinateur ou le mobile ?

On va refaire la même stratégie gagnante que sur la Turquie. Ce sont des marchés où la pénétration des smartphones est telle que pour la plupart des gens, internet ça veut dire smartphone. Donc notre application sera gratuite sur Apple et Android en mobile first. C’est-à-dire que, bien que l’accent sera mis sur le mobile, le service sera accessible également sur le web via un ordinateur.

Au-delà de la notion économique, BlablaCar a aussi une dimension sociale. Est-ce une spécificité française ou un argument utilisé pour les autres marchés ?

En Inde, le temps nous le dira. On s’est rendu compte qu’en démarrage de service, c’est beaucoup plus facile de mettre en valeur le côté économique pour parler du reste. On ne peut pas se permettre de convaincre des nouvelles personnes d’utiliser Blablacar sur des raisons uniquement sociales et écologiques malheureusement. Mais ensuite, il y a une prise de conscience. En France, les raisons pour lesquelles les gens commencent à faire du covoiturage ne sont pas les mêmes que celles pour lesquelles ils continuent : au début, c’est pour des raisons économiques, puis ils continuent plutôt pour le côté social et "environnementaly friendly". La première surprise des gens qui font du covoiturage, ce n’est par forcément le prix mais la rencontre.

Sur le marché français, quel bilan faites-vous de l’année qui vient de s’écouler ?

La croissance ne s’arrête pas, y compris sur la France qui est notre marché le plus mature. C’est toujours une croissance aussi soutenue. Tout le monde s’attendait d’ailleurs à ce qu’on voit une limite à cette croissance mais on ne voit toujours pas saturation.

Justement, cette saturation ne risque-t-elle pas d’arriver quand la crise prendra fin ?

Si vous faîtes un Paris-Lyon tout seul, un aller-retour en voiture va vous couter entre 180 et 200€. Si vous faites du covoiturage, vous économisez 180€. Donc crise ou pas crise, économiser 180€ sur un aller retour, ça concerne tout le monde. On n’est pas en train de parler de 2€ ou 3€ d’économie, on est en train de parler d’économie très substantielle. Notamment pour beaucoup de nos membres qui sont des utilisateurs réguliers. C’est tellement massif comme économie, que la crise peut être un catalyseur ou une prise de conscience qui accélère le développement du covoiturage. En aucun cas, le covoiturage est une solution exclusive à cette crise.

Propos recueillis par Julien Gagliardi

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