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Contre le terrorisme, la vérité comme force de frappe
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Tribune

Hassen Chalghoumi, imam de Drancy, et Philip Le Roy, auteur de "La Porte du Messie", s'interrogent sur la réponse à apporter face aux agissements des radicaux fondamentalistes.

Philip Le Roy

Philip Le Roy

Philip Le Roy est écrivain. Il est notamment l'auteur de La Porte du Messie.

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Hassen Chalghoumi

Hassen Chalghoumi

Hassen Chalghoumi est imam à Drancy. Il a publié avec David Pujadas "Agissons avant qu'il ne soit trop tard" aux éditions du Cherche-Midi.

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Face aux agissements de l’extrémisme islamique, face à la barbarie qui peut frapper à tout moment chez nous ou à l’autre bout du monde, face à la guerre planétaire qu’on nous sert actuellement pour des raisons religieuses, mais aussi économiques et politiques, comment faut-il réagir ?

Comment enrayer l’escalade, souhaitée par les belligérants ?

Répliquer plus fort ? C’est le ressort même de l’escalade et c’est ainsi faire le jeu des extrémistes.

S’entendre avec l’agresseur ? C’est ce que firent Chamberlain et Daladier avec Hitler et Mussolini. On a vu le résultat des accords de Munich.

Rester indifférent ? C’est se soumettre et donc perdre.

Si on ne peut avoir recours aux missiles, à la conciliation ou au silence, que reste-t-il ?

Pour répondre à cette question, une remise à plat est nécessaire.

A l’origine, il y a un livre, le Coran.

Environ 20% des musulmans, qu’on appellera les radicaux fondamentalistes, y voient un livre de guerre et d’intolérance, un permis de tuer au nom de Dieu.

Environ 80% des musulmans, qu’on appellera la majorité pacifique, y voient un livre de paix et de tolérance, une source d’inspiration spirituelle.
Respectons la foi quand elle reste dans le cadre de l’intime. La relation personnelle avec Dieu est le principe même de toute religion. En ce sens, elle est indiscutable. Intéressons-nous donc à la foi qui dépasse le cadre de la sphère privée pour menacer tous ceux qui ne la partagent pas. Les radicaux qui la portent en bandoulière font du jihad un combat à mort et tuent au nom de Dieu. Un Dieu de haine ? Un Dieu assassin ? Alors ce n’est pas le même Dieu que celui de la majorité pacifique. Mais un tel Dieu existe-t-il ? Il est permis d’en douter, car il se contredirait lui-même par rapport aux versets qui prônent la paix et la tolérance, ce qui est impossible puisque par essence, Dieu est perfection. Il y a donc usurpation, mensonge et manipulation de la part de ceux qui, en son nom, brandissent un couteau ou un fusil d’assaut.

On constate qu’il y a instrumentalisation du Coran.

Instrumentalisation par les fondamentalistes qui revendiquent un messianisme conquérant largement médiatisé.
Instrumentalisation par les dictateurs arabes qui arment secrètement ces fondamentalistes tout en faisant semblant de les combattre.
Instrumentalisation par l’Occident qui encourage une économie de guerre et ferait tout pour du pétrole.

Les fondamentalistes, les gouvernements, les multinationales en cause ont tous le même objectif : affermir leur pouvoir. Ils sont minoritaires à l’échelle planétaire mais ce sont eux qui dirigent, exploitent, embrigadent, torturent, décapitent, massacrent.

Alors quel est ce moyen dont dispose la majorité silencieuse et pacifique pour lutter contre la minorité hurlante et belliqueuse ?

Sortir de l’ignorance.

Car la connaissance qui mène à la vérité est une arme que les radicaux ne possèdent pas et qu’ils ne pourront jamais acquérir sous peine d’ébranler leur fanatisme et risquer de passer dans l’autre camp. Pour frapper l’obscurantisme, la barbarie et la tyrannie, la vérité est plus percutante qu’un missile qui ne fait que nourrir la haine de l’ennemi. La vérité est toujours ignorée dans un premier temps, puis dénigrée, puis violemment combattue jusqu’au jour où elle s’impose comme une évidence. La vérité finit toujours par l’emporter. Il suffit de la vouloir. Les Tunisiens l’ont bien compris. La vérité rend libre.

Tous ceux qui ne partagent pas la vision des radicaux, qu’ils soient athées, laïcs, agnostiques, croyants et surtout musulmans, premières victimes de cette guerre, doivent connaître la vérité.

Savoir que l’humain prime sur les textes, même sacrés.

Savoir que chaque verset de chaque sourate, pour être bien interprété, doit être contextualisé, mis en rapport avec les circonstances dans lesquelles il a été écrit…il y a 14 siècles !

Savoir que le Coran mal interprété est un formidable outil pour ceux qui veulent détenir un pouvoir égal à celui de Dieu. Les Califes, les nazis, la CIA, l’Arabie Saoudite, DAESH et tous les psychopathes de la guerre sainte n’ont pas eu de scrupules à s’en servir.

Savoir que la religion est une affaire qui ne concerne que notre rapport intime à Dieu. Si on vous dit le contraire, c’est que l’on cherche à vous embrigader.

Savoir que le mot « jihad » signifie « combat intérieur » pour la majorité pacifique.

Savoir beaucoup de choses encore.

Le mal n’a pas besoin de hurler pour avoir notre attention et bénéficier de gros titres. Il suffit de deux esprits faibles et de deux fusils automatiques pour commettre un carnage et faire la une de tous les journaux. Malheureusement, les exégètes, les écrivains, les représentants éclairés de la majorité pacifique n’ont pas les porte-voix médiatiques que l’on tend aux barbares. Cela nécessite, de la part de tous, de faire l’effort (le « jihad ») de tendre l’oreille, d’ouvrir les yeux, d’écouter, de lire, d’apprendre. Car quand vous saurez, vous serez armés. Et vous vaincrez.

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