Finie la place de 5ème puissance économique mondiale : ces autres indicateurs qui nous en disent largement autant sur l’état de la France<!-- --> | Atlantico.fr
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Ne cherchez plus la France au 5ème rang car celui-ci est désormais occupé par le Royaume-Uni.
Ne cherchez plus la France au 5ème rang car celui-ci est désormais occupé par le Royaume-Uni.
©Reuters

France VS Angleterre

Nouveauté dans le classement des plus grandes puissances économiques mondiales. Ne cherchez plus la France au 5ème rang car celui-ci est désormais occupé par le Royaume-Uni. Il ne faut pourtant pas se focaliser uniquement sur cette donnée symbolique.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Selon les chiffres délivrés par la Commission Européenne et relayés par Le Figaro, les dernières évaluations du PIB du Royaume-Uni surpassent ceux de la France pour l’année 2014. 2232 milliards d’euros pour la Grande Bretagne, 2134 milliards pour la France. Ainsi, la France se trouve dépossédée de sa place de 5e puissance économique mondiale. Soit une différence approchant les 4.5%.

Pour pouvoir expliquer cette situation, plusieurs facteurs sont à l’œuvre. Tout d’abord, il s’agit de prendre en compte la hausse de la livre sterling au cours de la dernière année, une hausse qui atteint 5% et qui pourrait suffire à expliquer ce dépassement. Mais la croissance joue également son rôle, car un PIB anglais qui progresse de 3% en 2014 permet également au Royaume de surpasser son partenaire d’outre-manche. La France et ses 0.4% de croissance sont laissés sur place. Ces deux facteurs sont à mettre au crédit du Royaume-Uni, son rang n’est ici pas usurpé.

Par contre, il est également possible de faire remarquer que le Royaume a choisi d’intégrer en 2014 les composantes « prostitution » et  « drogue » dans sa comptabilité nationale. 5% ont été gagnés par cette astuce, alors que la France s’est refusée à comptabiliser ces « items » dans ses résultats. Mais au-delà de cette pénible bataille arithmétique, est-ce que ces chiffres ont un sens ? Après le PIB, quels autres indicateurs peuvent mesurer l’écart existant entre deux pays ?

En premier lieu, la comparaison peut s’effectuer par le biais du PIB, mais représenté en parité de pouvoir d’achat, c’est-à-dire en gommant les différences de pouvoir d’achat qui peuvent exister entre monnaies. Pour 2013, l’écart était encore à l’avantage de la France : 2500 milliards de USD d’un côté contre 2 464 de l’autre. Mais étant donné la faiblesse de l’écart, soit 1.4% au cours de l’année passée, il ne fait aucun doute qu’ici aussi, le Royaume dépassera la France.

Dans un second temps, et sans surprise, il est nécessaire de rappeler que c’est la dynamique économique qui est la variable principale à analyser. Parce que si cette « lutte » a véritablement un sens, c’est ici qu’elle peut avoir de l’intérêt. Le problème n’est évidemment pas de voir le Royaume-Uni avancer, mais de voir la France stagner. Un pays en croissance est un pays qui crée de l’emploi. Un pays ayant un fort PIB mais en récession est un pays qui détruit quand même de l’emploi.

Et plus de croissance de ce côté-ci de la manche signifie une baisse significative du taux de chômage au cours de ces derniers mois et de ces dernières années. Ici, le match est très fortement déséquilibré, 6% pour le chômage anglais, contre 10.5% en France. 588 000 emplois ont été créés au Royaume-Uni au cours de l’année 2014. Alors que la France a produit 180 000 chômeurs supplémentaires.

Puis, vient le point de vue de la richesse, non pas nationale, mais par habitant. Mais ici le déséquilibre apparaît plus flagrant encore. 66 millions de français se partagent 2134 milliards, soit 32 333 euros par an et par habitant en France contre 34 820 euros pour le Royaume-Uni. L’écart atteint cette fois 7%.

En 2013 par contre, la France affichait encore une avance de 10% par rapport au Royaume-Uni concernant le revenu médian (le revenu médian correspond au point pivot où 50% gagnent plus et 50% gagnent moins). Soit 20 949 euros contre 18 694 euros. Signe que la distribution des revenus est moins inégalitaire en France. Ce qui se vérifie également en comparant les indices de Gini permettant de mesurer le niveau d’inégalités d’un pays à un autre. 0.306 pour la France contre 0.326 pour le Royaume.

Le niveau de pauvreté est également un indicateur pertinent. Pour la pauvreté « dure », c’est-à-dire à 40% du revenu médian, le Royaume affichait un niveau de 4.4% contre 3% en France. A 50% du revenu médian, 9% contre 6.8 pour la France. Puis, à 60% du revenu médian  et après transferts sociaux : 15.9% contre 13.7%.

La simple évocation de ces chiffres permet de comprendre que les deux pays sont très proches l’un de l’autre. Le Royaume-Uni est même, dans sa structure démographique, son niveau de richesse, ses problématiques, le pays le plus proche de la France. Si un classement n’a évidemment aucun sens, il reste que la croissance du Royaume devrait susciter quelques questionnements. Notamment sur les méthodes qui ont permis au pays de créer autant d’emplois au cours de l’année passée.

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