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M-P Daubresse : “Ce dont la France a vraiment besoin, c’est que François Hollande lui annonce des actes”
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La France attend

Pour le député UMP du Nord Marc-Philippe Daubresse, François Hollande, qui s'exprimera lundi 5 janvier sur France Inter, doit prendre d'urgence des mesures réellement efficaces, qui ne se cantonnent pas aux simples effets d'annonces.

Marc-Philippe Daubresse

Marc-Philippe Daubresse

Marc-Philippe Daubresse est député de la 4e circonscription du Nord. Il a occupé plusieurs fonctions ministérielles, comme secrétaire d'État chargé du Logement (mars - octobre 2004), ministre délégué au Logement et à la Ville (2004 - 2005) et ministre de la Jeunesse et des Solidarités actives (mars - novembre 2010).

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Atlantico : A l'occasion de ses vœux, François Hollande a cherché à faire mentir ses détracteurs en affichant sa confiance dans l'avenir malgré les difficultés rencontrées par l'exécutif, déclarant notamment "La France n'est pas une nostalgie, c'est une espérance". Au-delà de cette posture, qu'est ce que les Français aimeraient que le président leur dise sur la situation actuelle du pays, notamment lors de son passage lundi 5 janvier sur France Inter ? François Hollande a-t-il selon vous pris conscience de la gravité de la situation ?

Marc-Philippe Daubresse : François Hollande est le président de l'échec total. Il a tout raté notamment sur l'emploi. C'est le président de la dette, de l'échec fiscal, de l'échec territorial car la réforme des collectivités territoriales n'est ni faite ni à faire, ne permettant de réaliser aucune économie. C'est le président de l'échec concernant la justice, avec le démantèlement de la politique pénale, et l'échec en matière internationale, celle de la place de la France dans le monde. Il n'a livré aucune annonce lors de ses vœux alors qu'il faut réformer le pays. Il n'a rassuré personne et n'a donné aucune perspective nouvelle. François Hollande a été élu sur des impostures, celle de faire croire que la crise était due à Nicolas Sarkozy et celle de faire croire qu'il allait réaliser une politique beaucoup plus à gauche, et que son ennemi serait la finance alors qu'il mène une politique qui n'est pas à gauche et qui n'est pas assez audacieuse. Là on ne voit pas très bien comment il peut inverser la situation.

Il a conscience de la gravité de la situation, mais alors que les réformes à prendre nécessitent du courage, François Hollande repart dans une impasse : il est politiquement enfermé par son aile gauche et n'a pas les moyens de son action, ne disposant pas de la majorité politique pour la mener. Il ne veut pas aller à la dissolution, qui serait pourtant la seule solution. Il a donné un coup de barre à gauche : dans la mesure où il n'arrive à obtenir aucun résultat en matière de politique économique et sociale il parle de sujets sociétaux comme la fin de vie ou le mariage pour tous. François Hollande a loupé son premier acte et continue de faire de la figuration sur la scène pour le deuxième.

Le chef de l'Etat  n'a formulé aucune nouvelle véritable annonce lors de ces vœux, comme vous le rappelez. Quelles sont les principales mesures que François Hollande devrait prendre rapidement ?

Il faut profondément changer les choses. La France a besoin d'un passage à l'acte. La priorité est de se concentrer sur le chômage, ce qui suppose de prendre des réformes structurelles. L'Allemagne l'a fait pendant des années. Le gouvernement a mis en place un CICE incompréhensible qu'il faut supprimer et remplacer par un système d'allégement de charge. Il faut rétablir la défiscalisation des heures supplémentaires, procéder à une baisse massive des charges sociales et établir un dispositif "zéro charge" pour les TPE qui souffrent le plus en ce moment… Il convient par ailleurs de relancer l'apprentissage pour les jeunes générations, car les filières courtes marchent pour résorber le chômage chez les jeunes. Autre mesure à prendre rapidement, avec un effet psychologique : remonter les seuils sociaux. Elle pourrait permette de relancer l'embauche. Il faut  aussi reprendre le dossier du RSA activité. En fait, il est urgent de redonner un vrai coup de fouet aux entreprises.

Les échéances politiques à venir parasitent-elles l'action du gouvernement ?

Le fait de ne rien faire ne va pas l'aider à gagner les élections puisqu'il est déjà discrédité. Se passer des mesures nécessaires va faire monter le FN aux départementales. Je m'attends à une progression très forte de ce parti avec une forte présence du FN au second tour. Les départementales sont toutefois moins dangereuses que pour les régionales et il est fort possible que le FN prenne une ou deux régions, voire trois. Je pense que la droite va obtenir 70 % des départements aux prochaines élections mais on voit mal comment un département pourrait basculer au FN.

Les Français sont-ils prêts à entendre ce discours et à accepter les réformes nécessaires pour y arriver ?

Je pense que les Français sont non seulement prêts à l'entendre mais ils le savent aussi. Ils attendent de nouvelles propositions. Les blocages viennent surtout des corporatismes provenant d'un électorat de gauche en déshérence. Les Français sont tout à fait prêts à ce qu'on fasse un certain nombre de réformes courageuses pour baisser la dépense publique et revenir à un niveau d'imposition raisonnable comme ce qui a été fait par le Canada.

Nicolas Sarkozy entend mettre en place un nouveau parti politique sur les bases de l'UMP. A quoi pourrait ressembler ce parti ? Sera-t-il prêt pour les élections départementales ?

Comme la plupart des candidats sont connus avec le sigle UMP, ils vont bien sûr faire prévaloir ce sigle lors des départementales en attendant le changement de nom du parti. L'idée est de refaire un rassemblement le plus large possible, de la droite forte jusqu'aux centristes. Concernant le MoDem, François Bayrou semble revenir vers un peu plus de modération et revient aux origines de son engagement politique. Pour moi, plus le rassemblement sera important, mieux la droite se portera. Sinon c'est le FN qui l'emportera. Pour l'instant toutes les tendances sont représentées dans l'exécutif et le bureau politique du parti, avec un dosage subtil, mais la démonstration de l'alchimie n'est pas encore faite.

Propos recueillis par Julien Chabrout

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