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Cure de désintox difficile pour une politique française droguée à la dépense publique
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EDITORIAL

Avec la crise, lutter contre la dette apparaît enfin comme une urgence. De quoi changer la hiérarchie des priorités dans les programmes des différents partis politiques français ?

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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L’été meurtrier de la crise financière la plus sévère depuis près d’un siècle bouleverse l’échiquier politique. Non seulement, le gouvernement est contraint de présenter un budget de rigueur en augmentant les impôts à quelques mois d’une échéance électorale majeure. Mais encore le comportement des partis est lui-même en train de changer.

L’opposition découvre que le monde n’accepte plus que l’on vive au-dessus de ses moyens car les États ne disposent plus de l‘impunité qui a permis à la France d’enregistrer depuis 37 ans avec une belle régularité un budget en déficit. Désormais, on sait qu’un pays peut faire faillite. La France est placée sous le regard des nouveaux chiens de garde, les fameuses agences de notations, mais aussi les banques centrales, les marchés financiers et les autorités internationales. C’est dire que les comportements sont analysés, disséqués, au jour le jour, en limitant considérablement la marge de manœuvre des pouvoirs nationaux. Impossible de promettre que demain on rasera gratis.

Les Français prennent pour la première fois conscience de l’ampleur d’un déficit qui a doublé depuis 2007 et s’élèvera à près de 82 milliards d’euros dans le prochain budget. Le simple paiement des intérêts de la dette est devenu le principal poste de la loi de finances, avant l’éducation nationale ou la défense. Encore la France a-t-elle une chance pour l’instant : le loyer de l’argent est particulièrement bas, mais la perspective d’un retour à la normale des taux (exclue pour l’instant) donne le frisson à tous les dirigeants, car la situation deviendrait vite insupportable, comme on le voit aujourd’hui pour la Grèce et demain pour l’Italie.

La dette au premier plan

Les partis politiques sont donc contraints de revoir leur stratégie en plaçant la dette au premier plan. Le budget en discussion au Parlement comporte quelques signes du nouveau combat à mener. Ils sont encore bien timides. Il faudra sans doute prendre des mesures complémentaires après les élections, car les recettes pourraient bien démentir une loi de finances fondée sur des hypothèses de croissance relativement optimistes. Mais il convient d’agir avec prudence pour désintoxiquer la France droguée à la dépense depuis plusieurs générations.

Cette situation sans précédent devrait conduire à affaiblir les extrêmes et à réduire les tendances centrifuges pour les grandes formations comme le PS ou l’UMP qui seront obligés de serrer les rangs pour faire face à l’impitoyable surveillance des agents extérieurs. La France doit en effet conserver le fameux triple A décerné par les agences de notation, si elle veut éviter une explosion de la charge de la dette dans les années à venir. Pour retrouver une certaine marge de manœuvre, un consensus est indispensable au niveau national pour rechercher une européanisation de la croissance et pas seulement de la dette. Celle-ci implique une marche vers le fédéralisme telle que les États-Unis l’ont conçue jadis pour eux-mêmes. Le meilleur moyen d’échapper à terme à la tyrannie des marchés, et à la menace du déclin.

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