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Perspectives économiques 2015 : une année plus que jamais suspendue aux décisions de la Banque centrale européenne
©REUTERS/Kai Pfaffenbach

Tout ne tient qu'à un fil

Pour Nicolas Goetzmann, si la BCE se décide enfin à racheter massivement des obligations souveraines en vue d'injecter massivement de la monnaie au cœur de l'économie européenne, l'avenir du Vieux Continent pourrait s'éclaircir.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Pour la France le consensus économique relatif à l’année 2015 se révèle similaire à celui de 2014, c’est-à-dire une prévision de croissance de l’ordre de 1% avec une anticipation d’inflation légèrement supérieure à 1%. Malheureusement, si l’on revient sur 2014, il est regrettable de constater que ces prévisions se sont progressivement effilochées pour terminer l’année à 0.4% de croissance et à une hausse constante du chômage.

L’année 2015 est soumise aux mêmes risques, ce qui pose un problème évident concernant le niveau de chômage puisque celui-ci ne pourra baisser durablement que si la croissance s’engage dans une spirale supérieure à 1.5%. Mais l’enjeu décisif de cette année 2015 est ailleurs, car les conditions macroéconomiques françaises dépendent avant tout de ce qui pourrait se passer à partir du 22 janvier à Francfort, lors de la prochaine réunion de la Banque centrale européenne.

En effet, à partir de cette date, il existera une probabilité de mise en place d’un plan de relance monétaire européen, sous la forme d’un assouplissement quantitatif, de la part de la BCE. C’est-à-dire un programme de rachat d’obligations souveraines ayant pour objectif d’injecter massivement de la monnaie au cœur de l’économie.

Cependant, un tel plan ne pourra être réellement efficace, et sortir définitivement le continent de la crise, que si le mandat de la BCE est également révisé en profondeur. En effet, il apparaît indispensable que ce mandat monétaire prenne en compte la recherche du plein emploi, au même titre que la stabilité des prix, comme objectif prioritaire. Il s’agit d’une condition essentielle pour permettre au "QE" (assouplissement quantitatif) de fonctionner à pleine charge.

Mais une telle révision du mandat de la BCE suppose un improbable accord franco-allemand sur le rôle de la monnaie en Europe. Ce qui nous renvoie, très rapidement, à une problématique politique pour cette année 2015 qui est évidemment centrale : la capacité de la France à imposer un nouveau modèle économique européen.

Car dans un monde où l’Arabie Saoudite attaque de front l’ensemble des autres producteurs de pétrole, notamment les Etats-Unis, dans un monde ou la Chine bascule d’un modèle de grand importateur de matières premières à un modèle plus centré vers l’intérieur, ce qui a des conséquences vitales pour de très nombreux pays producteurs de ces matières, dans un monde ou l’Allemagne "s’émancipe" politiquement et assoit sa domination sur l’Europe en imposant son modèle à l’ensemble, la France doit jouer son rôle.

Et ce rôle est bien celui d’un contrepouvoir européen face à l’Allemagne. Parce que ce qui est en cours, c’est l’application à l’échelle européenne du modèle mercantiliste allemand, agressif par nature, et qui est à l’origine de très lourds déséquilibres dans le monde entier. En effet, le retrait du consommateur européen du jeu de l’économie mondiale est une forte source de pression déflationniste qui se ressent sur l’ensemble du globe. Il s’agit d’un déséquilibre majeur qui oblige les autres acteurs à réagir. Et il est peu probable que les Etats Unis, la Chine, ou la Russie se laissent torpiller par cette stratégie comme l’ont fait les Français, les Espagnols ou le reste de l’Europe du sud lorsqu’on l’en était encore à l’échelle intra européenne.

L’enjeu est donc de faire de l’Europe une puissance guidée par son marché intérieur, qui est encore le plus grand marché mondial, et de rectifier ainsi le déséquilibre causé. C’est la base du modèle américain qui ne repose que sur lui-même.

La conclusion est que toute action efficace n’aura pas pour seul objectif de sortir de la France de la crise, mais l’ensemble de l’Europe. Ce qui permettra également d’apaiser les tensions actuelles. La problématique est que pour le moment, ce qui est sur la table n’a que pour seule ambition d’en éviter l’aggravation. Et la stabilisation dans la stagnation qui attend la zone euro pour l’année 2015 n’est pas une réponse suffisante, ni pour les européens, ni pour les autres.

Etant donné la position actuelle de l’Allemagne , son intransigeance vis-à-vis du modèle à suivre, sa prétention de détenir la vérité économique alors que le continent ne connait plus la croissance depuis 6 ans, il n’y a rien de plus à attendre que la croissance 0 et le développement des tensions politiques. Aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la zone euro.

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