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Hervé Gaymard : ce que nous apprennent les contributions des Français recueillies sur le site d’Alain Juppé
©Reuters

Doléances

Alain Juppé a mis en place sur son site une plateforme d'initiatives citoyennes sur laquelle tout un chacun peut poster ses suggestions pour l'élaboration d'un programme rassembleur. L'un de ses plus proches soutiens, le député Hervé Gaymard, nous livre ses premières conclusions.

Hervé Gaymard

Hervé Gaymard

Hervé Gaymard est député UMP de la 2e circonscription de Savoie, et président du conseil général de la Savoie. Il a été Ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie dans le gouvernement Raffarin III.

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Atlantico : Que disent de l'état de l'opinion publique les propositions faites par les citoyens au travers de la plateforme (voir ici) lancée par Alain Juppé ?

Hervé Gaymard : Je tiens tout d’abord à rappeler les trois éléments constitutifs de ce projet de consultation :

Dans un premier temps des groupes de travail ont été mis en place au mois d’octobre à Paris, composés d’experts dans plusieurs domaines, ainsi que d’un certain nombre de bonnes volontés qui se sont associées pour travailler sur l’ensemble des sujets qui concernent les Français.

Ensuite est venue s’ajouter la plateforme collaborative "Agis pour la France", qui nous permet de recueillir les propositions de tous les citoyens qui le désirent.

Troisièmement, nous commençons en ce mois de janvier 2015 une phase de rencontres en province. Deux fois par mois Alain Juppé se déplacera en région, bien souvent sans que cela fasse l’objet d’une médiatisation. Il rencontrera toutes sortes de personnes (patrons de PME, auto entrepreneurs, médecins, enseignants, etc.) pour discuter avec elles et entendre leurs suggestions.

Pour répondre à votre question initiale, nous avons reçu pour l'instant plusieurs milliers de contributions. Forcément, on trouve de tout : certaines sont particulièrement élaborées, comme ce document de plusieurs pages que nous a envoyé un universitaire au sujet de la réforme de l’université, quand beaucoup d’autres sont très courtes, et ont davantage trait à la vie quotidienne des gens, à leur ressenti. Bien que cet échantillon n’ait pas valeur de sondage, il nous permet de nous rendre compte que la défiance à l’égard des élites politiques et administrative et très forte, notamment sur leur capacité à faire bouger les choses. Bien évidemment les questions relatives à l’emploi sont très nombreuses : elles sont très vastes, allant de Pôle emploi aux questions qui concernent directement les entreprises, comme le Régime social des indépendants (RSI) par exemple, qui est un véritable naufrage. Le troisième sujet le plus abordé touche à l’une des principales préoccupations d’Alain Juppé : l’éducation.

Bien d’autres domaines sont concernés, comme celui de l’immigration, et plus particulièrement, le regroupement familial. Certains proposent qu’un service civique soit rétabli, pour remplacer le service militaire disparu depuis plus de vingt ans maintenant. La construction européenne est également un sujet qui préoccupe.

Les contributions sont anonymes, sauf pour ceux qui souhaitent se faire connaître de nous, ce qui rend d’autant plus impossible toute volonté de classification. Néanmoins on sent bien qu’il s’agit d’un public qui dépasse largement les adhérents de la droite et du centre. Je dirais que ce sont les électeurs types d’une future primaire ouverte, c'est-à-dire des électeurs qui ne sont pas embrigadés.

Cette méthode de consultation ne vous apprend rien sur l’électorat d’Alain Juppé ?

Comme je vous le disais, ces contributions n’ont pas valeur de sondage d’opinion. Il nous apparaît que le spectre s’étend du centre droit jusqu’à la droite dite "assumée", ce qui, vous en conviendrez, est assez large. On fait souvent à Alain Juppé le procès d’être le favori des "bobos", or ce n’est pas du tout la tonalité qui ressort des propositions faites. Ce sont manifestement des gens pleinement confrontés aux réalités de la vie, qui travaillent... Bref, ce n’est pas de l’eau tiède !

Que comptez-vous faire de toutes ces propositions ?

Nous les transmettrons aux groupes de travail thématiques que nous avons mis en place. La synthèse effectuée à partir des trois canaux que j’ai décrits un peu plus tôt contribuera à forger le projet qui sera présenté par Alain Juppé. Bien entendu, il ne faut pas s’attendre à ce que tout ce qui aura été discuté se retrouve dans ses discours et les interviews qu'il accordera. D’un côté il y aura les grands axes du projet présidentiel, et de l’autre, pléthore de sujets qui ne peuvent pas tous être exposés. Ces sujets ne sont en aucun cas des points de détails, mais étant, pour certains d’entre eux, très techniques, il n’est pas aisé de disserter longuement dessus.

Un certain nombre de propositions envoyées correspondent à ce que préconise la "Droite forte", dont ne se réclame pas Alain Juppé. La multiplicité des courants au sein de la droite n'est-elle pas une entrave à sa volonté de rassembler ?

Pas du tout. Alain Juppé fera la différence sur son projet, et ensuite sur sa personne. Ce n’est pas parce qu’une personne émet une proposition semblant correspondre à ce que préconise la Droite forte qu’elle doit être considéré comme appartenant d’un seul bloc à ce mouvement. Par définition, nous avons tous un cerveau avec une partie gauche et une partie droite, ce qui peut occasionner beaucoup de contradictions. Mais il n’y a pas que les propositions qui comptent, il y a aussi celui qui les porte, et de ce point de vue, Alain Juppé bénéficie d’une présomption d’autorité et de compétence qu’il ne faut pas sous-estimer.

Tout de même, la pluralité des propositions, dont certaines ont trait à l’identité nationale, à l’immigration ou à la sécurité, ne place-t-elle pas Alain Juppé face à un dilemme dans l’élaboration de son programme ?

Nous n’en sommes pas encore là, ce n’est que le début de notre démarche. On a beau connaître l’identité politique d’Alain Juppé, il n’empêche qu’en tant que candidat il doit savoir rassembler par son autorité les sensibilités différentes. C’est ce qu’ont réussit tous les candidats, jusqu’ici : Sarkozy en 2007, Chirac en 1995, et Mitterrand aussi, à sa manière en 1981. La surabondance d’articles sur le caractère trop centriste d’Alain Juppé n’a pas de sens : il faut par définition rassembler le plus possible à partir de la crédibilité du candidat et du caractère novateur de son projet.

Nous n’avançons pas dans l’optique de tout savoir tout de suite. Que les propositions soient diverses et qu’elles puissent s’adresser à Alain Juppé ou à tout autre, c’est positif : nous avançons avec humilité, au contact du terrain et des gens, ouverts à toutes les propositions et sans dogmatisme.

Propos recueillis par Gilles Boutin

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