Bill et Hillary Clinton : comment le fiasco électoral de 1994 les atteint<!-- --> | Atlantico.fr
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Le couple présidentiel
Le couple présidentiel
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Bonnes feuilles

Dans "Bill et Hillary Clinton. Le mariage de l'amour et du pouvoir", publié aux éditions Tallandier, Thomas Snégaroff raconte l'histoire d'un couple à la conquête du pouvoir. Extrait 1/2.

Thomas Snegaroff

Thomas Snegaroff

Historien, spécialiste de la présidence américaine. Professeur en classes préparatoires et à Sciences Po Paris. 

Auteur de Faut-il souhaiter le déclin de l'Amérique? (Larousse, 2009).

A paraître en 2012: L'Amérique dans la peau. Regard sur la présidence américaine (Armand Colin). 

 

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Le fiasco électoral de novembre 1994 est prévisible. Le sondeur Stan Greenberg prévient Clinton que les démocrates risquent de perdre la Chambre et le Sénat. Dick Morris est de cet avis. Le président n’en croit pas un mot pour le Sénat. L’histoire lui donnera tort. Il aurait également dû écouter les conseils de Morris lui déconseillant de faire campagne lui- même en apportant son soutien à des candidats.

L’échec de 1994 devient son propre échec, et celui d’Hillary. Non seulement le Congrès est aux mains des républicains, mais quelques États se donnent des gouverneurs également républicains à l’image du Texas, qui élit à la surprise générale le fils de l’ancien président, George Walker Bush . Même à New York, l’inamovible Mario Cuomo est battu. Le coup est terrible pour Clinton. Son premier mandat s’achève. Jamais les républicains ne travailleront avec lui pendant les deux années qui lui restent. Gingrich a gagné. Son « Contrat pour l’Amérique » surfant sur la nostalgie des années Reagan a séduit les électeurs. Baisser les impôts, augmenter les dépenses militaires, équilibrer le budget, casser l’État providence…

En réalité, dans leur grande majorité, les Américains sont incapables de résumer le programme républicain. Ce qu’ils savent en revanche, c’est qu’ils veulent sanctionner lourdement les Clinton. Les punir sévèrement. Cet échec est vécu péniblement par Bill et Hillary. Leur déprime, voire leur dépression, les ramène quatorze ans plus tôt quand le gouverneur de l’Arkansas avait été chassé de la résidence. Maggie Williams , la secrétaire générale d’Hillary, mais aussi son amie, la retrouve en pleurs plus d’une fois dans les couloirs de la Maison Blanche. Hillary est inconsolable. Et ce n’est pas la lecture des quotidiens qui peut la réconforter. Elle y est décrite comme celle par qui tous les problèmes de la Maison Blanche sont arrivés. Les affaires et l’échec de la réforme de la santé ont conduit au désastre. Pas tant en elle- même mais pour ce qu’elle révèle de la dynamique du couple Clinton.

Bill et Hillary ont vendu pendant la campagne de 1992 une présidence pour laquelle les Américains en auraient « deux pour le prix d’un ». Comme si Bill et Hillary à la Maison Blanche, ce serait Bill + Hillary. Ce discours séduisant s’est heurté de plein fouet à une autre réalité une fois au pouvoir. Comme l’a parfaitement résumé Dick Morris, pour les Américains, le couple Clinton est perçu comme « un jeu à somme nulle ». À mesure qu’Hillary se montre puissante et déterminée, Bill s’affaiblit et apparaît dominé. Or, les Américains cherchent toujours en leur président un commander in chief viril et digne de ce nom. Ils ont durement sanctionné Carter et sans la féminisation de Michael Dukakis , George H. Bush aurait pu davantage encore souffrir de son image de « mauviette ».

Les Clinton incarnent la famille américaine moderne, celle du baby- boom. La femme travaille et peut même gagner plus que son mari. Elle a gagné en autonomie et ne sacrifie plus son ambition sur l’autel de celle de son époux. Mais, au sommet de l’État, les Américains ne semblent pas prêts à une telle révolution. Les adversaires des Clinton l’ont très tôt compris, dressant le portrait d’un président faible, car, c’est sous- entendu, incapable de « tenir sa femme ». Une blague fait hurler de rire Washington à cette époque : « Que se passe- t-il si on fait une injection de testostérone à Bill Clinton ? Il devient Hillary Clinton. » Il faut dire qu’alors les Clinton ne font guère attention à leur image. Hillary révèle à un dîner au Capitole organisé pour les femmes vétérans de l’armée qu’elle a songé à s’engager dans les Marines en 1975, tandis que Bill déclenche un énorme scandale en immobilisant Air Force One à l’aéroport de Los Angeles pendant une heure, le temps que Christophe, son coiffeur de Beverly Hills, puisse arriver et lui couper les cheveux avant que l’avion présidentiel ne reparte pour la capitale. Une partie de l’aéroport a été bloquée, des vols retardés… Les républicains s’en donnent à coeur joie. Un représentant de l’Indiana, Dan Burton, déclare à la Chambre que Clinton « devrait être plus préoccupé à couper le déficit que ses cheveux ».

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