Adultère, ramadan, jeux de mots… l’inventaire à la Prévert de tout ce que la Chine a interdit en 2014<!-- --> | Atlantico.fr
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Xi Jinping le président de la République populaire de Chine
Xi Jinping le président de la République populaire de Chine
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Vive la démocratie

Les médias, Windows 8, mais aussi l'art, les jeux de mots et les parapluies : la censure chinoise n'a pas chômé en 2014.

En 2013, le Parti communiste chinois, dirigé par Xi Jinping, avait réduit au silence les défenseurs des droits de l'homme et ses opposants les plus populaires sur Internet, tout en établissant de nouvelles règles d'austérité pour les membres du parti. Cette année, les mesures de répression sont devenues encore plus intenses. Le leader chinois a travaillé des heures supplémentaires pour évincer les fonctionnaires corrompus et emprisonner ses adversaires modérés comme Ilham Tohti. Cet universitaire appartenant à la minorité ouïghour a été condamné par la justice chinoise a une peine de prison à vie pour avoir dénoncé sur son site internet Uighurbiz.net, la répression de l’ethnie musulmane et turcophone des Ouïghours dans leur région, le Xinjiang. La répression a également pris une tournure étrange. La Chine a mis en place de nouvelles orientations culturelles restrictives qui ont souvent inspiré des moqueries à l'étranger.

Les médias étrangers

Le Monde, El Pais, Le Guardian et la SRC ont vu leurs sites internet bloqués en Chine en janvier, pour avoir publié des révélations sur l'argent caché dans des paradis fiscaux de proches du régime. Les documents sur lesquels Le Monde et les autres médias concernés ont travaillé ont été obtenus par le Consortium de journalisme d'investigation américain ICIJ. Il s'agit de données confidentielles portant sur 20 000 clients originaires de Chine ou de Hongkong liés à des compagnies offshore.

En 2012, les sites du New York Times et de l'agence Bloomberg avaient également été bloqués après la parution d'articles sur la fortune de plusieurs dirigeants chinois. Le gouvernement chinois a également renforcé sa censure à l'occasion des célébrations du 25e anniversaire du massacre de la place Tiananmen en juin et après le mouvement de protestation dit "Révolution des parapluies" qui a commencé en septembre. A la fin de l'année, seulement une poignée de sites internet étrangers étaient encore accessibles en Chine.

La pornographie

Les autorités chinoises ont mené une véritable vendetta contre les sites pornographiques, coupant l’accès à plusieurs milliers de sites, moteurs de recherche, blogs, applications mobiles et Web TV à caractère pornographique ou érotique. Si la pornographie est proscrite en Chine depuis que la République populaire a été fondée en 1949, le pays n'en figure pas moins parmi les plus gros consommateurs de films X de la planète. L'objectif de Pékin est peut-être plus politique qu'il n'y parait. La technologie utilisée pour traquer les contenus pornographiques est la même que celle utilisée par le passé pour censurer les contenus politiques.

Windows 8

Le 20 mai, les bureaux du gouvernement chinois ont reçu l'interdiction de mettre à jour leur ordinateur pour installer le dernier système d'exploitation de Microsoft Office. Les autorités chinoises auraient pris la décision de bannir totalement le système d'exploitation Windows 8 des ordinateurs du gouvernement, ainsi que ceux utilisés au sein des établissements publics. Pékin dénonce les risques sécuritaires encourus. Mais l'annonce est intervenue au lendemain de l'inculpation, aux Etats-Unis, de cinq officiers de l'armée chinoise pour "piratage informatique" et "espionnage économique".

Les équipes informatiques locales n'ont d'autres choix que de rester sur Windows XP, réputé  instable et facile à pirater, ou un système d'exploitation "maison" Ubuntu Kylin que le gouvernement soutient.

L'adultère

Avoir (au moins) une maîtresse est devenu tellement courant pour les hommes de pouvoir chinois qu'il serait un des facteurs de la hausse des prix de l'immobilier à Pékin. Nombre d'entre elles sont devenues des lanceurs d'alerte dans des cas de corruption. Se méfiant, peut être à juste titre, des maîtresses de ces messieurs, le CCBP, l'organe de lutte contre la corruption chinois, a déclaré le 7 juin que les membres du Parti seraient désormais tenus à une norme morale plus élevée que le reste de la population. Commettre l'adultère sera désormais un motif de licenciement et de bannissement du parti.

Les rapports non validés

Les journalistes en Chine qui ont publié des rapports politiquement sensibles de corruption interne ou de dissimulations ont risqué l'arrestation par le passé. Mais en 2014 le gouvernement chinois va encore plus loin. De nouvelles règles publiées le 18 Juin leur interdisent de publier des rapports sur un sujet qui n'aurait pas été validé au préalable, ou de produire des rapports sur des sujets en dehors de leur domaine de compétence.

Le ramadan

Le festival religieux islamique a commencé dans le monde entier le 28 Juin , mais beaucoup de musulmans en Chine n' ont pas participé. Le jeûne et autres activités religieuses ont été interdits dans les bureaux gouvernementaux, les hôpitaux et les écoles dans la région du Xinjiang de la Chine, où environ la moitié de la population est musulmane.

Les nouveaux bâtiments publics

À la fin de Juillet, le parti a imposé un moratoire de cinq ans sur la construction de nouveaux bâtiments appartenant à l'Etat. Cette mesure a peut-être comme objectif de décourager la construction continue de bâtiments somptueux mais inutiles car sous-utilisés, comme les nombreuses Tour de l'Horloge qui ont vu le jour à travers le pays.

L'art qui a "l'odeur de l'argent"

Dans son discours du 15 octobre, le président chinois demandait aux artistes "de ne pas se perdre dans la marée de l’économie de marché" et de produire des œuvres qui ne sentiraient pas "l’odeur de l’argent". Dans le même discours, Xi Jinping dénonçait ainsi la "vulgarité" de certaines productions, encourageant vivement les artistes à promouvoir les "valeurs socialistes", le patriotisme et à"servir le peuple". Suite à ce discours qui dénonçait la "vulgarité" de certaines créations artistiques, l'administration d'Etat qui gère les productions culturelles et l'information a décidé l'envoi d'artistes en zones rurales pour vivre au milieu des classes populaires et "développer une vision correcte de l'art". Une campagne de rectification aux faux airs de révolution culturelle.

Les contenus "obscènes" dans les films et à la télévision

Le 13 novembre, le chien de garde des médias chinois, l'Administration d'Etat de la Presse, de l'édition, de la radio, du cinéma et de la télévision, a émis une interdiction générale sur les émissions de télévision et les films qui montreraient des "relations polyamoureuses, relation d'un soir, abus sexuel, pornographique." Sont également proscrits les représentations de "viol , de fornication, de nécrophilie, la prostitution ou la masturbation, les assassinats violents, les suicides, les enlèvements, l'abus de drogues, les jeux ou les événements surnaturels" ainsi que les sites Web qui montrent des photos ou contenus parlant de " sexe et de nudité".

Appliquer l'interdiction pourrait être difficile pour le géant de l'Internet Tencent qui diffuse notamment les contenus de HBO. La première en 3D du ​​film de gangsters "Gone with the Bullets " a été retardée pendant plusieurs jours pour satisfaire les censeurs.

Les jeux de mots

La dernière interdiction du mois de novembre : "l'utilisation irrégulière et inexacte de la langue chinoise, en particulier l'utilisation abusive des idiomes." Cette interdiction ne s'applique techniquement qu'à la presse, les films et la publicité. Mais le gouvernement adresse un message effrayant aux internautes chinois : le parti chinois n'est pas amusé par votre utilisation des jeux de mots pour discuter de sujets politique sur la toile.

L'utilisation inappropriée de l'hymne nationale

L'hymne  "March of the Volunteers" reflète "l'indépendance nationale et la libération, un pays fort et prospère et la richesse du peuple." Elle ne devra donc plus être jouée dans les mariages, les funérailles, les bals, les spectacles ou dans les arènes commerciales. Le média d'Etat a expliqué à la mi-décembre le nouvel usage approprié de l'hymne.

Les parapluies

Après que les parapluies sont accidentellement devenus le symbole des manifestations pro-démocratie à Hong Kong , la presse et les spectateurs ont été empêchés de les utiliser pendant le voyage de deux jours de Xi Jinping à Macao. La presse s'est vue remettre des imperméables à la place, a rapporté l'AFP.

Quartz

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