Alerte au froid : ce que les basses températures font vraiment à notre organisme<!-- --> | Atlantico.fr
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Il fera très froid ce lundi sur la majeure partie de la France
Il fera très froid ce lundi sur la majeure partie de la France
©Reuters

Gla-gla

La France connait depuis quelques jours une baisse importante de la température. Et selon Météo France, le grand froid commencera à partir du lundi 29 décembre, alors que de nombreuses personnes sont toujours bloquées dans leurs voitures, voire tout simplement dans la rue...

Emmanuel Cauchy

Emmanuel Cauchy

Emmanuel Cauchy, alias docteur Vertical, est guide et médecin du secours en montagne à Chamonix depuis 20 ans.

Spécialiste des maladies de montagne et des pathologies du froid, il est aussi médecin d’expédition et auteur de nombreuses publications scientifiques.

Il est également un des membres fondateurs de l'institut de formation et de recherche en médecine de montagne (Ifremmont).

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Atlantico : Au quotidien, quelles sont les conséquences du froid sur notre organisme ?

Emmanuel Cauchy : Il y a deux principales conséquences médicales. La première est l’hypothermie et la deuxième est l’apparition de gelures au niveau des extrémités des membres. On constate également l’apparition de petites pathologies moins graves et moins fréquentes comme les engelures, les syndromes de Raynaud et des allergies liées au froid.

>> Lire également Météo France : le froid se renforce lundi, températures négatives presque partout

Quelqu’un qui reste dans un grand froid en n’étant pas protégé (comme un SDF qui reste sur un sol froid la nuit, ou une personne qui aurait décidé de dormir dans sa voiture) peut rentrer dans une hypothermie grave en seulement quelques heures. Cela peut aller très vite, il peut s’endormir et rentrer en hypothermie en quelques temps. C’est proportionnel à l’intensité du froid, et aussi au vent qui l’accompagne. Le vent augmente énormément le pouvoir de refroidissement d’une température.

D’autre part il y a également des risques de gelures qui peuvent aboutir à des amputations au niveau des mains et des pieds. Nous avons beaucoup d’appels de différents hôpitaux qui demandent les protocoles thérapeutiques que l'on a mis en place.

Avez-vous remarqué dans votre activité de médecin une augmentation des soins sur les personnes touchées par le froid ?

Nous sommes en montagne donc la majorité des patients sont des montagnards qui se font surprendre par le froid. Mais dans les périodes très froides, on compte 20% à 30 % de personnes qui ne sont pas des montagnards et qui font des soins de médecine fixe ou des gens qui sont en hôpitaux psychiatriques et font des fugues, très peu vêtus. Dans un environnement très froid, cela peut avoir des conséquences très graves. Dernièrement on a pris en charge des personnes gravement atteintes par le froid, nous avons dû procéder à des amputations irrévocables aux niveaux des mains et des pieds.

Quelles autres incidences le froid peut-il avoir sur notre organisme ?

On doit nécessairement consommer beaucoup plus de réserves énergétiques pour produire de la chaleur afin de combattre le froid. Le froid peut donc influer sur notre état de fatigue de façon significative. Conséquemment, la nutrition peut augmenter deux à trois fois plus que dans une situation normale en climat tempérée.

Il peut également influer sur notre poids. Le froid fait plutôt maigrir (c'est lié à la quantité de calories brûlées). Mais cela dépend de l’adaptation des gens : ceux qui n’ont pas l’habitude du froid ne vont pas réagir de la même façon que ceux qui ont l’habitude de vivre au froid pendant plusieurs mois. Il y a également des modifications morphologiques et comportementales

Il existe enfin une incidence directe sur le moral puisque l'on doit diminuer ses activités. Les personnes qui sont hyperactives ou qui ont des impératifs se voient démunies de leur  énergie. C’est difficile à accepter, cela a donc un impact psychologique : une influence sur le moral et le tempérament des gens surtout quand les températures sont assez basses parce que l'on a un vrai ralentissement des activités intellectuelles et physiques sur la journée.

Quel est le risque pour les personnes qui peuvent être surprises par le froid, et existe-t-il des moyens pour lutter contre celui-ci ?

Pour avoir vécu des situations très proches de l’hypothermie, je pense que la mort par hypothermie est quand même plus agréable parce ce que le corps s’engourdit et on finit par ne plus rien sentir. Quand on arrive à 31 ou 32 degrés de température centrale, même si avant c’est très désagréable, on arrive vite à l’engourdissement. Ce qui est même un peu le problème car cette sensation est "confortable" et on s’abandonne. Cela empêche donc de se battre et de s’en sortir.

Il y a trois éléments contre lesquels on doit essayer de lutter :

La température. Il faut travailler sur l’isothermie. Il faut donc des vêtements isothermiques qui evitent la perte de la chaleur.

Le vent. Il augmente le pouvoir de refroidissement de la température. Il faut des surfaces imperméables qui cassent le vent, comme Gore Tex ou le Sympatex. Pour les plus démunis d'entre nous, se protéger derrière des cartons ou des protections diverses.

L’humidité. Elle augmente le pouvoir de production et donc la déperdition calorique. Il faut donc éviter de transpirer.

Il faut ingurgiter et emmagasiner des carburants pour stocker la chaleur. Pour cela on doit consommer des sucre lents (nouilles, pates, riz) et acides gras type végétaux qui permettent de conserver la chaleur, un peu comme un diesel, donc sur une longue durée.

En résumé, s'il fallait donné un conseil au plus démunis d'entre nous, cela serait de :

  • ne pas être en contact avec le sol
  • bien s’isoler
  • se protéger du vent 
  • ne pas trop se dépenser.

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