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Autour de la table de Noël les débats sont parfois houleux.
Autour de la table de Noël les débats sont parfois houleux.
©AFP

Petits dîners entre chieurs

Que ce soit à propos de la dangerosité d'un Zemmour trop présent dans les médias, sur la reprise économique annoncée pour 2015, ou encore au sujet du caractère inébranlable de Vladimir Poutine, les retrouvailles de fin d'années et autres réveillons n'amènent pas uniquement des plats délicieux à table. Petit florilège d'éléments indispensables pour recadrer les débats.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Laurent Chalard

Laurent Chalard

Laurent Chalard est géographe-consultant, membre du think tank European Centre for International Affairs.

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Cyrille Bret

Cyrille Bret

Cyrille Bret enseigne à Sciences Po Paris.

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Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Google et Yahoo, internet

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président d'Aimer Paris et candidat à l'élection municipale de 2020. Il est l'auteur de La marche des lemmings ou la 2e mort de Charlie, et de Nous-Fossoyeurs : le vrai bilan d'un fatal quinquennat, chez Plon.

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Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Sur le chômage : "si les entreprises n'embauchent pas, c'est parce qu'elles paient trop de charges"

Nicolas Goetzmann : A une telle d’affirmation, il est possible de répondre par la positive mais il convient de contextualiser. "Tu as parfaitement raison sauf que". Car en temps "normal" c’est-à-dire lorsque la demande est proche de son niveau d’équilibre, une baisse des charges a bien un effet positif sur l’emploi. "Tu as donc raison". Sauf que nous ne sommes pas en temps normal, et que l’Europe souffre aujourd’hui d’une crise de la demande, qui se traduit dans la réalité par une croissance et une inflation proches de 0. (Et la demande est la somme des deux). Ce qui signifie que la baisse de charges que tu proposes n’aura aucun effet sur le taux de chômage actuel. Une telle baisse des charges reviendrait à soigner un ongle incarné à une personne qui vient de se faire renverser par un 38 tonnes : c’est très bien, mais ce n’est vraiment pas la priorité, parce que le patient va y passer. De plus, il suffit de regarder les résultats du CICE, qui est un plan de baisse de charges, pour se rendre compte que les effets ne sont pas vraiment au rendez-vous.

>> A lire aussi : Le faux problème qui complique les débats français ? La vérité sur le coût du travail dans l’hexagone et La grande farce de la modération salariale ou l'aveu du patronat français de son renoncement à la croissance

Sur les réformes dont la France a besoin : "la solution, c'est le modèle allemand"

Eric Verhaeghe : La prospérité allemande est tout sauf le produit d'un modèle exportable. Si, effectivement, une part de la prospérité de l'Allemagne s'appuie sur des caractères reproductibles (mais difficilement...) comme une excellence industrielle reconnue, et qui lui permet de vendre à n'importe quel prix, c'est surtout grâce à des circonstances politiques exceptionnelles que l'Allemagne s'est enrichie et continue à s'enrichir. En particulier, la prospérité allemande repose sur l'accès à un espace économique qui lui apporte une main-d'oeuvre peu chère et des débouchés importants. Cet espace, qui correspond aux pays d'Europe de l'Est après la chute du Mur, est une constante dans la construction historique de la Prusse, depuis Frédéric jusqu'à Angela Merkel en passant par le IIIè Reich. Ce bassin de prospérité a pu se construire avec la complicité coupable d'une élite française qui, après 1989, a fait le choix d'une  forme d'europolitisme, voire de cosmopolitisme, en nourrissant des mythes mensongers, comme celui de l'unité d'intérêt entre la France et la Prusse. Grâce à cette candeur, l'Allemagne a pu graver dans le marbre des choix de politique économique comme l'euro fort ou le désinvestissement public qui affaiblissent la France. Pour faire repartir l'économie française, il faut certes rétablir les comptes publics et remettre l'administration sous contrôle, notamment en supprimant de larges couches de réglementations, mais il faut aussi lancer un New Deal qui donnera un coup de fouet à l'investissement. Projet qui est aux antipodes du projet prussien.

>> La preuve que l'austérité, ça marche surtout quand on ne l'utilise pas La méthode Cameron ou l'austérité qui n'en était pas : Valls en voyage au pays de l'inversion totale de la courbe du chômage

Nicolas Goetzmann : Pour imiter les allemands, il faut déjà savoir ce qu’a fait l’Allemagne. Au début des années 2000, le gouvernement, le patronat et les syndicats se sont mis d’accord pour que les salaires arrêtent de progresser. Entre 2000 et 2005, la part des salaires va fortement baisser dans la valeur ajoutée, alors que les profits des entreprises vont augmenter de façon considérable. Jusqu’ici, on peut considérer que tout va bien, l’objectif de "compétitivité" semble être atteint. Mais le trou apparaît à ce moment-là. Car selon la phrase de Helmut Schmidt, "les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain". Et justement, les nouveaux profits récoltés par les entreprises allemandes n’ont pas été investis en Allemagne. Au moment où les profits ont augmenté, la part des investissements a baissé dans le PIB. Parce que les entreprises allemandes ont investi à l’étranger et non en Allemagne. Pour une raison simple, quel est l’intérêt d’investir dans un pays ou les salaires stagnent et ou la démographie est déclinante ? Pour faire simple, elles ont financé leurs exportations. Voilà pourquoi l’Allemagne dispose d’un surplus de compte courant. Le problème est que si ce type de politique se reproduit ailleurs dans la zone euro, elle va agir comme une compétition salariale négative sans fin. Il ne s’agit pas d’œuvrer pour un intérêt général européen en mettant l’accent sur la demande intérieure comme le font les Etats Unis, mais de mener une lutter à mort à l’intérieur de la zone euro. Si la "côte d’amour" de la zone euro est un peu en berne, cela n’est pas tout à fait sans raison.

>> Et l'argument qui achèvera vos adversaires : Et paf dans le pif du modèle allemand : si l’Allemagne avait la démographie de la France, elle serait à 11% de chômage

Sur l'austérité : "on ne pourra pas s'en sortir sans en passer par là"

Nicolas Goetzmann : C’est un point de vue moral, pas un point de vue économique. Les politiques d’austérité qui sont restées célèbres, comme la Suède et le Canada des années 90, avaient ceci de particulier qu’elles n’étaient pas une pure austérité. Il s’agissait d’un «policy mix" combinant une politique budgétaire restrictive et une politique monétaire expansionniste. Ce que le budgétaire prend d’une main, le monétaire le redonne de l’autre. C’est la politique menée aujourd’hui au Royaume Uni avec un certain succès (chômage de 6% et croissance de 3%). Mais ce n’est pas du tout la même chose que la politique européenne qui consiste en une double austérité ; budgétaire et monétaire. Car une stratégie du tout "austéritaire" à l’européenne n’a pas de précédent heureux. L’Europe des années 30 avant les dévaluations ? La Grèce ? L’Espagne ? Le Portugal ? Tout ceci est fait pour que la "confiance" soit de retour. Mais cette notion de confiance ne repose sur pas grand-chose, sinon sur les anticipations des agents économiques. Et ça, c’est précisément le rôle d’une Banque centrale, c’est-à-dire de contrôler les anticipations des agents économiques. D’où le succès du Canada, de la Suède, et du Royaume Uni aujourd’hui : l’austérité est possible si, et seulement si le pouvoir monétaire agit en soutien.

Sur la situation économique : "l'Insee le dit, la reprise, c'est pour bientôt"

Nicolas Goetzmann : L’INSEE ne dit rien de tel. L’INSEE indique que "les freins se desserrent" pour 2015, ce qui n’est pas non plus une formidable promesse de lendemains qui chantent. Au même moment, la BCE, le FMI, l’OCDE ont abaissé leurs prévisions de croissance et d’inflation pour la zone euro en 2015 : ce sera environ 1% de croissance. De plus, l’INSEE indique également que si la croissance devrait atteindre 0.7% en France à la mi 2015, cela ne suffira pas à faire baisser le chômage. Ce qui signifie que l‘objectif d’inverser la courbe du chômage en 2013 ne devrait pas se produire avant au moins la mi 2015. Et si reprise il y a en 2015, elle ne sera que le résultat d’une action d’ampleur menée par la Banque centrale européenne. Une telle action pourrait avoir lieu le 22 janvier prochain, mais il y a fort à parier que celle-ci soit trop timide. La Banque centrale européenne a pris pour habitude de beaucoup promettre et de toujours décevoir.

>> Pour relativiser les chiffres : Enthousiasme général pour les prévisions de croissance en 2015 : quand un chiffre identique inquiétait l'Insee un an auparavant

Sur François Hollande : "non seulement, il va se représenter, mais il peut gagner en 2017"

Eric Verhaeghe : Qu'il se représente est une quasi-certitude. François Hollande est un animal politicien, et il est programmé pour être candidat, quelle que soit l'élection. Que la France s'enfonce peu à peu dans les sables du marasme n'est pas fait pour le rebuter. Il a laissé derrière lui une Corrèze sinistrée mais n'a jamais hésité à s'y représenter. Il est donc tout à fait capable de reproduire ce modèle au niveau national. D'une certaine façon, François Hollande dément à lui seul la théorie de Peter: il a dépassé depuis longtemps son seuil d'incompétence, mais il continue à monter... Gagnera-t-il? Qu'il doit être rassurant de se donner une visibilité politique sur les trois ans à venir. C'est le meilleur antidote contre la somme d'incertitudes et de risques qui se coalisent peu à peu en France et dans le monde: terrorisme, conflits latents notamment avec la Russie, perturbations économiques liées à la crise énergétique, à l'euro, aux déséquilibres financiers, montée des angoisses intérieures... Qui sait à quoi ressemblera le monde ne serait-ce que dans 18 mois...

Pour en savoir plus : Pour en savoir plus : 6 raisons pour lesquelles François Hollande condamne la seconde moitié de son quinquennat au même enlisement de la 1ère et Pourquoi François Hollande n’a aucune raison de recommencer à y croire

Serge Federbusch : Il ne passerait pas le cap des primaires à gauche et va donc tenter de les éviter soit par la dissolution soit par la manipulation. Dans un cas comme dans l'autre cela échouera. Peu de choses sont quasi sûres en politique mais Hollande a atteint un degré de détestation inédit qui ne lui laisse quasiment aucune chance d'être réélu.

Sur Eric Zemmour : "il faudrait l'empêcher de s'exprimer"

Eric Verhaeghe : Voilà une belle polémique parisienne: car, dans cette phrase, il faut sous-entendre "l'empêcher de s'exprimer dans les médias officiels". L'intérêt du débat français aujourd'hui est qu'il n'a plus lieu dans ces médias, qui sont largement devenus l'espace d'expression d'une aristocratie décadente, obnubilée par un prêt-à-penser lissé selon les codes de l'étiquette bobo. Interdire Zemmour d'antenne, c'est le promettre à un avenir infiniment plus virulent: celui de l'expression "underground" des médias sociaux, qui sape jour après jour le régime sans que la Cour ne le voit. Pour l'élite bobo parisienne, cette "déportation" du débat sonne comme un glas. Peu à peu, le poison d'une remise en cause radicale du système se diffuse dans les tissus nerveux de la société sans qu'aucun esprit raisonnable ne puisse en mesurer la quantité. Moins le débat est ouvert, plus il est refoulé aux marches de la raison et de l'empire, et plus ses conséquences risquent d'être dangereuses pour l'intérêt général... et pour ces penseurs uniques qui mettent de plus en plus de dissidents à l'index.

>> A lire aussi sur ce sujet : Derrière Zemmour, la liberté d’expression : quand les bonnes intentions sapent les fondements de la démocratie et Affaire Zemmour : quand les organisations antiracistes se trompent de combat en refusant le débat

Serge Federbusch : Depuis des décennies, à ce rythme on pourra bientôt dire un siècle, des pères-la-vertu font tout pour extirper du cerveau blanc américain la semence abjecte du racisme. Résultat : des excités continuent de défiler dans les rues pour protester contre le sort fait aux Noirs par la police. Encore aux Etats-Unis la parole est-elle plus libre qu'en France, même si le politiquement correct et l'auto-censure y sont plus forts, comme l'a démontré l'impossibilité de distribuer le film "Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu?" outre-atlantique. Bref, la censure ne sert à rien, rien de rien et il faut une sacrée dose de méconnaissance de l'histoire pour penser le contraire. Quant à Zemmour, il ne me semble pas plus raciste qu'un membre du Front de gauche parlant des riches ou des banksters.

>> Et pour remettre le phénomène Zemmour dans son contexte : Zemmour, Gattaz, Houellebecq et cie : quand l'obsession pour les "affreux jojos" tourne à l'asphyxie intellectuelle

Sur le FN : "il n'y a plus que Marine Le Pen qui puisse faire bouger les choses"

Eric Verhaeghe : Mais... le FN, c'est l'illusion que le mouvement peut ne pas se faire! Le succès du Front National, qui est probablement mieux ancré qu'on ne le pense, repose sur l'idée que la France peut annihiler d'un coup de baguette magique les 40 années qui viennent de s'écouler pour revenir à une sorte d'âge d'or à l'abri du temps, de la concurrence internationale, de la transformation numérique, des gains de compétitivité. A peine arrivé au pouvoir, le pot-aux-roses ne tardera pas à apparaître. Les ouvriers qui votent Front National auront probablement moins d'immigrés dans les rues (et encore...), mais les usines où ils travaillaient ne rouvriront pas, et ils devront quand même apprendre un autre métier pour retrouver du travail. La grande force de Marine Le Pen est de parvenir à maintenir l'ambiguïté sur tous ces sujets. Et comme vous le savez, on sort toujours de l'ambiguïté à son détriment.

>> A lire aussi pour répondre à ceux qui considérent que l'intérêt pour le FN révèle une fascisation de la société : Marine Le Pen, meilleure opposante de France : l’élément qui explique ce “succès” et qui n’a pas grand-chose à voir avec ce qu’elle dit et Georges Marchais réincarné ? Comment Marine Le Pen transforme lentement mais sûrement le FN en parti communiste version 70'

Serge Federbusch : Si le FN arrivait au pouvoir, ce serait la curée pour les quelques petits malins opportunistes qui gravitent autour de sa cheftaine et Grosjean-comme devant pour tous les autres. Il tentera de se normaliser mais la gravité du contexte et l'amateurisme incohérent de ses propositions aboutirait vite au chaos. Cela étant, peut-être le chaos est-il devenu une nécessité transitoire en France.

>> Et pour de vrais arguments sur son programme économique qui passe totalement à côté des enjeux : Sortie de l’euro : quand les calculs et raisonnements du FN se heurtent à la réalité des mécanismes monétaires

Sur l'immigration : "de toute façon, on ne peut économiquement pas s'en passer "

Laurent Chalard : Contrairement à certains de ses voisins, comme l’Allemagne ou l’Italie, la France n’a théoriquement plus besoin aujourd’hui d’une immigration importante, du fait d’un indice de fécondité proche du seuil du renouvellement des générations (2 enfants par femme environ). Sauf évolution future à la baisse de la fécondité, le maintien du niveau de main d’œuvre, souci premier des économistes, est donc quasiment assuré dans les prochaines décennies. Cependant, dans certains secteurs d’activité, le recours à l’immigration demeure indispensable du fait de l’impossibilité de trouver de la main d’œuvre résidente en France (qu’elle soit issue de l’immigration ou non) souhaitant travailler et/ou étant compétente dans certains domaines (pensons au BTP). L’incapacité plus particulièrement à insérer correctement sur le marché du travail une partie des enfants issus de l’immigration contraint la France à continuer d’importer de la main d’œuvre, d’où l’enjeu majeur de l’éducation et de la formation professionnelle des populations déjà présentes sur notre territoire. En effet, dans un contexte de chômage de masse, il paraît fortement regrettable de ne pas pouvoir trouver sur place la main d’œuvre nécessaire au bon fonctionnement de l’économie française.

>> Pour en savoir plus : La France n'a pas besoin d'immigration et autres enseignements sur l’emploi que révèle l’étude de notre démographie à horizon 2030

>> Et pour en finir avec les faux débats sur le sujet : L’immigration, chance ou menace pour la France ? 10 choses qu’on oublie un peu vite quand on essaie de répondre à la question

Sur l'Etat islamique : "Les jeunes partis faire le jihad en Syrie vont revenir en masse pour créer le chaos en France"

Xavier Raufer : Menace terroriste : essayons de sortir de la vague d'affollement qui semble submerger, ces temps-ci, pas mal des médias et de nos gouvernants et réfléchissons froidement : de la panique au diagnostic.

D'abord le contexte : y a-t-il encore du terrorisme en Europe ces dernières années ? Plus guère : pour toute l'Union européenne et pour toute l'année 2013, hos de deux micro-territoires (Corse et Ulster) en tout sept (7) attentats ou tentatives, pour un continent de 500 millions d'habitants ! Et 24 des 27 Etats de l'UE sont hors terrorisme, absolument, depuis cinq ans désormais. Ce, parce que les terroristes sont devenus des moutons bêlants ? Non : parce que les mailles du filet, notemment électroniques, sont devenu si étroites que tous les groupes terroristes européens ont dû renoncer au terrorisme. Les derniers : l'ETA et le fort glauque FLNC.
Donc une menace qui globalement régresse fort.

Ensuite, l'usage du qualificatif "terroriste" pour qualifier l'"Etat Islamique" est invraisemblable. Où au nom du ciel, dans toute l'histoire du monde, a-t-on vu un groupe terroriste quel qu'il soit, aligner les blindés par dizaines et l'artillerie lourde, et mener des offensives type Blitzkrieg, coordonnées sur des milliers de kilomètres carrés ? Jamais et nulle part.

L'Etat islamique est clairement une armée mercenaire au service de diverses puissances sunnites de la Péninsule arabe, encadrée par des généraux de l'armée de Saddam Hussein, lesquels sont autant "islamistes" que moi. C'est la réponse sunnite au continuum chi'ite Gardiens de la révolution iraniens-Hezbollah-Asaib al-Haq et ce qui se mène en Syrie-Irak est une guérilla (petite guerre) pour éviter une grande guerre qui opposerait des armées d'Etats ; ce, dans le cadre d'un affrontement confessionnel sunnites-chi'ites, déchaîné désormais du cœur du continent africain (Boko Haram), jusqu'au Pakistan.

>> Pour en savoir plus L'énorme appareil de lutte anti-terroriste mis en place après le 11-Septembre est-il encore adapté aux menaces des califoutraques islamiques ? et Dans la tête d’un djihadiste : le monde vu par ceux qui ne se voient pas comme des terroristes mais comme des défenseurs de l’Islam contre le reste du monde

>> À lire aussi pour mieux comprendre l'origine du problème : Wahhabite connection : comment l’Arabie saoudite a déstabilisé le monde en exportant son islam radical depuis 40 ans et Pourquoi le déclenchement d'une guerre civile en Europe n'a rien d'une vue de l'esprit mais relève bien d'un implacable projet appliqué par l'Etat islamique

Sur Poutine : "ça, c'est un dirigeant"

Cyrille Bret : Les succès brutaux du président russe, doublés d’un sens aigu de la provocation contrôlée et d’un art consommé du contrepied, ne doivent toutefois pas obscurcir le jugement. Loin d’imposer ses volontés à l’Europe et aux Européens, Vladimir Poutine est surtout un tacticien de crise. La prétendue restauration de l’empire soviétique tant soulignée par ses thuriféraires comme par ses opposants, n’est pas à l’ordre du jour.

Comme nous l’avions souligné au début de la crise ukrainienne (voir ici), la ligne d’action des autorités russes est moins dictée par une ligne offensive que par la défense angoissée de lignes rouges.

En politique extérieure, le prix consenti par la présidence russe est exorbitant : tous les efforts de communication liés aux événements internationaux (Jeux olympiques, G20, Coupe du monde, etc.) ont été annulés par la défense des intérêts russes à ses frontières. Loin d’être un empire en essor, la Russie lutte aujourd’hui à ses portes pour préserver des lambeaux de son influence en mer Baltique et dans la Mer noire. Vladimir Poutine n’est pas l’imperator triomphant qu’on se complaît à décrire. Il est le dirigeant d’une puissance de second ordre qui peine à garantir sa zone d’influence.

En matière économique, la Russie fait face à une triple crise : monétaire (-40% de dépréciation du rouble face à l’euro depuis 2013), financière (fuite massive de capitaux et interdiction d’accès aux marchés financiers internationaux) et commerciale (dégradation de la balance commerciale notamment en raison de la chute du prix des hydrocarbures en dessous des 100 US$ le baril de pétrole sur lequel les finances publiques russes sont bâties. Loin de trouver dans le gaz « l’arme absolue » pour « mettre à genoux » l’Europe, la Fédération de Russie a vu sa dépendance aux capitaux, aux importations et aux technologies européennes lui être cruellement rappelée. A l’opposé d’un potentat de l’énergie européenne, le président russe devient graduellement est progressivement poussé vers les marge de la mondialisation,

>> Lire également Faible en Russie, fort en Europe de l’Ouest : pourquoi nous ne comprenons pas la puissance réelle de Poutine

Et, pour finir, un sujet qui vous permettra de changer des débats rebattus : Pourquoi ça coûte cher d'être pauvre

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