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Ces réformes que François Hollande est en train de remiser au placard
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Editorial

Que ce soit à propos des taxis ou sur les retraites, il n’est plus de jour sans que l’on range des dossiers dans les placards de l’Élysée. Et pour cause : le président de la République veut recoller les lambeaux de sa majorité afin de se présenter aux électeurs en bonne posture en 2017.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Cette fois, François Hollande a pris une décision, toute négative selon son habitude. Le budget voté, en ayant déjoué les chausse-trappes de Bruxelles et donné le sentiment qu’il était prêt à aller de l’avant dans les réformes, il change son fusil d’épaule, en laissant subsister un grand flou sur la réalité des économies qui ont été annoncées, alors que le déficit l’an prochain - c’est juré - ne devrait pas dépasser 4,4% du produit intérieur brut. Il n’a désormais qu’une obsession : apaiser le courroux des frondeurs, recoller les lambeaux de sa majorité pour se présenter aux électeurs en bonne posture en 2017. Pour atteindre cet objectif, il est persuadé que le statu quo est sa meilleure tactique.

En premier lieu, le quinquennat est maintenant trop engagé pour mettre en route de nouveaux projets qui n’auraient pas le temps de faire sentir leurs effets, alors que d’ici un an, la France va entrer dans une nouvelle campagne électorale : les partis politiques vont être occupés à fourbir leurs armes et concevoir des programmes. Il est inutile selon l’Elysée de créer des foyers supplémentaires de rébellion dans l’opinion pendant cette période.

En deuxième lieu, François Hollande trouve dans la conjoncture internationale plusieurs motifs pour en pas bouger. La forte baisse du pétrole est un véritable cadeau de Noël : elle agit comme une baisse d’impôts qui pourrait apporter huit à dix milliards d’euros à partager entre les particuliers et les entreprises, sans oublier la dîme que prélève l’Etat. Elle vient s’ajouter au glissement de l’euro qui réduit les coûts pour les entreprises et facilite les exportations. Par ailleurs, la montée des périls sur le vieux continent avec la menace d’une nouvelle insolvabilité de la Grèce en pleine élection, l’emballement de la dette italienne, la situation catastrophique de la Russie, où le rouble a perdu la moitié de sa valeur en quelques mois, donnent le sentiment que la France est avec l’Allemagne une sorte d’oasis sur le vieux continent, comme le montre la facilité du financement de la dette avec des taux d’intérêt toujours plus bas. Dans cette danse sur un volcan qui caractérise la conjoncture présente, la France n’est pas en première ligne. François Hollande considère que la nouvelle donne qui prévaut sur les marchés peut offrir un certain répit qui va lui permettre de s’adonner pleinement aux jeux politiques qui constituent son passe-temps favori. C’est le moment pour lui de donner quelques gages à sa majorité qui avait été malmenée jusqu’ici et le premier signal consiste à donner un coup d’arrêt aux réformes. Il n’est plus de jour sans que l’on range les dossiers dans les placards, que ce soit à propos des taxis ou sur les retraites. C’est évidemment une politique de très court terme, ce que l’on qualifiait jadis de chien crevé au fil de l’eau, car la volatilité présente des bourses et des marchés de l’énergie et des matières premières témoigne que les renversements de situation peuvent se produire à chaque instant. Si la crise continuait de s’étendre, nul ne pourrait y échapper. Mais pour l’instant, le chef de l’Etat a l’impression d’en tirer un certain profit et savoure sa remontée de popularité de quelques points dans les sondages.

Pendant ce temps, Manuel Valls et Emmanuel Macron poursuivront leurs discours réformistes mais de plus en plus mezzo voce, tandis que l’opposition de droite continue de manifester un silence assourdissant. Son parti dominant a maintenant un chef, mais on ne voit toujours pas se dessiner de cap.

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