La Chine tousse mais ne meurt pas : pourquoi sa phase de croissance forte est loin de toucher à sa fin<!-- --> | Atlantico.fr
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La plupart des indicateurs économiques montrent une baisse de l'activité et de la croissance chinoise.
La plupart des indicateurs économiques montrent une baisse de l'activité et de la croissance chinoise.
©Reuters

Petit coup de froid

La plupart des indicateurs économiques montrent une baisse de l'activité et de la croissance chinoise, comme l'illustre son indice PMI, passé récemment sous le seuil symbolique de 50 points. Pourtant, la "nouvelle norme" chinoise s'apparente plutôt à une transition de son modèle lié aux exportations à un modèle tourné vers la demande intérieure. Et si le potentiel est énorme, il est déjà en train de se produire.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Ce mardi 16 décembre, l’indice PMI pour la Chine, publié conjointement par HSBC et Markit, ressortait à un niveau de 49.5, soit en deca du seuil fatidique de 50 points. "Le ralentissement manufacturier se poursuit en ce mois de décembre et signale un faible fin d’année 2014".

Le ralentissement de la croissance chinoise est un thème très populaire. Après des années passées à "subir" un développement brutal et inconsidéré, le géant chinois se voit obligé de poser les pieds bien par terre et de faire comme tout le monde ; c’est-à-dire ralentir. Face à une telle perspective, les appels à la vigilance se font légion et les autorités locales sont au diapason. Le gouvernement chinois se déclare ainsi prêt à affronter une "nouvelle norme ".

Pourtant, tout est affaire de relativité. Car cette "nouvelle norme" qui alimente le débat du ralentissement chinois traduit une réalité qui reste tout à fait enviable. Certes, la Chine va devoir renoncer à ses taux de croissance de 10%, rythme moyen connu au cours des 35 dernières années, allant même jusqu’à une moyenne de 11.5% entre 2003 et 2007, mais peut tout de même se "contenter" d’une croissance de 7.3% en cette année 2014.

Car le "ralentissement chinois" n’est rien d’autre que l’illustration d’une autre affirmation; les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. Mais quand même. Alors que l’économie chinoise représentait l’équivalent en dollars de l’économie Française entre 2005 et 2006, en 2014, elle "vaut" 3.5 fois la France.

PIB. USD. Banque Mondiale. France- Chine

Le type de croissance qui peut permettre à un pays de s’endetter sans trop se soucier des conséquences. En effet, si le pays a procédé à un grand plan de relance face à la crise, faisant passer sa dette publique sur PIB de 17.7% à 33.5% en une seule année, les années de croissance ont fait le reste. Car la dette publique ne représente plus que 22.4% aujourd’hui. Même chose concernant l’immobilier. L’explosion de la bulle immobilière chinoise est devenue l’arlésienne de l’économie mondiale. Mais en raison du rythme de la progression des revenus, du contrôle et de la garantie étatique apportée au système bancaire, la supposée "bulle" n’explose toujours pas. La propriété n’existe réellement en Chine que depuis 1998. De plus, la population chinoise est encore rurale à 50%, ce qui représente encore 650 millions de personnes pouvant soutenir la "demande" immobilière urbaine. De quoi alimenter la croissance.

Car ce n’est pas fini. A la fin 2012, Hu Jintao passait le témoin à Xi Jinping en affirmant un objectif clair et net pour le parti : en 2020, l’économie chinoise devra représenter le double de ce qu’elle valait en 2010. Ce qui équivaut à une projection de taux de croissance annuel de l’ordre de 7%. Objectif qui a été parfaitement respecté depuis lors.

Aussi longtemps que la Chine continuera de croître à un tel rythme, le monde entier pourra en bénéficier. Car si le record de croissance de 2006 (soit 14.20%) correspondait à un montant nominal total de 450 milliards de dollars, la croissance façon "nouvelle norme" de 2014, et son taux de 7.3%, en représente plus du double.

Pour le gouvernement, cette situation doit pourtant se traduire par de nouvelles mesures de soutien. Ainsi, lors de la conférence centrale de travail économique, rendez-vous économique annuel des officiels chinois qui se tenait le 12 décembre dernier, (le Président Xi Jinping et le premier ministre Li Keqiang étaient présents) était annoncé "La politique budgétaire pro active doit être plus forte et la "prudente" politique monétaire doit se concentrer vers un équilibre adéquat". Sorte de tautologie signifiant que les autorités compétentes se devront de remplir les objectifs fixés.

Le résultat ne devrait pas trop se faire attendre, comme peuvent l’indiquer Markit et HSBC dans leur communiqué "La pression désinflationniste croissante ; qui traduit fondamentalement une faible demande, est la garantie d’un nouvel assouplissement monétaire à venir au cours des prochains mois".  De la même façon, pour la Chine aussi, les réformes "structurelles" sont attendues.

Mais la transition majeure à laquelle la Chine doit faire face aujourd’hui est celle qui consiste à  passer vers un modèle soutenu par sa demande intérieure. Car la Chine ne pouvait pas continuer de grandir indéfiniment par la seule voie des exportations. Voilà pourquoi le communiqué officiel de la conférence économique centrale, indiquait : "la Chine devra faire des efforts pour libérer la demande, donner un rôle fondamental à la consommation, au rôle pivot de l’investissement et un rôle de support aux exportations".

La "nouvelle norme" chinoise repose sur deux piliers. 7% de croissance au lieu de 10%, mais surtout une croissance soutenue par le marché intérieur chinois. Une réalité qui s’est d’ores et déjà exprimée en Chine depuis la crise mondiale de 2008, au regard de l’effondrement de la part des exportations dans le PIB.

L’économie chinoise parvient à un nouveau degré de maturité, et si les taux de développement sont à la baisse, le potentiel reste gigantesque. En 2013, le PIB chinois par habitant était de 6800 dollars, soit 12% du PIB par habitant des états unis.

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