Comment l’État compte diriger les revenus de la baisse du prix du pétrole directement dans ses caisses<!-- --> | Atlantico.fr
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L’État va tout faire pour récupérer quelques milliards grâce à la baisse du prix du pétrole.
L’État va tout faire pour récupérer quelques milliards grâce à la baisse du prix du pétrole.
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

L’État va tout faire pour récupérer quelques milliards grâce à la baisse du prix du pétrole. Certes les prix vont encore baisser à la pompe mais les taxes vont augmenter. Explications.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le pétrole a baissé de plus de 40% en moins de 6 mois, à 55,7 dollars le baril. C’est une chance historique pour les économies occidentales. La baisse du prix du pétrole revient à renforcer la compétitivité des entreprises et à redonner du pouvoir d’achat. Le problème, c’est la manière dont va être redistribuée cette baisse. L’État lorgne sur le pactole.

Le pétrole n’a jamais coûté aussi peu cher depuis dix ans. En 2008, juste avant le déclenchement de la crise mondiale, le baril de pétrole coûtait plus de 140 dollars. Aujourd’hui, il est tombé sous la barre des 60 dollars. A en croire les spécialistes, la baisse devrait s’accentuer en 2015. Il pourrait passer sous les 40 dollars.

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Le prix du pétrole baisse parce que la demande s’est effondrée. Les pays émergents, comme la Chine, ont freiné leur croissance, donc leurs achats. Côté offre, l’exploitation massive des gaz et du pétrole de schiste a noyé le marché. Ajoutons à cela une volonté politique des pays de l’OPEP de gêner la Russie en laissant les robinets ouverts.

L’impact de cette baisse fait l’objet d’analyses divergentes.

Certains économistes estiment que la baisse des prix du pétrole va aggraver les tensions déflationnistes. Peut-être, mais elle va surtout handicaper la Russie et va plonger une partie de l’Europe, dont l’Allemagne, dans la déprime. Cela va renforcer les risques de crise financière en raréfiant les flux financiers en provenance des pays producteurs. Cette thèse est celle des financiers de Wall Street mais elle est loin d’être partagée par le plus grand nombre.

Une seule certitude, cet effondrement du prix déséquilibre toute l’industrie pétrolière mondiale en abaissant le prix de rentabilité de beaucoup d’exploitations et d’équipements.

Cela dit, cette baisse offre pour beaucoup une chance phénoménale de retrouver de la compétitivité. La hausse du prix du pétrole fonctionne comme un impôt nouveau, capté sur la richesse nationale. La baisse du prix de l’énergie agit à l’envers et restitue à l’économie une sorte de cagnotte fiscale.

Une baisse de 40% du prix représente un gain de compétitivité ou de productivité beaucoup plus important que tous les CICE de la terre ou que toutes les dévaluations des prix et des salaires. L’économie ne peut qu'en profiter directement.

Maintenant, tout dépend qui va se partager cette cagnotte fiscale alimentée par la baisse du prix du pétrole. Il y a beaucoup de candidats sur le marché.

Les premiers sont les compagnies pétrolières internationales qui voudraient renforcer leurs capacités financières. Les Total, Exxon ou BP ne pourront pas capter le différentiel car le marché est transparent. Ils n’ont pas les capacités de stockage suffisantes.

Les deuxièmes acteurs les plus intéressés, ce sont les automobilistes et les entreprises. Les automobilistes parce qu’ils attendent une baisse des prix de l’essence, les entreprises parce qu’elles espèrent voir le prix de leur énergie industrielle suivre le mouvement. Les prix au détail ont baissé de presque 10 centimes le litre, mais beaucoup moins que le prix du pétrole lui-même. Tout simplement parce que les taxes sont très importantes.

Le troisième acteur intéressé par la manne que dégage le pétrole dont le prix baisse, c’est évidemment l’État. Sur un litre l’essence, les taxes sur les carburants représentent entre 51% et 60% du prix public. Si le prix du pétrole baisse, la tentation est grande pour l’État d’augmenter le montant des taxes sans que le consommateur s’en aperçoive immédiatement.

C’est ce qui s’était passé en septembre. Les prix à la pompe ont baissé mais les taxes ont augmenté. Cela veut dire que les prix à la pompe auraient pu baisser beaucoup plus. L’État a racketté le système. Les taxes sur les carburants rapportent gros. Entre 20 et 25 milliards d’euros. Elles sont perçues sur des produits importés. L’État a donc la possibilité de récupérer quelques milliards sans que personne ne s’en aperçoive.

Toutes les baisses brutales des prix du brut donnent à l’État la possibilité de le faire. En janvier prochain après les fêtes, il faudra répercuter la baisse actuelle des prix du brut. L’essence à la pompe baissera donc mais un peu… et l’Etat lui, augmentera les taxes. On parie ?

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