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Candidature de Paris aux JO 2024 : l'idée dangereuse de François Hollande
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Tribune

Lors de son dernier passage télévisé, le président de la République a annoncé qu’il était favorable à une candidature de Paris aux Jeux Olympiques de 2024, tandis que Rome devrait annoncer la sienne sous peu. Laurent Lafon, maire de Vincennes, et Chantal Jouanno, sénatrice de Paris et conseillère régionale, émettent de fortes réticences quant à la candidature et l’organisation de Jeux dispendieux alors que les Français sont en prise avec les réalités quotidiennes de la crise que notre pays traverse.

Chantal Jouanno

Chantal Jouanno

Sénatrice de Paris, conseillère régionale, ancienne Ministre des Sports
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Laurent Lafon

Laurent Lafon

Maire de Vincennes, président du groupe Union des Démocrates et Indépendants au Conseil régional d’Île-de-France.
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C'est une mauvaise nouvelle pour les contribuables.

La ville de Tokyo qui a remporté la candidature des Jeux pour 2020 a dépensé 83 millions de dollars, soit 62 millions d’euros, rien que pour faire acte de candidature. Un expert en marketing olympique a affirmé récemment dans la presse que pour porter une candidature sérieuse, une ville devait aujourd’hui investir au minimum 100 millions de dollars. Les Jeux Olympiques de Londres, les plus comparables, ont coûté 11 milliards d’euros, soit 9,3 milliards de livres, au Royaume-Uni. Le simple fait de candidater pour les Jeux a coûté quelque 25 millions de dollars. Entre le moment où Londres a vu sa candidature retenue, en 2005, et 2012, le budget a été multiplié par 4.

Quant aux retombées économiques évoquées par le président de la République, elles sont très incertaines. La confiance économique dont semble faire preuve François Hollande n’est en réalité qu’un écran de fumée que l’histoire économique des Jeux Olympiques dissipe sans mal. Depuis les années 1990, aucune ville n’a réalisé une opération rentable. La propagande pro-Jeux dont le chef de l’Etat se fait le chantre représente le triomphe de l’espoir sur l’expérience, de l’illusion sur la réalité.

Nous n’avons pas les moyens de cette ambition. La Région Île-de-France ne dispose pas de la capacité d’accueil nécessaire pour organiser sereinement les Jeux Olympiques de 2024. Comment accueillir des jeux alors que nous n’avons à l’heure actuelle aucune garantie réelle et sérieuse quant au financement du Nouveau Grand Paris ? Les chantiers prennent déjà du retard : deux ans de report sur le calendrier initial concernant la ligne 14 qui doit relier la capitale à l’aéroport Charles de Gaulle !

François Hollande a fait preuve de légèreté en proposant la candidature de la France aux Jeux Olympiques. Nous ne pouvons pas ignorer les inégalités qui accablent le sport en France : l’accès en défaveur des personnes handicapées, qui ne peuvent profiter de la moitié du parc existant ; les habitants des quartiers défavorisés, qui souffrent d’un déficit d’équipement sportifs dans leurs lieux de vies ; certains élèves de l’enseignement élémentaire, qui ne peuvent se déplacer vers un équipement sportif dans un temps inférieur à 10 minutes ; les publics féminins, marqués par la pauvreté des annexes des équipements sportifs et le manque d’installations non dédiées aux pratiques compétitives traditionnelles ; les jeunes talents, enfin, et les sportifs de haut niveau, qui trop souvent, ne disposent pas d’installations sportives et d’hébergement réservées aux structures qui les prennent en charge.

Ces inégalités s’accompagnent de disparités territoriales insupportables et d’infrastructures insuffisantes, notamment en nombres de salles de pratiques collectives, de piscines couvertes, de terrains de grands jeux et même de terrains de proximité d’accès libre. A titre d’exemple, la région Île-de-France, riche de ses 6 millions de sportifs et de ses 28 000 équipements, se situe au dernier rang des régions métropolitaines avec un taux de 24 équipements pour 10 000 habitants.

La pratique sportive intéresse tous les publics. Dans une société de plus en plus sédentarisée où la nature des activités professionnelles et les conditions  de vie quotidienne sont peu consommatrices de mouvement, elle est consubstantielle à une bonne qualité de vie. Nous nous opposons à l’organisation des Jeux Olympiques en 2024 qui ne ferait que pesée d’avantage sur la dette de notre pays et nous demandons au président de la République de revoir ses priorités. Plus que jamais, l’action publique dans le domaine sportif doit se concentrer sur la valorisation des acteurs et des infrastructures du monde sportif.

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