"Allah est grand, la République aussi" : nos décideurs politiques cèdent à la tentation communautaire par peur d'être traités de raciste<!-- --> | Atlantico.fr
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"Allah est grand" traite du communautarisme
"Allah est grand" traite du communautarisme
©Reuters

Bonnes feuilles

Lydia Guirous, qui a fui la guerre civile en Algérie, raconte avec force et vivacité son parcours, entre rêve français et désillusions, engagement et lucidité. Son livre est un pamphlet brûlant contre tous les communautaristes. Incapables de s'adapter, réfractaires et violents, ces derniers constituent le terreau de toutes les dérives, celles-là-mêmes qui ont donné les Mohamed Merah ou, plus récemment, les Mehdi Nemmouche. Extrait de "Allah est grand, la République aussi", chez JC lattès (2/2).

Lydia Guirous

Lydia Guirous

Lydia Guirous est essayite, auteure de « Assimilation en finir avec ce tabou français » aux éditions de l’Observatoire et de « Ca n’a rien à voir avec l’Islam ? Face à l’islamisme réveillons-nous » aux éditions Plon, réédition en version augmentée et inédite.

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Sortons des idées reçues. Se battre contre les communautarismes religieux et notamment le communautarisme musulman, au nom de la laïcité, ne fait pas le jeu du Front National, bien au contraire.

Nos décideurs politiques ont été lâches et depuis trente ans ils n’ont pas su défendre la laïcité. Ils ont cédé à la tentation communautaire pour ne pas être traités de raciste ou de xénophobe. Pour un homme politique, (il en existe heureusement des courageux), il vaut mieux ne pas parler de certains sujets comme la burqa, le djihad, ou les violences dans les banlieues. Cette lâcheté intellectuelle n’a qu’une fin électoraliste. Elle est peu glorieuse et stupide. L’idée est simple : je ne parle pas du communautarisme, je ne parle pas de la violence, de la ségrégation hommes-femmes dans les banlieues comme ça on me considère comme un humaniste, ouvert d’esprit et bien sous tout rapport… En politique, il est vrai qu’il vaut mieux être parfois le gentil mou que l’intrépide décomplexé. Selon eux, avoir un tel comportement, permet de ne pas être associé à l’image du Front National, et plus généralement de l’extrême droite. On leur prête alors une image d’homme politique généreux, ouvert et combattant les extrêmes… Mais malheureusement pour eux, cela est totalement contre-productif.

En rendant tabou le sujet de la montée du communautarisme musulman en France, ils ont fait le jeu du Front National et ont collaboré à son ascension vertigineuse dans l’opinion publique. En se voilant la face, ils ont pris leurs électeurs pour des moutons incapables d’exprimer leur mal-être quotidien. Or, c’est là qu’ils ont fait une immense erreur car le corps électoral français a toujours exprimé ses doutes et ses passions. En occultant les peurs de la société française, ils n’ont fait que les cristalliser. Ils ont progressivement rendu aux yeux de nombreux Français, le Front National,comme le seul parti qui « parle vrai » et qui les comprend.

Pourtant, il faut sortir d’une autre idée reçue : le Front National ne cherche pas à faire reculer le communautarisme et à défendre la laïcité. Au contraire, il s’en sert et le renforce. La montée du communautarisme musulman, les revendications religieuses, la remise en cause de l’égalité des sexes, les prières de rues, deviennent son fonds de commerce. Les intérêts du Front National et des communautaristes convergent.

Ses chances d’accéder au pouvoir passent par le morcèlement de la République en communautés. Si le rêve des communautaristes devient réalité, les modes de scrutin évolueront nécessairement vers plus de proportionnel et c’est ici que leurs intérêts se rejoignent… L’éclatement du pacte Républicain, les penseurs de la doctrine frontiste s’en moquent éperdument. Leurs électeurs sont instrumentalisés dans un contexte de crise économique. Le Front National et les mouvements communautaristes qui manient la rhétorique de l’islamophobie, sont des mouvements populistes, aux valeurs éloignées de celles de la République. D’ailleurs, de nombreux communautaristes musulmans flirtent allègrement avec les idées d’extrême droite et du Front National, parfois ils défilent même ensemble…

J’accuse donc nos élus d’avoir par couardise trahi notre histoire républicaine. Je leur reproche d’avoir laissé monter le Front National, d’en avoir fait le point central de tous les débats politiques. À cause d’eux, ce parti qui n’était qu’un groupuscule est devenu le point de convergence de tous les discours de la gauche républicaine comme de la droite républicaine. Enfin, j’accuse les partis politiques d’avoir fait de nous, « les Français issus de l’immigration », qui étions au départ une richesse pour la France, un jouet entre les mains du Front National. Nous voilà donc en 2014 dans une France où le tempo de la vie politique est mené par le Front National et le communautarisme religieux. Deux formes d’anti-républicanisme contre lesquels aucun politique ne semble vouloir s’attaquer frontalement.

La République est notre maison à tous, notre famille, fondée sur quatre piliers fondamentaux : la liberté, l’égalité, la solidarité fraternelle et la laïcité. Si l’on touche à l’un de ces piliers, la République devient bancale. Alors certains peuvent penser que le discours sur la République en danger est un discours alarmiste… Mais depuis de trop nombreuses années, les dirigeants politiques français ont fermé les yeux sur la montée du communautarisme et des intégrismes religieux, notamment l’intégrisme islamiste.

Ces communautarismes se sont imposés en France pour deux raisons essentielles : d’abord une forme de culpabilité postcoloniale et ensuite un calcul politique erroné de cantonnement du Front National. L’exemple le plus criant de cet abandon de la laïcité est la question du voile. Le voile dans notre espace public (et pour moi les universités et les entreprises en font partie) est une aberration à l’égard même de ce qu’est la définition de la laïcité par les pères fondateurs de la IIIe République. Enfin, c’est également une aberration au regard de l’égalité hommes-femmes qui est le seul réel marqueur politique de progrès d’une civilisation.

Se sentir Français et aimer cette identité, c’est simplement avoir le courage ou l’honnêteté de reconnaître ce pays dans son histoire et sa culture. Il n’y a pas de honte à revendiquer une identité française, de même qu’il n’y a pas d’incohérence à se sentir membre de celle-ci en étant « issue de l’immigration ». Il n’y a pas de gêne, ni de génoconclusion type du « Français de souche », en revanche il y a un ADN de la pensée politique et républicaine française.

La maison France s’oublie… Allons-nous dans une forme d’indifférence et d’individualisme abject la regarder se perdre ? Je ne saurai l’accepter. Je rêve du sursaut républicain qui pourra à nouveau nous rassembler et restaurer enfin notre vivre ensemble. Marianne revient.

Extrait de "Allah est grand, la République aussi", de Lydia Guirous, publié chez JC Lattès, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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