Et si Moïse avait réussi à traverser la mer Rouge en prévoyant les marées ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Capture d'écran de la bande-annonce du prochain film de Ridley Scott : "Exodus : Gods and Kings".
Capture d'écran de la bande-annonce du prochain film de Ridley Scott : "Exodus : Gods and Kings".
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Explication d'un miracle

Dans son prochain film "Exodus : Gods and Kings", Ridley Scott met la traversée de la mer Rouge sur le compte d'un tsunami. Toutefois, la théorie des marées semble plus crédible d'un point de vue scientifique.

"Moïse étendit sa main sur la mer, et l'Éternel fit reculer la mer, toute la nuit par un vent d'est impétueux, et il mit la mer à sec, et les eaux furent divisées. Les enfants d'Israël entrèrent au milieu de la mer, dans son lit desséché, les eaux se dressant en muraille à leur droite et à leur gauche." Si l'Exode des Israéliens hors d'Egypte est sans conteste l'un des épisodes les plus épiques de la Bible, le nouveau film "Exodus : Gods and Kings" de Ridley Scott, dans nos salles obscures le 24 décembre, en proposera une explication plus scientifique que divine.  

Dans la version du réalisateur américain, la sécheresse de la mer Rouge s'explique par un tsunami lui-même déclenché par un tremblement de terre. Généralement, avant que le tsunami ne frappe, les eaux côtières reculent, découvrant une langue de terre avant que la vague géante ne s'abatte. 

Ci-dessous la bande annonce du film avec Christian Bale dans le rôle de Moïse et Joel Edgerton dans celui de Ramses. 

Si cette version est scientifiquement plus crédible que celle de la Bible, elle présente toutefois des incohérences. En effet, la période au cours de laquelle les eaux côtières reculent avant un tsunami ne dure jamais plus de vingt minutes, laps de temps au cours duquel les Israéliens en fuite n'auraient jamais eu le temps de traverser. Par ailleurs, à cette époque, Moïse n'aurait eu aucun moyen de prédire un tremblement de terre ou un tsunami.

En revanche, il pouvait prévoir le cycle des marées… Ce qui est de loin l'explication la plus sensée, selon une tribune du Professeur Bruce Parker publiée dans le Wall Street Journal. 

Dans la Bible, les enfants d'Israël campaient sur le rivage ouest du golfe de Suez quand des nuages de poussière provoqués par les chariots de l'armée du Pharaon ont été aperçus au loin. Cela à permis à Moïse de calculer combien de temps l'armée mettrait à atteindre la côte.

Moïse, qui a vécu sauvagement pendant les premières années de sa vie, savait où les caravanes traversaient la mer Rouge quand la marée était basse. Par ailleurs, il savait comment calculer le cycle des marées, se basant sur la lune. Pharaon et ses conseillers, en revanche, vivaient près du Nil, connecté à la mer Méditerranée où les marées n'existent quasiment pas. Ils ignoraient donc tout de celles de la mer Rouge et de leurs dangers.

Sachant quand la mer baisserait, quelle serait l'étendue de la langue de terre découverte et quand le niveau de l'eau remonterait, Moïse a pu planifier la fuite des Israéliens. Le timing a été crucial : il fallait que le niveau reste bas assez longtemps pour permettre aux Israéliens de traverser mais remonte à temps quand l'armée du Pharaon arriverait. 

Par ailleurs, dans l'épisode de l'Exode, la Bible fait mention d'un fort vent d'est qui aurait soufflé toute la nuit, faisant reculer les eaux. Aujourd'hui, on sait qu'un vent soufflant sur un cours d'eau peu profond pousse l'eau. "Le phénomène est observable à moindre échelle dans le sud de la France. Les vents d'est ont tendance à faire monter le niveau de la mer le long de la côte au point que, parfois, le Rhône a du mal à s'écouler", avait expliqué Guy Caniaux, de Météo France, au Figaro en 2010.

Ainsi, si le vent avait effectivement soufflé avant que les Israéliens ne traversent la mer Rouge, cela aurait aidé à reculer un peu plus les eaux. Un vent de la sorte aurait sans nul doute été vu comme une intervention divine et au fil des siècles et des récits sur l'Exode, cet aspect aurait pris le dessus sur la prévision millimétrée des marées de Moïse. Car ce dernier n'aurait jamais pu prévoir que le vent soufflerait aussi fort à ce moment-là.

En 2010, se basant sur le témoignage d'un officier britannique du 19ème siècle qui rapporte avoir vue la lagune de Menzalé, dans le delta du Nil, se vider en partie suite à des vents violents, deux chercheurs américains ont affirmé que l'Exode se serait produit non pas en mer Rouge, trop profonde, mais à l'est du delta du Nil où un bras du fleuve et un lagon méditerranéen convergeaient, vers l'actuel Port-Saïd. 

Pour appuyer leur théorie, Carl Drews et Weiqing Han ont dressé une maquette à l'aide d'images satellites et simulé la topographie de ce lieu où des vents très forts peuvent séparer les eaux et tracer un passage. Selon leur modélisation, des vents de 100 km/h soufflant pendant douze heures peuvent creuser les eaux sur deux mètres de profondeur et créer un passage, long de près de 3 km et large de près de 5 km. Ce passage reste exposé pendant quatre heures. Soit assez longtemps pour que les Hébreux le traversent, rapporte l'Obs.

Ces théories mettant en cause le caractère divin de l'Exode des Juifs ne datent pas d'hier. Dans ses écrits, l'historien Eusèbe de Césarée (263–339 après Jésus Christ) cite deux version de l'Exode reprenant les travaux de l'historien Apartan d'Alexandrie (80–40 avant JC.). La première, qui relate les témoignages des habitants d'Heliopolis, est similaire à celle de la Bible. En revanche, la seconde, qui se base sur les dires des gens de Memphis, rapporte : "Moïse, connaisseur du pays, a attendu que la mer décline et a conduit ses gens une fois qu'elle était sèche." Marée basse ou vent fort, mer Rouge ou delta du Nil, une chose est sûr, il a avait le sens du timing ! 

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