Thierry Lepaon sauve sa tête à la CGT mais demeure un mort vivant à la hauteur de ses prédécesseurs<!-- --> | Atlantico.fr
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Malgré les polémiques, Thierry Lepaon est toujours le numéro 1 de la CGT.
Malgré les polémiques, Thierry Lepaon est toujours le numéro 1 de la CGT.
©Reuters

Tel le Phénix

Attaqué de toutes parts sur les dépenses effectuées par le syndicat pour la réfection de son appartement et de son bureau, ainsi que sur ses indemnités perçues, Thierry Lepaon n'en reste pas moins numéro un de la CGT.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Si la qualité d’un responsable se juge à sa capacité de survie, alors Thierry Lepaon mérite sans doute de figurer au Panthéon du syndicalisme. Voilà en effet un responsable syndical vilipendé pour sa connivence avec le monde patronal lors de son passage comme délégué syndical chez Moulinex, brusqué lors de son arrivée au Conseil Economique et Social pour avoir prononcé un discours d’arrivée digne de Fidel Castro version 1954, chahuté pour avoir envoyé des signes d’amitié au CRIF sans en avoir reçu le moindre mandat, cloué au pilori pour des affaires de travaux, puis de rupture conventionnelle avec sa propre organisation grâce à laquelle il a perçu dix-huit mois de salaires dans des conditions évidentes de conflit d’intérêt, et qui affronte une crise interne avec une conviction : il ne bougera pas !

La situation de Thierry Lepaon n’est en effet pas celle d’un Cahuzac ou d’un Aquilino Morelle acculés à la démission à la suite d’une révélation fracassante sur une filouterie personnelle. Ces deux-là n’étaient pas des perdreaux de l’année, mais ils pouvaient se prévaloir d’une surprise : les documents révélés par la presse sur leur comportement les prenaient à froid.

Thierry Lepaon est pour sa part mis en cause depuis bien plus longtemps. Avant même son élection, sa capacité à diriger la CGT soulevait des doutes. La suite les a confirmés. De ce point de vue, c’est plus un parallèle avec François Hollande qui devrait être dressé ici. A coup sûr, les Français découvriraient que François Hollande a pratiqué de l’optimisation fiscale avec ses appartements pour échapper à l’impôt sur la fortune, ils apprendraient que son patrimoine personnel est minoré, ou défiscalisé, ils nourriraient pour lui les mêmes sentiments que beaucoup de militants de la CGT vis-à-vis de Thierry Lepaon : celui d’un immense ras-le-bol, d’une goutte d’eau qui fait définitivement déborder un vase déjà trop plein.

Combien de temps Thierry Lepaon peut-il encore s’accrocher à son bouchot ?

Si, par extraordinaire, la CGT devait progresser aux élections de la fonction publique, il est bien probable que Thierry Lepaon marquerait des points. Les raisons de l’évincer subsisteraient, mais il pourrait faire la démonstration du caractère très parisien de la crise interne en montrant que celle-ci n’altère pas les résultats du syndicat.

La procédure de limogeage du secrétaire général est en effet longue, incertaine et complexe, et certains pourraient se satisfaire d’un leader claudiquant et relativement inoffensif, pour éviter à l’organisation une nouvelle crise de succession, telle qu’elle avait éclaté au moment du départ de Bernard Thibault.

En outre, Lepaon semble posséder quelques armes de conviction auprès d’obligés comme Agnès Le Bot ou Agnès Naton, qui ont décidé de ne pas le lâcher.

L’expérience montrera si la théorie du complot intérieur, comme au bon vieux temps des années 30, permet au secrétaire général de faire passer les épaisses couleuvres qu’il a engagées dans le gosier de son organisation.

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