La politique des faux-semblants : pauvres patrons qui croyaient aux promesses que le gouvernement leur avait faites<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
La politique des faux-semblants : pauvres patrons qui croyaient aux promesses que le gouvernement leur avait faites
©Reuters

Des paroles et encore des paroles

Emmanuel Macron et Manuel Valls ont semblé, un temps, avoir compris les problématiques des patrons. Mais alors que ces derniers sont cette semaine mobilisés pour exprimer leur ras-le-bol, le ministre de l'Economie a estimé que l'échec du pacte de responsabilité était aussi celui de Pierre Gattaz.

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

Voir la bio »

Emmanuel Macron et Manuel Valls représentaient un espoir pour une meilleure compréhension de l’entreprise.

Ils n’ont pas du tout apprécié que les chefs d’entreprise soient dans la rue alors qu’ils ont bravé l’hostilité de leur propre camp pour tenter de rétablir des conditions un peu plus favorables à la croissance. Alors évidemment ils sont entre deux feux, un parti qui ricane en leur disant qu’ils se sont fait avoir et des chefs d’entreprise qui ne peuvent se contenter de leurs bonnes intentions. Ils se sont donc défendus, évidemment en rejetant l’intégralité de la faute sur ceux qui bénéficient des nouvelles faveurs immenses. On agresse donc les signataires patronaux qui n’auraient pas tenu parole sur le thème  : mais où sont les emplois ? Où les avez-vous mis ? C’est Gattaz qui les retient, il aurait dû les créer lui-même… Et c’est lui qui sème la zizanie !

Leur réaction est d’autant plus blessante pour ceux qui ont manifesté cette semaine. Il s’agit d’une manifestation de révolte mais dans un désir pédagogique, chacun revendiquant la liberté de créer des emplois en énonçant ce qui bloque. Un appel à des réformes sérieuses.

Un ton qui surprend d’autant plus que lorsque la France est bloquée par des grèves anti-économiques, à répétition et sans objet réel (la grève "préventive" de la SNCF...), on est beaucoup plus empathique et tolérant envers les syndicalistes. Cette semaine nous ne gênons personne, nous ne faisons pas perdre un centime au pays, nous ne bloquons même pas la circulation… mais justement nous n’avons pas de pouvoir de nuisance (et d’ailleurs ne le souhaitons pas). Le patronat : combien de divisions ? Il peut mourir en silence. C’est politiquement "tout bénef" de tacler les entrepreneurs, forcément des nantis "qui ne jouent pas le jeu", comme si c’était un jeu que de voir son entreprise étouffer, lentement mais sûrement.

Si trahison il y a, c’en est une de voir que ceux qui semblaient nos alliés au sein du gouvernement nous accusent publiquement de faire échouer leur politique ! Le comble est de laisser croire que volontairement nous ne créons pas d’emplois ? Nous serions des escrocs qui avons profité les baisses fiscales ?!

Sur le fond, rappelons que c’est en 2017 que les entreprises bénéficieront vraiment du fameux CICE, et nous n’avons pas envie d’attendre 2017 pour créer des emplois, voilà la vérité. D’ailleurs, si l’on écoute les revendications des entrepreneurs, des commerçants, des professions libérales et même des médecins et des dentistes, elles ne sont pas majoritairement financières mais demandent toutes plus de liberté, plus de confiance, plus de stabilité, l’arrêt des nouveaux décrets quotidiens encadrant et protégeant l’emploi (c’est-à-dire le détruisant et inhibant de plus en plus les recruteurs).

Nous sommes dans un jeu de rôles : on fait semblant de baisser les charges (en augmentant les prélèvements), on fait semblant d’avoir un dialogue social, de simplifier, et même de recruter (abus forcés de CDD), on fait semblant d’encourager la compétitivité, semblant d’aimer les patrons (pas les "grands", il ne faut pas exagérer), semblant de comprendre l’économie, semblant d’aider les jeunes (durcissement de l’apprentissage, des conditions de stage, etc.). La tendance est de protéger les salariés contre tout : le temps de travail, les dimanches, le soir, le stress, le harcèlement, les stages abusifs, les emplois précaires, les conditions de travail jamais bonnes… Le résultat est là : on finit par décourager et dissuader tout le monde de travailler, employeurs comme employés.

Alors ces semonces ministérielles sont la goutte d’eau qui fait déborder le vase et qui ne trompe personne. On aurait dû au contraire finalement s’appuyer sur cette mobilisation pour accélérer ce nécessaire apport d’oxygène, vital sur le plan psychologiquement (et c’est important) mais aussi au quotidien.

Au lieu de cela, les politiques… politicaillent entre eux, la paralysie s’étend, les idéologies s’exacerbent et la France perd sur tous les tableaux. A quel jeu joue-t-on ?

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !