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Le rosé superstar
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In vino veritas

Les ventes de vin rosé sont en croissance : 25% des volumes français de vins vendus en 2010-2011. Elles ont progressé de 20% par rapport aux quatre années précédentes. Mode ou réelle évolution ?

Olivier Thiénot

Olivier Thiénot

Olivier Thiénot est diplômé du Wine and Spirit Education Trust de Londres (WSET).

Il dirige l'Ecole du Vin de France. Animateur de dégustations de vins, de conférences et de séminaires en France et à l'étranger, il cumule 15 années d'expérience dans le domaine du vin.

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Atlantico : Selon des chiffres récents, la vente des vins rosés est en forte croissance depuis 2010 ?

Olivier Thiénot : Les vins rosés ont un profil qui plaît, c’est un vin qui a plus de légèreté, pas trop de tanin, des arômes assez facilement reconnaissables. En outre ce vin a travaillé une image conviviale, festive, plus dans la tendance, avec un design, tous ces éléments qui font que les gens le voient plus abordable.

Cette tendance suit-elle une évolution des habitudes alimentaires ?

Oui et non, c’est-à-dire que d’un côté on a des nouveaux arrivants dans le vin, qui sont un peu plus décomplexés, les jeunes, les femmes… Avec eux le vin rosé ne voit pas le passif qu’il avait en terme d’image, même si ce dernier frisait le ridicule. Ces consommateurs n’arrivent pas avec ce cliché, ils se disent que le vin est juste du plaisir. De plus, grâce au travail qui a été fait, notamment par certaines interprofessions, telles les Côtes de Provence, qui ont édité des livres sur les accords cuisine / vin rosé, on s’aperçoit que le rosé est un vin qui peut s’accorder avec un grand nombre de plats, c’est intéressant.

Existait-il une sorte de snobisme dans la consommation du vin rouge, que l’on ne retrouve pas dans le rosé ?

Oui le rosé n’a jamais été pris très au sérieux, d’abord parce que beaucoup de producteurs ne le faisaient pas très sérieusement. Beaucoup contenaient trop de souffre, d’autres étaient un peu trop sucrés, au final la qualité n’était pas toujours au rendez-vous. La première faute est donc celle des producteurs. Puis, effectivement, en France, les amateurs de vin sérieux vont se tourner en premier lieu vers le rouge, puis éventuellement vers certains grands blancs.

La production et la consommation de vin rouge sont-elles menacées par l’émergence du vin rosé ?

Je ne crois pas, non. Je pense qu’on trouve tout d’abord une clientèle qui est allée dans le vin blanc et qui se retrouve dans le vin rosé, et puis peut-être un autre panel qui boit du rouge et du rosé, mais pas dans les mêmes moments, ce ne sont pas les mêmes raisons et habitudes de consommation.

Le vin blanc, lui, a la réputation, à tort ou à raison, d’être plus lourd, plus difficile à digérer.

Le vin rosé est plus facile à consommer ?

Il est plus facile, on a moins l’impression que c’est du vin, avec ce que ça implique de sérieux, l’imagerie qu’il transporte, le côté tannique, le classement, les étiquettes sérieuses, le fait de devoir réfléchir avant de choisir, de payer cher pour avoir une bonne bouteille sur laquelle on est jugé…tout cela ne fait pas partie du monde du vin rosé.

Produit-on de grands rosés, comme il existe de grands crus de rouge ?

Certains  rosés sont plus chers que les autres. On va en retrouver notamment en Provence, ou une appellation 100% rosé qui est considérablement plus chère que les autres et un peu plus vineuse en terme de richesse, mais évidemment l’échelle n’a rien à voir, au niveau des écarts de prix, avec les grands crus rouges de bordeaux ou de bourgogne.

Le rosé séduit-il dans d'autres pays ?

On a vu une augmentation de consommation de vin rosé dans les pays anglo-saxons (Royaume-Uni, Etats-Unis…), toutefois elle a plutôt profité pour l’instant aux vins californiens, un peu plus sucrés que les Provence français. Les vins californiens sont les principaux concurrents du rosé français aujourd’hui. Mais même en Asie, le vin rosé commence à glaner un certain succès auprès des restaurateurs et consommateurs.

L’envolée du rosé n’est pas un phénomène franco-français. Deux mondes du vin se côtoient. En réalité il y en avait même trois, mais celui du vin quotidien, paysan, de consommation locale, tend à disparaître du fait de l’urbanisation des consommateurs. Maintenant, chez les urbains, on distingue ceux qui considèrent que le vin est un produit lambda, qui doit à peu près convenir à leur palais mais sans se poser de questions : ceux-ci, massivement à l’étranger, constituent une grosse clientèle de consommateurs de vin rosé. A côté nous avons ceux pour qui cela reste culturel, et là on trouvera effectivement plus de consommateurs de vin rouge.

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