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Sénat : les résultats dépendront autant d'arrangements compliqués que de l'état de l'opinion
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Coups de billard

Le Sénat va-t-il basculer à gauche dimanche ? Ce n’est pas impossible mais pas certain. Au Palais du Luxembourg comme à l’Elysée, à Solférino et dans tous les états- majors politiques les résultats de cette élection au suffrage indirect à deux tours sont attendus avec fébrilité...

Françoise  Cariès

Françoise Cariès

Françoise Cariès est l'auteur, avec Suzette Bloch de La bataille du Sénat (Robert Laffont - 2011). Elle est journaliste au bureau de Paris de La Dépêche du Midi

 

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A sept mois de la présidentielle, si elle survient, la perte par la droite d’une Assemblée où elle domine depuis 1958 marquera un tournant historique dans la cinquième République et sera un fâcheux signal pour Nicolas Sarkozy. Ce ne sont plus seulement les sondages qui lui  répercuteront un taux élevé d’opinions défavorables mais aussi les élus locaux. En effet, les grands électeurs appelés à voter aux sénatoriales sont les représentants des régions, des départements et des  communes (à 95%) de quarante-quatre départements (de l’Indre aux Pyrénées Orientales), départements d’outre- mer et Français de l’étranger renouvelables, soit, pour la première fois, la moitié des sièges sénatoriaux

« Il faut que le bastion tienne » souffle-t-on à droite où l’on se sait en difficulté. 

Depuis 2001, la gauche n’a cessé d’engranger des sièges. En 2008 , elle escomptait en remporter dix supplémentaires, elle en a gagné plus de vingt, contraignant l’UMP à beaucoup s’appuyer sur les centristes pour faire passer les projets de loi gouvernementaux. 170 sièges sont en jeu, 90  détenus par la droite, 73 par la gauche, 2 vacants à la suite de nominations et 5 créés en raison du développement démographique de cinq  collectivités : l’Isère, le Maine-et-Loire, l’Oise, la Nouvelle Calédonie et la Réunion.

La légendaire sérénité du palais du Luxembourg en est écornée. Une fébrilité grandissante y règne qui s’accroît au fur et à mesure que l’échéance approche. Sur le terrain, la bataille politique fait rage. Candidats de droite et de gauche jettent toutes leurs forces et leur savoir-faire dans le combat. Chacun est conscient de l’enjeu. « On va faire tomber la citadelle », proclame la gauche qui se sent portée par la conjoncture. « Il faut que le bastion tienne » souffle-t-on à droite où l’on se sait en difficulté.

La gauche, qui ces dernières années n’a cessé d’ augmenter le nombre de ses élus locaux, compte aussi sur la morosité ambiante et sur le mécontentement provoqué chez les édiles locaux par la réforme territoriale pilotée par les préfets.

La droite, elle, compte beaucoup sur les conseils municipaux des petites communes souvent sans étiquettes (40%) qui mettent les problèmes locaux au premier plan. Dans ce cas, la dimension personnelle du candidat est prépondérante surtout dans les départements de moins de quatre sénateurs, essentiellement ruraux, qui ne sont pas élus à la proportionnelle mais au scrutin uninominal. Cela peut conduire à déjouer bien des pronostics. Il ne faut pas, non plus, négliger l’impact des listes dissidentes ou hors parti, plus nombreuses, semble-t-il, à droite qu’à gauche, les exigences des petits partis tel Europe-Ecologie-les Verts qui rêve de former un groupe au Sénat  ou encore les querelles personnelles. Ces cas de figure peuvent  conduire à une dispersion fatale des voix.

Même en cas de victoire de la gauche, la présidence n'est pas acquise car Larcher est bien meilleur rassembleur que Jean-Pierre Bel

Pour parler dès le 25 septembre d’un basculement du Sénat, il faut une vraie vague rose, une majorité écrasante qu’à ce jour même les plus optimistes n’osent envisager. Il semble bien qu’il faille attendre le 1er octobre et l’élection du président du Sénat, deuxième personnage de l’Etat pour connaître le résultat final. Aussi étrange que cela puisse paraître, dans le cas d’une majorité à gauche de quelques voix, le Sénat, par le jeux des alliances peut conserver un président de droite. L’actuel président, Gérard Larcher possède une surface politique susceptible de rassembler au-delà de son camp. Le candidat naturel de la gauche, le président du groupe socialiste, Jean-Pierre Bel est moins bien armé pour réussir une telle opération. Mais au Sénat rien ne s’oublie  et des rancoeurs peuvent ressurgir. Comme le souligne dans notre livre Jean Arthuis, "l’élection du président du Sénat est aussi complexe que celle d’un pape". La semaine qui vient sera sans doute celle de tous les conciliabules au Palais du Luxembourg. Le petit  RDSE (Rassemblement Démocratique et Social Européen) qui comprend des radicaux de gauche et de droite sera très courtisé, autant sinon plus que les centristes Alliances et les compromis seront de saison.


Quoi qu’il en soit un Sénat avec une gauche plus fournie entravera la reconquête de l’opinion entreprise par Nicolas Sarkozy. Dès la rentrée, les lois de finances y seront discutées et contestées, leur adoption ralentie. Un Sénat à gauche, c’est une nouvelle tribune pour l’opposition. Depuis 1981 la gauche à montré son savoir-faire à la tête de tous les rouages de l’Etat sauf au Sénat. Elle est impatiente d’y parvenir. La gauche sénatoriale a déjà annoncé que si elle l’emportait « elle aimerait en cinq mois dresser un bilan des politiques publiques menées en France depuis dix ans, se livrer à un audit du pays qui pourrait prendre sa part dans la campagne présidentielle et l’éclairer ».
Quel qu’il soit, le verdict électoral de dimanche donnera une radiographie exacte de l’état de l’opinion dans tout le territoire.

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