Ce que Sarkozy a vraiment gagné avec la présidence de l’UMP<!-- --> | Atlantico.fr
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L'ancien Président Nicolas Sarkozy a été élu à la tête de l'UMP.
L'ancien Président Nicolas Sarkozy a été élu à la tête de l'UMP.
©Reuters

Les mains dans le cambouis

Élu à la tête de l'UMP avec 64,5 % des suffrages, l'ancien Président Nicolas Sarkozy augmente ses chances de concourir à l'élection présidentielle de 2017 mais risque de se perdre dans les petits et les grands tracas inhérents à la fonction de chef de parti.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Mais qu'avait-il donc à gagner en se lançant dans cette campagne, se désolaient quelquefois de vieux amis de Nicolas Sarkozy, pendant cette campagne pour la présidence de l'UMP au cours de laquelle ils ont vu leur champion à la peine ? Ils s'interrogeaient : l'ancien Président, qui veut prendre sa revanche en 2017, a-t-il vraiment bien fait de chercher à revenir à la tête de sa formation politique pour s'occuper des petits et des grands tracas inhérents à la fonction de chef de parti, des questions bien dérisoires au regard des effets pervers de la mondialisation sur l'industrie française ?

C'est qu'en vertu du vieil adage maintes fois vérifié, (notamment en 2007, mais aussi en 2012 pour François Hollande), le contrôle de son parti politique est une, voire LAcondition indispensable pour concourir à l'élection présidentielle. Ces amis qui lui veulent du bien ont été d'une certaine manière rassurés : si Nicolas Sarkozy veut en redevenir le patron, il n'a pas l'intention de plonger lui-même les mains dans le cambouis, même s'il entend s'attribuer le moment venu le succès de la réparation de la machine UMP, fort abimée à cause des scandales et des problèmes financiers.

D'ailleurs pour tenter de faire oublier tous ces mauvais souvenirs, Nicolas Sarkozy ne veut plus de la marque UMP. Il cherche seulement à améliorer le moteur et la carrosserie de la machine UMP afin d'être en mesure de la piloter jusqu'à l'investiture pour la présidentielle de 2017. Pour la séquence réparation proprement dite, il fera appel aux mécanos dévoués (Laurent Wauquiez, Nathalie Koziusko-Morizet, Gérald Darmanin, Gérard Fasquelle notamment ), qui se sont empressés à ses côtés pour récupérer la machine. Et il est prêt à leur adjoindre de l'aide venue d'une équipe concurrente. Pour en finir avec la métaphore automobile, Nicolas Sarkozy est prêt à jouer "collectif " au nom du rassemblement et à intégrer des amis de Bruno Le Maire, le concurrent qui lui a taillé de sérieuses croupières dans cette campagne en obtenant 29,18% des voix.

Le Maire, la révélation de cette élection, et qui du coup s'impose comme "un de nos meilleurs espoirs". Est-ce suffisant pour marquer cette "volonté de renouveau" sur laquelle l'ancien ministre de l'Agriculture a fait campagne et qu'il entend faire "respecter"? En tous cas cela fait partie du prix à payer pour Nicolas Sarkozy pour conserver la mainmise sur l'UMP. Mais ce n'est pas tout.

Aux rivaux d'hier viennent s'ajouter ceux, déjà bien connus de demain, les anciens Premiers ministres Alain Juppé et François Fillon. Il les verraient bien en conseillers, regroupés, (parqués?), dans un Comité des Sages en compagnie de Jean-Pierre Raffarin et Dominique de Villepin. Spectateurs pendant que lui ferait les essais au volant ? François Fillon a prévenu d'avance dès samedi soir que "Union ne signifie pas soumission".  Plus prosaïquement son entourage explique : "Il nous présente un comité des vieux sages pour en faire le comité des vieux cons". La proposition avait été aussitôt balayée par le bras droit d'Alain Juppé sur Twitter : "Le bureau politique élu, dont les anciens Premiers ministres sont membres de droit, est la seule instance de gouvernance légitime", écrit Gilles Boyer avant de préciser que "tant qu'on n' aura pas modifié démocratiquement les statuts (de l'UMP ), ils s'appliquent". Et ce matin le député maire du Havre, Edouard Philippe, proche parmi les proches du maire de Bordeaux, renchérissait sur BFM : "C'est la première fois qu'une couleuvre ressemble à un croc de boucher", allusion à leurs déboires judiciaires passés à propos de l'affaire Clearstream. C'est que tant Alain Juppé que François Fillon, Bruno Le Maire et Xavier Bertrand exigent une épreuve éliminatoire, autrement dit des primaires ouvertes à tous pour désigner le candidat de la Droite à la présidentielle.

Contraint d'en accepter le principe pendant sa campagne, Nicolas Sarkozy s'est montré très flou sur leur organisation hier soir sur TF1. De même est-il attendu pour mettre en musique la "réinvention du modèle démocratique français, notre façon de faire de la politique, l'organisation des formations et les idées", qu'il appelle de ses voeux. Et pour le renouveau des idées, Nicolas Sarkozy est prêt à se montrer très "participatif", car il est à la recherche "d'idées". Au cours de sa campagne pour redevenir président de l'UMP, il n'a fait que des promesses de "défaisance" (la loi sur le mariage pour tous, les rythmes scolaires, la réforme régionale), mais n'a présenté aucun projet. Ses militants projettent de grands espoirs sur lui. Dans le sondage du JDD , ils le créditent de "courage, d'autorité, de dynamisme", mais lui contestent la capacité de rassembler la "capacité à rassembler les électeurs de Droite et du Centre" au profit d'Alain Juppé, actuellement paré du statut "d'homme politique préféré des Français".

Entre Juppé et Sarkozy, systématiquement comparés dans les études d'opinion, la rivalité va s'exacerber et les autres concurrents pour 2017 n'entendent pas faire de la figuration dans ce match annoncé. Nicolas Sarkozy va non seulement devoir apprendre à jouer "collectif" ce qui est totalement contraire à la culture du chef en général et à sa personnalité en particulier, mais il va aussi devoir  gérer la contradiction qui existe entre la popularité d'un "vieux" sage, Alain Juppé, presque septuagénaire et la montée d'une nouvelle génération politique incarnée ici par Bruno Le Maire, et relayée dans le pays par une multitude de jeunes maires élus aux dernières municipales dont beaucoup vont vouloir pousser leur avantage lors des cantonales et des régionales ! Au jeu collectif , Nicolas Sarkozy va devoir ajouter l'art de la synthèse. Ce n'est pas gagné pour lui !

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