32% du PIB consacré aux dépenses sociales et toujours des collectes alimentaires : quelle proportion de la facture relève des effets pervers du système ?<!-- --> | Atlantico.fr
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32% du PIB français est consacré aux dépenses sociales.
32% du PIB français est consacré aux dépenses sociales.
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Championne du monde

D'après l'OCDE, la France consacre l'équivalent de 210 milliards d'euros chaque année aux dépenses sociales. Notre modèle social se classe donc parmi les plus coûteux au monde pour des résultats sociaux qui ne sont malheureusement pas supérieurs à ceux des autres pays. Il privilégie le sort de séniors sur celui des jeunes adultes. Ce qui n’est pas la moindre de ses faiblesses...

Frédéric Bizard

Frédéric Bizard

Frédéric Bizard est professeur d’économie à l’ESCP, président de l’Institut de Santé et auteur de « L’Autonomie solidaire en santé, la seule réforme possible ! », publié aux éditions Michalon.

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La sortie du dernier rapport de l’OCDE 1 confirme la première place de la France dans le monde en matière de part de richesse nationale consacrée aux dépenses sociales.

Près d’un tiers de la richesse nationale consacré au social en France

Ainsi, les prévisions 2014 de l’OCDE prévoient un niveau de dépenses sociales en France équivalent à 32% du PIB contre une moyenne de 22% dans l’OCDE. Avec 1 point de PIB valant autour de 21 milliards d’euros, c’est donc l’équivalent de 210 milliards d’euros de dépenses supplémentaires consacrés dans le social chaque année.

La Finlande, la Belgique, et le Danemark forment avec la France le quatuor des pays consacrant actuellement plus de 30% de leur richesse nationale au social.

L’Allemagne y consacre 26% de son PIB soit l’équivalent 210 milliards d’euros de moins que la France tout en présentant un niveau de protection sociale de première qualité.

Une distribution des dépenses sociales largement concentrée sur les séniors, qui laisse le jeune adulte comme le maillon faible de notre système de protection sociale

La répartition de la dépense sociale 2 en 2012 montre que les retraites représentent près de 240 milliards d’euros et les dépenses totales de santé se montent 235 milliards d’euros.

Ainsi santé et retraites, avec 475 milliards d’euros accaparent les trois quart des dépenses sociales.

Sachant que les séniors consomment plus de 60% des produits et services de santé, les séniors sont bien les principaux bénéficiaires des dépenses sociales, sans être toutefois la cause de la part élevée en matière de PIB comme nous le verrons.

Outre la santé et les retraites, les dépenses actives et passives liées au chômage s’élèvent à 43 milliards d’euros, et les aides sociales à 33 milliards d’euros.

Restent à additionner les dépenses de la sécurité sociale pour la famille à 53 milliards d’euros et accidents du travail/maladies professionnelles à 13 milliards d’euros pour obtenir ce record mondial de dépenses sociales qui s’élevait en 2012 déjà 31% du PIB soit 635 milliards d’euros.

Chômage,  système de retraite et faible croissance économique sont les 3 raisons majeures du poids élevé du social en part de PIB

Le décrochage de la France en matière de croissance économique (+0,5% par an ) par rapport aux autres pays de l’OCDE (+1,5%/an) dans la décennie 2000 est une première raison de la part plus importante en PIB de la dépense sociale. Ainsi, de la première place, la France descend en cinquième position du classement (derrière la Norvège, le Danemark, l’Autriche, la Suède et la Belgique)  si on considère la dépense sociale par habitant.

La deuxième raison est le coût très élevé de notre système de retraite par rapport à celui des autres pays de l’OCDE.Avec près de 4 500 euros par habitant, les dépenses publiques de la France pour la vieillesse sont de 60% de plus que la moyenne de l’OCDE  et 28% de plus que l’Allemagne. Si l’âge de départ en retraite plus précoce en France que dans les autres pays peut être considéré comme un bénéfice social pour la population, la France paie très cher et sans bénéfice social partagé par toute la population les différences public/privé et l’existence de régimes spéciaux très onéreux en matière de retraite.

La troisième cause de dépenses sociales élevées est le chômage. Notre système d’allocation chômage est le plus généreux au monde, avec un une indemnisation ouverte dès 4 mois et non 12 mois comme dans la plupart des autres pays, une durée d’indemnisation et un plafond d’indemnisation bien plus élevés que les autres pays. Outre les conséquences directes du chômage sur les dépenses sociales, le chômage est une source significative  de hausse des autres besoins sociaux  au sein de la population.

Des fraudes aux prestations et prélèvements sociaux qui aggravent le déséquilibre économique du système

Avec une fraude aux prélèvements sociaux de la part des entreprises estimée entre 8 et 15 milliards d’euros3 , une fraude aux prestations sociales de l’ordre de 3 milliards d’euros4 par an, la fraude sociale en France coûterait près de 20 milliards d’euros soit 1 point de PIB par an.

Les fraudes réellement détectées en 2009 et en 2010 ont été 380 millions d’euros et de 458 millions d’euros respectivement, montrant l’ampleur de la tâche à accomplir pour lutter efficacement contre la fraude sociale.

La caisse nationale d’allocations familiales estime que 2,2% de l’ensemble des allocataires seraient auteurs de fraudes5 représentant 1,4% du montant des allocations versées soit près de 600 millions d’euros.

Sur le plan économique, l’ampleur du travail illégal et le manque à gagner pour la sécurité sociale représentent une perte de recettes considérable, équivalente à plus de 4% du montant des cotisations recouvrées par l’agence centrale des organismes de sécurité sociale.

Les cas des fraudes révélées correspondent pour la plupart à des fausses déclarations d’assurés mais aussi à des omissions de déclaration de changement de situations ou de revenus. Si le taux de fraude est faible pour les allocations familiales (0,43%) ou la PAJE (0,24%), d’autres prestations comme le RSA (3,6%) ou l’API (3,1%) ont des taux nettement plus élevés.

Notre modèle social se démarque aussi de nos voisins par des coûts de gestion de notre système social les plus élevés d’Europe avec près de 35 milliards d’euros de dépenses chaque année, soit 1,7% du PIB contre 0,8% en moyenne dans l’Union européenne.

En conclusion, notre modèle social se révèle parmi les plus coûteux au monde pour des résultats sociaux qui ne sont malheureusement pas supérieurs à ceux des autres pays. Il privilégie le sort de séniors sur celui des jeunes adultes, ce qui n’est pas la moindre de ses faiblesses !

Propos recueillis par Franck Michel / sur Twitter


1 Social expenditure update (November 2014) OECD 2014 - SOCX

2 Données 2012 issues du rapport sur la dépenses publique et son évolution 2013 de l’INSEE, la LFSS 2013, et le rapport sur la situation et les perspectives de finances publiques 2013 de la cour des comptes

3 Conseil des prélèvements obligatoires et cour des comptes 2010

4 rapport de l’Assemblée Nationale 2011

5 Etude statistique 2009 auprès de 10 700 allocataires


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