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Quand la politique économique du gouvernement se résume à reporter les réformes et que Bruxelles lui donne raison
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Editorial

Le léger baume appliqué à la conjoncture conduit implicitement les responsables politiques à penser qu’ils disposent d’un peu plus de temps pour transformer le pays. Et la Commission de Bruxelles vient de lui donner raison...

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Plus que jamais, nous vivons sous le signe de la politique des incantations. Les appels à l’audace sont quotidiens : le dernier provient du rapport présenté en grande pompe par deux économistes, l’un français, Jean Pisani-Ferry, l’autre allemand, Henrik Enderlein, avec un impressionnant catalogue de réformes des deux côtés du Rhin afin de relancer la croissance. Les deux experts envisagent des lendemains qui chantent : une évolution commune vers un marché unifié de l’énergie et du numérique, une convergence du salaire minimum entre autres, mais toujours à des échéances lointaines, dix ans au moins. Mais dès lors qu’on devrait entrer dans le concret pour envisager des mesures immédiates, c’est le flou qui domine. Les ministres ont réservé un accueil poli au rapport, qui renouvelle une fois de plus les préconisations indispensables pour la France : assouplir les rigidités du marché du travail, redresser la compétitivité et réduire les dépenses publiques.

Mais tout se passe comme si les gouvernants avaient la tête ailleurs. En clair, ils sont comme aveuglés par quelques signaux qui apportent une éclaircie dans le ciel sombre de la conjoncture. Le pétrole connaît une chute brutale, qui a fait tomber son cours de 135 dollars le baril en juin à moins de 70 fin novembre, représentant pour la balance des paiements un allègement de plusieurs milliards en année pleine. Parallèlement, l’euro est sur une pente descendante, dont on ne voit toujours pas la fin, réveillant ainsi les industries exportatrices. Enfin, les taux d’intérêt continuent de plonger, permettant au Trésor d’emprunter à moins d’un pour cent pour financer la dette. Ces données nouvelles, qui font figure d’atouts inespérés il y a quelques mois encore, représentent une sorte de ballon d’oxygène. Elles devraient faciliter les réformes en réduisant le coût que celles-ci feraient subir aux citoyens.

Mais c’est tout le contraire qui risque de se produire. Le léger baume appliqué à la conjoncture conduit implicitement les responsables politiques à penser qu’ils disposent d’un peu plus de temps pour transformer le pays : c’est au demeurant l’attitude constante observée par François Hollande depuis son entrée à l’Elysée, à toujours reporter les échéances. Et la Commission de Bruxelles semble lui donner raison, en accordant une fois de plus à notre pays un délai supplémentaire pour engager les réformes : certes, les commissaires ne croient toujours pas à la volonté de la France de respecter ses promesses, mais ils répugnent à entrer dans la voie des sanctions et par lâcheté préfèrent lui accorder un nouveau crédit de trois mois. La faiblesse de Bruxelles, en désarmant un peu partout les velléités réformatrices, fait réapparaître le laxisme, tandis que sur le terrain le front du refus s’organise. Les professions réglementées sont entrées dans le grand bal des manifestations, le patronat multiplie les exigences tout en sachant qu’il ne sera pas écouté, le dialogue social est aux abonnés absents. Partout, les corps intermédiaires se cuirassent pour empêcher tout changement susceptible de les concerner. Le ministre de l’Economie poursuit sans relâche l’évocation des tâches à accomplir, mais en reculant aussitôt qu’il faudrait passer aux actes par crainte de voir ses concitoyens descendre dans la rue. Et les grands projets finissent dans des textes de lois confus et complexes qui passent toujours à côté de l’essentiel et n’apportent que des changements de détail. Pendant ce temps, le chômage poursuit sa hausse inexorable devant une opinion médusée et fataliste, en approchant du seuil des trois millions et demi de sans emplois.

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