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Marine Le Pen se laisse séduire par l’or de Moscou…
Marine Le Pen se laisse séduire par l’or de Moscou…
©Reuters

Back to the USSR

9 millions d’euros viennent d’arriver de là-bas dans les caisses du Front National. Un geste hautement sympathique.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le Front National a beaucoup de points communs avec le Parti Communiste d’antan. Comme lui naguère, il est le premier parti ouvrier de France. Comme lui, il entend défendre les pauvres qu’on appelle aujourd’hui les « sans-dents ». Comme lui, il se dresse contre l’ordre établi. Comme lui, il refuse les diktats de l’impérialisme américain et de ses valets européens.

Or, le FN vient de pousser un peu plus loin ce mimétisme. Il a en effet reçu un prêt de 9 millions d’euros de la First Czech Russian Bank, proche du pouvoir russe. L’or de Moscou ! Pendant longtemps, le PC français fut accusé (à juste titre) d’en avoir plein dans ses coffres. Ce qui ne lui fit d’ailleurs aucun tort. Pas plus que cela n’en fera sans doute au parti de Marine Le Pen.

Le tropisme pro-russe du FN n’est un secret pour personne. Marine Le Pen, c’est Chimène et, les yeux énamourés, elle regarde le Cid, c’est-à-dire Vladimir Poutine (ce qui provoque d'intenses de jaouise chez Louis Aliot). Ce dernier a d’ailleurs tout pour plaire au Front National et à nombre de sympathisants de l’extrême-droite. Il est musclé, sportif, viril. Un homme, un vrai. Et au nom de l’identité nationale russe, il n’hésite pas à envoyer ses chars en Ukraine, un pays dont, du côté du Front National, on se fout éperdument.

Le PC aimait Staline. Le FN aime Poutine. Le PC adorait l’Union Soviétique. Le FN aime la Russie. Le PC luttait contre l’hégémonie américaine. Le FN mène un combat identique. Il n’est donc pas surprenant que ce soit à Moscou et pas à New-York qu’il ait fait des démarches pour avoir un peu d’oseille. Imagine-t-on le parti de Marine Le Pen s’adresser à une banque suisse pour un prêt ? Jamais, ça c’est bon pour les Cahuzac et consorts qui ont des comptes là-bas… Le voit-on s’adresser, pour les mêmes motifs, à la banque Rothschild ? Grotesque, dès lors qu’on sait que cette banque appartient, comme dirait le père de Marine Le Pen, au « lobby qu’on a pas le droit de nommer » ! Goldman and Sachs, peut-être ? Demander de l’argent aux prédateurs de Wall Street qui tiennent en otage l’économie mondiale, vous rigolez ?

Au demeurant, il n’est pas scandaleux qu’un parti politique ait besoin d’argent. Certains trouvent des arrangements dans l’Hexagone avec, par exemple, une Mme Bettencourt. Mais le Front National, bien que premier parti de France, ne dispose pas de ce genre de réseau. Alors il va chercher l’argent là où on veut bien lui en donner. Et en plus, pour faire peuple, il s’adresse à une petite banque, la First Czech Russian Bank ne figurant pas au gotha des grands établissements financiers.

Mais le remboursement ? Cette question est parfaitement odieuse et malvenue. Quand le FN sera au pouvoir (ce qui est loin d’être certain, mais possible), il s’acquittera de sa dette en livrant à la Russie plein de petits Mistrals. Ce jour là, la Seine et la Volga formeront ensemble un long fleuve tranquille sur lequel Marine et Vladimir partiront en croisière…  

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