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Dette toxique des collectivités locales: « C’est pas moi, c’est le bankster ! »
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Zone franche

Les collectivités locales ayant eu recours à des produits financiers auxquels elles ne comprenaient rien sont les complices des banques, pas leurs victimes.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Le pli est tellement pris de taper sur les affreux banquiers quelles que soient les circonstances que je m’attends à voir ma fille blâmer la Société Générale pour sa prochaine mauvaise note :

― 5 en espagnol ! Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
― Mais papa, avec ces spéculateurs qui étouffent l’économie réelle en accumulant toujours plus de profits…
― Ah, évidemment…

Et tiens, prenez les collectivités locales qui se retrouvent à poil parce qu’elles ont emprunté via des trucs hyper spéculatifs auxquelles elles ne comprenaient rien et s’apprêtent à augmenter massivement les impôts pour se refaire :

― Quoi, plus 185% sur ma taxe d’enlèvement des ordures ménagères !
― Oui je sais, c’est dur, mais voyez-vous j’ai parié sur la courbe positive du yen sur la roupie en contango backwardisé et je me suis salement planté sur le prix spot…
― Pardon ?
― J’ai joué votre pognon en bourse et j’ai tout perdu…
― Ah, OK… Je vais chercher mon chéquier.

Pour Libé, qui dévoile le scandale de ces 5 500 mairies, départements, régions et autres communautés de communes empêtrés dans 25 milliards de dette pourrie, la cause est d’ailleurs entendue : si ces banquiers véreux n’avait pas abusé de la confiance aveugle des fonctionnaires qui placent les éconocroques des contribuables sur les marchés internationaux, ma fille n’aurait jamais eu 5 en espagnol.

Enfin, elle n’aurait sans doute pas eu la moyenne non plus, vu qu’elle n’avait pas appris sa leçon, mais 5 ?

Claude Bartolone, président (PS) du Conseil régional de Seine-Saint-Denis est d’ailleurs super vénère, comme on dit dans le coin. Et il y a de quoi : « Il a découvert, nous explique le quotidien fondé par l’auteur des Mains sales, que son département, sous la direction des communistes, s’était gavé de prêts basés sur l’évolution comparée du franc suisse, de l’euro, du yen et du dollar ».

Eh bien, il n’a fait ni une ni deux et a déposé plainte contre Dexia pour lui reprocher la hausse du franc suisse, dont la banque n’avait pas assez insisté sur l’éventualité en vantant ses produits à risque. Non mais !

Bon, il aurait aussi pu demander des comptes à ses prédécesseurs, mais sans doute s’est-il dit que des communistes, c’est normal qu’ils n’entravent que pouic au fonctionnement des marchés monétaires internationaux… Alors que Dexia, hein…

Sans remettre en question la responsabilité ultime des banques ― dont le rôle dans le tsunami de 2004, les attentats du 11 septembre et l’explosion du réacteur de Fukushima ne fait guère de doute ―, on est tout de même un tout petit peu heurté par cette idée de sommes considérables confiées à des amateurs tout juste bons à gérer un crédit revolving chez Darty.

― La banque m’a dit : « Vous verrez, c’est imparable : vous mettez les 50 millions d’euros prévus pour le financement du nouvel hôpital sur du Madoff à maturation rapide et vous faites dix fois la culbute. Ah, des hôpitaux, vous allez vous en payer mon vieux ! » J’ai pensé que ça serait bien…
― Mais vous n’avez pas senti que c’était un peu risqué, pour une commune de 10 000 habitants…
― Ma foi, tous les documents étaient en anglais et moi, j’ai fait espagnol première langue…

Espagnol ? Zut alors. Il aurait au moins pu aider ma fille alors, à défaut de sauver 150 ans de budget municipal…

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