François Bayrou, Luc Ferry : « Je sais tout mais je ne dirai rien » <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
People
François Bayrou, Luc Ferry : 
« Je sais tout mais je ne dirai rien »
©

Zone franche

Alors comme ça, vous connaissez de terribles secrets mais vous préférez n’en parler qu’à demi-mots pour vous faire mousser dans les médias sans vraiment vous engager ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

Voir la bio »

Il semble qu’il y ait deux catégories d’hommes politiques dans ce pays : les corrompus et les incorruptibles. Le problème avec les premiers, c’est facile, c’est qu’ils soient corrompus. Le souci avec les seconds, c’est qu’il ne leur vienne pas à l’esprit de dénoncer les corrupteurs aux avances desquels ils ont courageusement refusé de céder.

Prenez François Bayrou, par exemple. Eh bien c’est le type même de l’incorruptible un poil trop discret. Il est là, au prime time matutinal d’une radio nationale, on lui demande ce qu’il pense de ses confrères amateurs de Samsonite bourrées de cash et que répond-il : « C’est vraiment très mal et moi-même, je peux vous garantir qu'à chaque fois qu'on me propose de l’argent sale, je dis non ! »

Hébétude de l’interviewer, qui n’a tellement pas l’habitude des réponses de ce genre qu’il faut qu’un auditeur appelle le standard de la station pour réveiller sa fibre investigatrice :

― Hein ? Quoi ? Pardon ? Il y a des gens qui sont venus vous proposer des valises de biftons ?
― Oui, mais ces derniers seize ans, j’ai toujours dit non…
― Ah bon. Et avant, à l’époque du CDS
― Hum, avant, je ne sais pas mais depuis, non !
― Et vous n’avez pas pensé à les dénoncer, ces porteurs de valises ?
― Ce serait créer des incidents internationaux de première dimension, ce que je ne ferai pas…
― Ah d’accord… Question suivante. Qu’avez vous pensé du zizi de DSK  l’autre soir sur TF1 ?

Notez que la question est pertinente, l’intérêt des hommes politiques intègres pour le zizi de leurs homologues à la morale vacillante étant notoire. « Je connais un ancien ministre qui s’est fait poisser dans une partouze avec des petits garçons dans un hôtel de Marrakech », nous apprenait d’ailleurs récemment Luc Ferry, philosophe et intermittent du spectacle, sur le plateau d’une grande chaîne de télé :

― Hein ? Quoi ? Pardon ? avait répondu l’interviewer éberlué. Mais de qui s’agit-il…
― Ah, ça, je ne peux pas vous le dire. Je ne suis pas un cafteur. Je peux juste vous dire que je le tiens des plus hautes autorités de l’État…
― Les plus hautes autorités de l’État ? Mais lesquelles ?
― N’insistez pas, je ne suis pas un cafteur !
― Ah OK. Et la nouvelle mise en page des livres d’histoire de CM2, qu’en dites-vous ?

Manifestement, c’est d’une troisième catégorie de politiques dont nous aurions besoin : des incorruptibles déterminés à mettre un terme à la corruption ou aux comportements limites plutôt que simplement focalisés sur l’annonce de trucs énormes qui font le buzz dans les médias, quitte à passer pour un rigolo inconséquent dès le lendemain.

Un rigolo inconséquent. Remarquez, ça aussi ça fait du buzz dans les médias. Hey, saviez-vous que j’ai moi-même été approché par un marchand d'armes pédophile qui voulait m’ouvrir un compte numéroté dans une banque suisse ? Je n'ai pas encore refusé : je sais c'est dégueulasse, mais c'est aussi pas mal d'argent.

Je vous tiens au courant.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !