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Le positionnement idéologique de l'électorat de droite a contraint Nicolas Sarkozy à se focaliser sur sa frange plus droitière.
Le positionnement idéologique de l'électorat de droite a contraint Nicolas Sarkozy à se focaliser sur sa frange plus droitière.
©Reuters

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Le positionnement idéologique de l'électorat de droite a contraint Nicolas Sarkozy à se focaliser sur sa frange plus droitière. Un revirement par rapport à son discours rassembleur initial, accentué par la double échéance électorale à laquelle il doit faire face : primaires UMP et élection présidentielle. Mais un stratagème qui, in fine, pourrait payer.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Paysage idéologique de l'électorat de droite

Le centre de gravité idéologique de la droite s'est nettement déporté sur la droite ces dernières années. Pour preuve, à l'élection interne des courants à l'UMP, la droite forte, populaire et sociale de Laurent Wauquiez ont capitalisé à elles seules 2/3 des voix, reléguant très loin derrière, la France moderne et humaniste de Jean-Pierre Raffarin. Pourtant, ce dernier pouvait compter sur le soutien de très nombreux parlementaires. La droite "d'en bas" s'est donc fortement droitisée.

Cela est également perceptible à l'aune des enquêtes d'opinion qui montrent qu'un électeur de droite sur deux est favorable à des accords au niveau local avec le Front national, alors que ce niveau se situait entre 30 et 40% du temps du quinquennat de Nicolas Sarkozy.

Alors que Nicolas Sarkozy n'avait pas annoncé son retour officiel en politique, les sympathisants de droite se prononçaient déjà à hauteur de 57% pour que ce dernier (en cas de retour) adopte une ligne politique "décomplexée", contre 34% en faveur d'une ligne "modérée".

Sondage Ifop pour Valeurs Actuelles Juin 2014 - Cliquez sur l'image pour agrandir

Nicolas Sarkozy, l'évolution de son positionnement politique et son impact sur la droite

Après les cafouillages et hésitations du début de campagne, il a fait le pari tardif de reprendre les intonations de l'entre-deux tours de la présidentielle 2012 : la ligne Guaino-Buisson, sans Patrick Buisson, cette fois-ci.

Les propositions et les discours étaient assez musclés dans les fédérations du Sud de la France (Toulon, Marseille et Nice). Dernier avatar de ce durcissement de la campagne : les propos tenus devant l'assemblée au meeting de "sens commum". Il prend le pari de répondre à la droitisation de son corps électoral, en sachant qu'il y a une forte pression de la part du Front national.

Sa première communication à la télévision s'axe sur une volonté de dépassement du clivage gauche-droite et d'un rassemblement large. Il a donc changé son fusil d'épaule en route. En bon animal politique, il a pris le poul de sa base militante et s'est rendu compte que son positionnement initial était en décalage avec les attentes. Un décalage d'autant plus marqué que Nicolas Sarkozy fonctionne un peu comme une marque : s'il est toujours largement en tête dans les enquêtes d'opinion auprès des sympathisants de droite concernant leur souhait pour 2017 (52% contre 33% pour Alain Juppé), c'est parce qu'il a satisfait la frange importante et majoritaire qui le soutient sur des thématiques comme la fête du vrai travail, la renégociation de Schengen, l'éloge des frontières, etc.

Sondage Ifop pour Ouest France Novembre 2014 - Cliquez sur l'image pour agrandir

Nicolas Sarkozy, la double course : primaires UMP et présidentielle

La correction de trajectoire a été opérée rapidement. Il est d'autant plus sur cette ligne, car contrairement à Alain Juppé, il a deux courses à mener de front.

La première, avec la présidence de l'UMP, qui se gagne à droite, comme une élection au congrès du PS se gagne à gauche. Il n'y a pas de secret. C'est la base militante qui le force à droitiser son discours. L'actualité de ce week end le confirme. Rien n'indique que dans son fort intérieur Nicolas Sarkozy était un farouche défenseur de l'abrogation de la loi Taubira, mais il y avait des militants à convaincre qui occupaient des positions très dures sur le sujet.

En même temps, il lui faut se positionner pour les primaires à la présidentielle de 2017, d'où son discours plus polissé lors de l'officialisation de son retour en politique sur le plateau télévisuel de France 2 du 21 septembre 2014. Il n'est question que de dépasser le clivage gauche - droite et rassembler au-delà de sa famille politique. Il oublie à ce moment là que la première formalité est d'être largement élu par les militants à la présidence de l'UMP. Des militants qui sont peut être même davantage à droite que ce dont il se souvenait.

Alain Juppé, un pari au centre assez hasardeux

Juppé s'adonne à un calcul différent, même si certaines de ces propositions sont assez droitière, malgré son image assez consensuelle. Témoin, son discours en matière économique concernant l'immigration. Mais l'habillage du discours est davantage modéré.

Le pari est assez hasardeux et peut surprendre. Nicolas Sarkozy souhaite d'abord rassembler son camp par la droite et élargir ensuite. C'est un peu l'idée de 1995 qui se rejoue, à l'époque entre Jacques Chirac et Edouard Balladur. Tout n'est pas transposable, mais certains ingrédients y sont : Nicolas Sarkozy, même s'il ne le voulait pas, reprend une position droitière, presque anti establishment, quand Alain Juppé serait dans une posture plus consensuelle, à la faveur des médias (cf. la couverture des Inrocks). L'histoire a toutefois montré qu'à chaque fois, c'est le tenant de la ligne politique la plus fidèle à son camps qui l'emporte.

Pourquoi Alain Juppé est-il tenté d'adresser des clins d'oeil au centre droit (le soutien de François Bayrou) et gauche (par exemple avec Manuel Valls et Emmanuel Macron) ? Il pense que la situation et configuration politiques sont en fait inédites : avec un Front national très haut dans les sondages et une gauche tombée en charpie. Le pari qui est le sien est de miser sur une situation nouvelle et inédite qui laisse à penser qu'il peut rassembler une partie de la droite, du centre et au-delà en jouant sur l'effondrement globalisé du paysage politique. En creux, il n'adresse rien d'autre comme message que le fait qu'il est un recours à une droite ultra droitière ou Marine Le Pen. Par ailleurs, Alain Juppé sait très bien que Nicolas Sarkozy n'est pas prenable sur son électorat de droite.

Habituellement, la stratégie d'Alain Juppé est une impasse assurée : si vous n'êtes pas maître de votre couloir politique, difficile de l'emporter auprès de vos sympathisants. Il est toutefois tout sauf sot. S'il adopte ce positionnement, c'est pour s'assurer une forme de cohérence avec son parcours et son image politique (impossible pour lui de singer Nicolas Sarkozy). Attention toutefois au discours des médias qui consiste à répéter que la primaire sera très ouverte à l'UMP, aux centristes et même aux socialistes, du fait d'une menace frontiste. En effet, les dernières primaires socialistes ont démontré que ce n'était pas le cas. La droite n'est pas allée voter aux primaires avec en tête des billards à quinze bandes pour déstabiliser le parti socialiste...

Une analyse objective, mais aussi une bonne dose de wishful thinking. Hasardeux et risqué. Mais au moins Alain Juppé a le mérite de la constance.

François Fillon, l'effet boomerang de son opposition à Nicolas Sarkozy

Il au départ LE challenger de Nicolas Sarkozy. Il essaie d'ailleur de le prendre sur le terrain de la réforme en durcissant sur le régalien : un Alain Juppé survitaminé en matière économique, mais pas de course à l'électorat de droitier de droite. Et ce jusqu'à l'été 2013.

Il observe toutefois qu'en dépit de la multiplication d'ouverture d'affaires à l'encontre de Nicolas Sarkozy, rien ne bouge dans les baromètres et il reste très loin de son ancien président de la République. Ce faisant, il décide de changer de posture : il tire à boulets rouge sur Nicolas Sarkozy et se permet une sortie sur le sectarisme au PS/FN, en assurant qu'il voterait pour le moins sectaire des deux. Une catastrophe pour lui à deux points de vue : il brise son passif en termes d'image et de parcours.

Il traîne quelque part comme un boulet le fait d'avoir accompagné Nicolas Sarkozy jusqu'au terme du quinquennat. Pour un électeur UMP lambda, ses sorties critiques sur Nicolas Sarkozy sont donc vécues comme un problème de crédibilité. Il est identifié comme celui qui crache dans la soupe. Quelque soit les efforts qu'il fournit, il ressort donc marqué du quinquennat. Ses attaques anti Nicolas Sarkozy lui sont revenues en pleine figure, en effet boomerang.

Deuxième élément de passif : son image d'homme d'Etat gaulliste, très carré sur son positionnement face au FN. Sa sortie FN/PS ne choque pas l'électeur de droite en tant que telle, ce qui le choque c'est que ce soit François Fillon qui le dise. On lui repporche alors son manque de colonne vertébrale politique. A partir de septembre, il décroche encore davantage dans les sondages pour la présidentielle 2017. Et c'est à ce moment là qu'Alain Juppé s'intercalle. Il reprend le créneau modéré anti Nicolas Sarkozy.

François Fillon est dans une fuite en avant droitière parce que le créneau modéré est pris, et le seul créneau possible est l'opposition frontale à Nicolas Sarkozy. D'où l'interprétation par certains que les propos supposés tenus à M. Jouyet soient plausibles, car son seul recours serait un désistement judiciaire de Nicolas Sarkozy.

Méthodologies des sondages

Ce document présente les résultats d’une étude réalisée par l’Ifop. Elle respecte fidèlement les principes scientifiques et déontologiques de l’enquête par sondage. Les enseignements qu’elle indique reflètent un état de l’opinion à l’instant de sa réalisation et non pas une prédiction.

Aucune publication totale ou partielle ne peut être faite sans l’accord exprès de l’Ifop.

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