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En politique intérieure comme internationale, l’idéologie dominante sidère les esprits et pétrifie les réactions
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La semaine Goldnadel

De la fête de l'Huma à la reconnaissance de l'État palestinien, l'avocat Gilles-William Goldnadel revient sur les événements de la semaine passée. Et comme toujours avec lui, le politiquement correct n'est pas de mise.

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Il a notamment écrit en 2024 "Journal de guerre : C'est l'Occident qu'on assassine" (éditions Fayard) et en 2021 "Manuel de résistance au fascisme d'extrême-gauche" (Les Nouvelles éditions de Passy). 

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Les éminences socialistes à la fête de l’Humanité

Ainsi, la plupart , pour « rassembler toutes les gauches ». Martine Aubry, déclarant pour sa part, qu’elle avait pris cette habitude « depuis les années 70 ». A Ségolène Royal l’étreignant joyeusement, Mélenchon, déclara avec condescendance : « Tu comprends notre démarche de la radicalité concrète ». Et c’est bien du rapport avec la radicalité politique qu’il s’agit. Imagine-t-on la bronca médiatique et intellectuelle que pourrait déclencher une visite symétrique d’un responsable UMP à la fête « Bleu-Blanc-Rouge » du FN aux fins de «rassembler toutes les droites » ?

Que cette hémiplégie morale soit cultivée par la gauche est, cyniquement, compréhensible. Mais que la droite républicaine ou libérale, qui a tant sacrifié électoralement pour se conformer à ses principes, ne dénonce pas fortement la soumission socialiste à l’extrême gauche jusqu’à accepter de recevoir quelques pierres, montre à quel point l’idéologie dominante sidère les esprits et pétrifie les réactions.

Lorsque Mme Parisot s’en prend plus vertement au programme économique du FN qu’à celui du PCF ou aux grèves irresponsables de la CGT, lorsque Nathalie Kosciuzco-Morizet réserve ses seules flèches à Marine Le Pen, n’oublient-t-elles pas, dramatiquement, un autre front ?

Hortefeux relaxé...

Ainsi, la Cour d’appel de Paris a infirmé la décision du tribunal correctionnel qui avait condamné Brice Hortefeux pour injure raciale. L’ancien ministre a été relaxé. Le MRAP a été débouté. On peut penser ce que l’on veut de l’humour du prévenu, que je ne trouve, personnellement pas drôle du tout, mais c’est ainsi. A lire le Monde du jeudi, un esprit distrait aurait pu considérer que les commentaires sévères des juges – mais totalement superfétatoires – valaient condamnation.

Erdogan, ce modèle démocratique

Dans un esprit finalement assez voisin, une bonne partie de la classe intellectuelle et médiatique, dont Bernard Guetta est l’un des représentants les plus courtois, considère que le doux printemps arabe aurait bourgeonné d’« islamistes modérés » à foison. Jadis, du temps du conflit libanais, l’expression « islamo-progressiste » avait fait florès, avant que ne vienne le temps plus rigoureux du Hezbollah.

Dans sa dernière causerie, le journaliste précité a présenté le premier ministre turc Erdogan comme le modèle démocratique le plus avantageux dans un monde islamique ombrageux. C’est faire vraiment peu de cas de l’occupation d’une partie de l’Europe, à Chypre comme de la brutalité avec laquelle les ottomans nouveaux traitent les populations kurdes des deux cotés de la frontière turco-irakienne.

Il est vrai que l’ensemble des confrères de M. Guetta ne se montrent pas autrement plus critiques. A ce titre, et pour relativiser le brevet de démocratie accordé désormais sans barguigner au régime d’Ankara, on rappellera que, selon Reporters Sans Frontières, la Turquie occupe le 138e rang au classement des pays qui respectent la liberté d’expression. Mais peut-être que M. Guetta m’objectera avec son bel optimisme qu’ils étaient tout de même 178 à concourir.

Comme tristement on le verra, en Libye, en Egypte ou en Turquie, les « islamistes modérés » sont à la réalité, ce que le cercle carré est à la géométrie et le « communisme à visage humain » à l’Histoire. Ils n’existent qu’en grammaire. Dans la catégorie des oxymores.

Vers la reconnaissance d'un État palestinien ?

Enfin, la Palestine. Alain Frachon, ordinairement mieux inspiré, dans un article intitulé « Faisons un rêve », forme le vœu très pieux de voir le gouvernement israélien reconnaître l’État palestinien à l’ONU. J’ai donc l’ingrat devoir de rappeler certaines vérités à notre émule de Sacha Guitry :

  • L’actuel premier ministre israélien a déjà reconnu la légitimité d’un État pour les palestiniens dans son discours à l’université de Bar Ilan, il y a déjà trois ans.
  • Il attend toujours de voir le président de l’Autorité Palestinienne reconnaître, réciproquement, la légitimité d’Israël, en tant qu’État du peuple juif, conformément à la résolution sur le partage de la Palestine de 1947. Il discerne dans ce refus constant de la partie arabe la source principale du conflit centenaire.
  • Pour l’heure, le peuple arabe de Palestine est représenté par deux gouvernements rivaux qui se disputent la direction de l’État en devenir.
  • La partie palestinienne exige unilatéralement, au rebours des accords d’Oslo qui imposent une négociation préalable, la fixation par l’ONU de frontières qui n’ont jamais existé auparavant : la ligne d’armistice de 1967. Contrairement à une idée reçue aussi fausse que répétée des millions de fois, l’État hébreu n’a aucune obligation contraignante de revenir à cette ligne d’armistice.
  • Sans même évoquer le caractère indéfendable des lignes de juin 67, la résolution à venir, si elle avait un aspect contraignant, obligerait l’État juif à abandonner le Mur de Jérusalem et à s’en remettre à l’esprit bien connu de modération de la partie adverse en matière de liberté de culte.
  • Celle-ci, a toujours indiqué, sans pourtant indigner les partisans du multiculturalisme, qu’aucun juif ne serait toléré dans l’État islamique de Palestine. En revanche, elle exige toujours le retour de tous les « réfugiés » et de leur descendance en Israël.

Dans ces conditions,le rêve de M. Frachon, comme souvent, finirait en cauchemar.

J’ai lu ici et là, que, bien entendu, il conviendrait d’offrir, en contrepartie, à Israël une « garantie internationale ». Sera-t-elle du même acier, que la résolution onusienne qui obligeait le Hezbollah à désarmer ? Et sera-t-elle défendue avec opiniâtreté par nos chroniqueurs oniriques, en cas d’accrocs ?

Au fait, je ne crois pas avoir lu dans le journal de M. Frachon, en principe peu avare, le moindre commentaire sentencieux rappelant à la partie égyptienne, un peu fluctuante ces jours-ci, la nécessité de respecter le traité de paix israélo-égyptien. Doux rêveur que je suis.

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